Conférence - Tout sur les modalités de l'immigration au Québec Xénophilie, certes, mais grande sélectivité

C’est trop rare pour ne pas le souligner. Par le biais de sa province québécoise, le Canada est le seul pays du G8 à ouvrir, plutôt entrouvrir, ses portes aux immigrants. Précisons cependant deux points : les critères sont stricts, et sélectifs, et l’immigration, au Canada, est une compétence partagée entre le fédéral et le provincial, mais seul le Québec, après les ententes Couture-Collon en 1978, et Gagnon-Tremblay-McDougall en 1981, jouit d’un réel pouvoir de sélection de ses immigrants, le Québec qui a instauré, rappelons-le, l’immigration comme pilier de sa politique de développement. Il y a, en moyenne, 40 000 immigrants, toutes catégories confondues, par an au Québec, dont 88 % à Montréal, et sa région. «40 000, c’est l’objectif que l’on vise, humanitaire compris, affirme Jacques Perron, le chef de poste du service d’immigration du gouvernement du Québec à Damas interrogé par L’Orient-Le Jour, mais nous n’avons pas toujours réussi à l’atteindre». Soit. Mais comment se fait-il qu’il soit à Beyrouth pour, carrément, vendre le Québec aux Libanais, et qu’en est-il réellement des critères de sélection imposés par la province aux futurs postulants ? «L’immigration, vous le savez bien, c’est un privilège et non un droit, précise Jacques Perron, le pays d’accueil fixe des critères de sélection selon la conjoncture économique, sa capacité d’accueil, son taux démographique…». Et quelles sont les bases de cette sélection ? «Ce sont des bases qui ne contredisent en rien la Déclaration des droits de l’homme, il n’y a aucun critère de sexe, de race ou de religion». Et pourtant des critères, il y en a, le Québec privilégiant le redressement démographique, «le taux de natalité est de 1,45 au Québec, bien inférieur aux 2,1 nécessaires», le développement économique et la pérennité du fait français, «en Amérique du Nord, les francophones, c’est-à-dire les Québécois, représentent 2 %». Il y a d’abord l’âge, «entre 23 et 30 ans, c’est l’idéal, au-dessus de 40, c’est rédhibitoire», le niveau de scolarité, «un Bac+3 est un minimum, notamment dans une branche technique, scientifique», l’expérience professionnelle, «six mois est un minimum, en dessous, c’est éliminatoire», la connaissance du français, «c’est vraiment un plus», un compte en banque préliminaire, «l’équivalent de 7 à 8 000 dollars US», et enfin l’adaptabilité. L’adaptabilité ? «Oui c’est un critère beaucoup plus subjectif, il s’agit d’évaluer la motivation, l’enthousiasme, l’acharnement des postulants, il y a certaines personnes qui rêvent en couleurs, qui s’imaginent que l’on va leur dérouler le tapis rouge, qu’ils auront un emploi dès leur arrivée, et en plus, dans leur branche…», souligne M. Perron. En résumé, indépendamment des gens d’affaires et des investisseurs qui sont accueillis les bras grand ouverts par le gouvernement québécois, et concernant les travailleurs qualifiés, c’est la catégorie des indépendants, on donne le maximum de points, c’est le barème d’appréciation pour l’entrée au Québec, aux postulants qui ont un emploi assuré, puis à ceux dont la profession fait partie des emplois en demande, liste établie par le gouvernement en fonction de l’état du marché du travail – pour les médecins, c’est, quel que soit le cas, non –, et ensuite rentre en compte un concept instauré depuis novembre 1996, l’employabilité et la mobilité professionnelle. Alors bon courage, surtout que le Canada en général, le Québec en particulier, est un magnifique pays, et que les possibilités d’évolution peuvent, parfois, être assez intéressantes.