Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Le pari risqué d'un visionnaire L'Hôtel de la Paix à la frontière avec Israël

Dans le village de Kfar Kila, frontalier d’Israël, Mohammad al-Hadi a lancé un véritable pari : ouvrir un hôtel de luxe près de la dangereuse frontière libano-israélienne. Penché sur le balcon, au dernier étage de l’édifice en construction, Mohammad al-Hadi observe la localité israélienne de Métoulla, jouxtant la barrière frontalière. Il sourit, satisfait du progrès des travaux de son Hôtel de la Paix, entamés il y a moins d’un an. «Beaucoup de gens ont peur de l’avenir. Je suis un éternel optimiste et je mise sur les dividendes de la paix après toutes ces guerres. Tel est mon pari», affirme cet homme d’affaires qui a fait fortune dans le bâtiment dans les pays du Golfe. L’hôtel, qui doit ouvrir cet été, longe la route de Kfar Kila, non loin de la porte de Fatima, un des cinq points de passage menant vers le nord d’Israël. Le bâtiment de 36 chambres réparties sur quatre étages, avec piscine et salles de sauna séparées pour hommes et femmes, disposera d’une boîte de nuit, la seule de la région. Mais le bâtiment est déjà menacé par les duels d’artillerie entre l’armée israélienne et l’Armée du Liban-Sud et les combattants anti-israéliens. L’avenir du projet est d’autant plus incertain qu’Israël a entamé son retrait, qui devrait s’achever d’ici au 7 juillet, sans un accord sur la pacification de la région. «Les gens ici ont peut-être peur parce que les combats durent depuis des dizaines d’années. Moi j’ai confiance, la paix va être instaurée et les touristes vont affluer», martèle Mohammad al-Hadi malgré les rues désertes alentour. «Je ne compte pas sur les touristes israéliens, juste sur les Libanais de la région frontalière et peut-être des autres régions lorsque la situation le permettra», souligne l’entrepreneur. «Qui sait, lorsque le Liban, la Syrie et Israël signeront un accord de paix, nous verrons bien ce qui se passera», ajoute-t-il, tout en écartant les chances d’une telle hypothèse dans un avenir proche. Mohammad al-Hadi est fier d’avoir trouvé la localisation idéale pour son établissement, qui surplombe la vallée de Marjayoun. En contrebas, oliveraies et champs de blé forment un tapis ondoyant ocre et vert s’étendant jusqu’aux vestiges de l’aéroport des forces françaises, datant du mandat français, au pied du mont Hermon, au sommet duquel scintillent des plaques de neige. Son projet, fait-il remarquer, est à proximité d’une autoroute menant à Damas. Son optimisme va jusqu’à imaginer que «les ressortissants des pays du Golfe pourront un jour facilement venir y passer l’été, ce qui profitera économiquement à la région». La zone occupée compte trois hôtels. Deux d’entre eux sont désespérément vides et le troisième reçoit occasionnellement journalistes ou des techniciens venus de Beyrouth pour réparer les réseaux d’électricité ou de téléphone. «Depuis des années, les gens perdent ici le pari de la paix. Cet homme est un joueur invétéré. C’est le Libanais typique. Si son projet d’hôtel échoue, il pourra toujours donner un étage à chacun de ses enfants qui vivront heureux dans un même immeuble», commente un voisin.
Dans le village de Kfar Kila, frontalier d’Israël, Mohammad al-Hadi a lancé un véritable pari : ouvrir un hôtel de luxe près de la dangereuse frontière libano-israélienne. Penché sur le balcon, au dernier étage de l’édifice en construction, Mohammad al-Hadi observe la localité israélienne de Métoulla, jouxtant la barrière frontalière. Il sourit, satisfait du...