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Actualités - ANALYSE

Crise socio-économique - Le gouvernement espère une embellie après le retrait Les cercles concernés restent sceptiques

Les raisons de l’actuelle crise socio-économique, explique M. Sélim Hoss, sont doubles. Il y a d’abord les séquelles persistantes de la guerre domestique qui a sapé le rôle régional et les capacités du pays. Il y a ensuite l’effet des perpétuelles agressions israéliennes, qui par trois fois en moins d’un an ont visé l’infrastructure du Liban, en affectant en outre son crédit confiance à l’étranger. Le chef du gouvernement n’en espère pas moins que le prochain retrait israélien produise pour l’économie nationale libanaise une sensible embellie. Mais des professionnels se montrent plutôt sceptiques à cet égard. «Cet optimisme nous rappelle, disent-ils, le pari qu’au sortir de notre propre guerre au début des années quatre-vingt-dix les gouvernants de l’époque avaient fait sur la réalisation rapide d’une paix régionale. Ils avaient, dans cette perspective, engagé des dépenses faramineuses, pour réhabiliter l’infrastructure et promouvoir des secteurs comme les routes ou l’aéroport. En déliant ainsi en grand les cordons de la bourse, pour de grands travaux qui n’avaient rien d’urgent, l’État s’est engagé dans une accablante spirale d’endettement publique qui poursuit sa course aujourd’hui». «Cependant, soulignent ces sources, les gouvernements précédents, malgré leurs erreurs d’orientation, avaient entretenu vaille que vaille une dynamique de production, de services et d’emploi jugulant l’émigration des jeunes générations. Ils avaient également su attirer des capitaux, étrangers ou locaux, pour divers projets productifs. Les classes laborieuses n’avaient pas eu à souffrir de vagues répétées de licenciements, comme c’est le cas ces deniers mois». «Un effort remarquable, ajoutent ces nostalgiques de l’ère Hariri, avait été accompli dans le domaine touristique. Les autorités d’alors avaient lancé une véritable offensive en direction des entreprises hôtelières, à Beyrouth comme en montagne, pour qu’elles recouvrent leur lustre d’antan. Les mesures adoptées avaient ainsi permis la résurrection de cinq étoiles de renom international, sans compter de nombreux nouveaux palaces. L’embauche dans ce secteur a été remarquable et le seul Phoenicia par exemple emploie plus de 2 000 personnes». Selon ces sources, «le gouvernement actuel s’est montré trop passif. Il n’a rien fait pour atténuer le marasme et empêcher la crise de s’aggraver. Les stratégies qu’il a adoptées, loin d’attirer les investisseurs les ont fait fuir. Le commerce, qui est le nerf même de notre économie, s’est trouvé coincé, pénalisé et paralysé par des surtaxations douanières aberrantes, mais aussi par les lenteurs mortelles de l’Administration qui ont fait capoter d’innombrables projets». «Le gouvernement, accusent les professionnels, justifie son incurie par les agressions israéliennes et aussi en s’en prenant aux médias qui, d’après lui, sapent le crédit confiance du pays en mettant en exergue ses difficultés financières ou économiques. Cette fuite en avant est inadmissible : du temps des gouvernements précédents, les agressions israéliennes n’étaient ni moins nombreuses ni moins nocives. Et les médias n’étaient pas plus discrets». Et d’estimer ensuite que «le pouvoir a tort de trop mettre l’accent sur le prochain retrait israélien. Et s’il n’était pas complet et si ses retombées étaient négatives voire explosives ?». Ces personnalités pensent qu’il faut une action réfléchie en profondeur. «Il ne suffit pas, relèvent-elles, de former une commission regroupant les responsables, les organismes économiques et les syndicats pour discuter de mesures palliatives ponctuelles. Il faut un plan». Abondant dans le même sens, le député du Nord, M. Issam Farès, soutient que «les réalisations du gouvernement ne sont pas à la hauteur des réalités qui nécessitent des traitements, des solutions efficaces. Les Libanais sont en droit de demander des comptes à ce gouvernement qui est en place depuis un an et demi. Où sont les résultats du programme de redressement financier ? Où sont les réductions promises de l’endettement public et du déficit budgétaire ? Où est la relance de la croissance ?». Le président de la Ligue maronite, M. Pierre Hélou, souligne pour sa part la gravité de la situation sociale et indique que «la dette publique risque de crever cette année le plafond des 25 milliards de dollars, le paiement des seuls intérêts devant outrepasser toutes les recettes du Trésor». Il note les effets contraires de la politique d’augmentation des impôts «qui mène à la fermeture de nombreuses entreprises». Cependant, le ministre des Finances, M. Georges Corm, affirme quant à lui que le déficit du Trésor reste sous contrôle. Il ajoute que l’amélioration de la perception va se faire sentir à la fin de l’année, bien que de nombreux contribuables se dérobent au paiement de l’impôt. Comme M. Hoss, M. Corm espère que le retrait israélien produira une embellie économique. Il indique que des plans de développement pour le Sud, ainsi que pour Élissar, ont été préparés avec les Nations unies et avec des parties françaises. En affirmant, pour conclure, que les cercles internationaux se montrent très intéressés par l’investissement au Liban.
Les raisons de l’actuelle crise socio-économique, explique M. Sélim Hoss, sont doubles. Il y a d’abord les séquelles persistantes de la guerre domestique qui a sapé le rôle régional et les capacités du pays. Il y a ensuite l’effet des perpétuelles agressions israéliennes, qui par trois fois en moins d’un an ont visé l’infrastructure du Liban, en affectant en outre...