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Actualités - ANALYSE

Finalement Roed-Larsen a obtenu des assurances mais pas de garanties Mission difficile pour l'ONU en perspective

Malgré la volonté de coopération exprimée par Israël aussi bien que par la Syrie ou le Liban, malgré le soutien des Américains et des Européens, l’envoyé de M. Kofi Annan, M. Terjé Roed-Larsen se heurte à d’innombrables complications. Si l’écheveau n’est pas rapidement dénoué, les opérations de retrait israélien du Liban-Sud comme de la Békaa-Ouest, ainsi que leurs suites, pourraient se révéler dangereusement mouvementées. L’émissaire spécial doit sous peu remettre ses conclusions au secrétaire général de l’Onu. Il exposera dans son rapport les résultats de ses entretiens avec les dirigeants israéliens, libanais et syriens. Sans omettre de mentionner les difficultés tangibles relevées en marge de ces échanges, et qui marquent au fer rouge le dossier sous étude. Il s’agit principalement, on l’aura facilement deviné, de la position potentielle de la Résistance, et des menaces que profère d’ores et déjà l’État hébreu. Sans compter les problèmes, annexes mais aigus, du tracé frontalier, des fermes de Chebaa, de la présence armée palestinienne au Sud et du devenir de l’ALS, la milice lahdiste. À la lumière de ce rapport, M. Annan dressera ses plans. Pour tenter d’obtenir une décrispation générale sans laquelle la Finul ne pourrait pas accomplir sa mission. Qui est, aux termes de la 426 comme de la 425, de veiller d’abord au bon déroulement d’un retrait israélien accéléré. Puis d’épauler, par son déploiement dans la bande frontalière, l’État libanais, afin qu’il rétablisse son autorité sur les zones libérées. Sur le plan des divergences concrètes, un fait nouveau : contrairement à ce que l’on pensait, la France n’avait pas établi après la Grande Guerre de carte précise des frontières séparant la Syrie du Liban, qui étaient tous deux sous son mandat. On s’était simplement soucié alors de distinguer les frontières de ces deux pays avec la Palestine, qui était pour sa part sous mandat britannique. Il n’y a donc pas de référence cartographique au Quai d’Orsay en ce qui concerne les fermes de Chebaa, situées au bas du mont Hermon. Mais sur le plan juridique, cette lacune documentaire n’est pas importante. Il existe en effet ce que l’on appelle un élément de notoriété et de continuité fondant le droit. De tout temps les fermes de Chebaa ont été notoirement placées sous souveraineté libanaise. La Syrie l’a elle-même attesté à M. Roed-Larsen. Et du moment que les deux parties mitoyennes sont d’accord sur le départage, le point de vue d’une tierce partie, en l’occurrence Israël, compte strictement pour zéro. Même si l’État hébreu, suite à l’annexion du Golan votée par la Knesset en 1981, prétend se substituer à la Syrie, il ne peut avoir dans le haut massif de prétentions territoriales qu’elle-même n’avait pas. Toujours est-il que les revendications israéliennes posent un double problème. D’abord, si l’occupant ne restitue pas les fermes de Chebaa, la Résistance continuerait ses actions en considérant qu’il n’y a pas eu retrait total comme le veut la 425. Ensuite, l’Onu serait bien en peine de dire si cette résolution a bien été respectée par l’État hébreu. Et la Finul, éventuellement prise entre deux feux, ne pourrait pas remplir sa mission. Quoi qu’il en soit, le représentant de M. Annan, en reconnaissant qu’il n’appartient pas à l’Onu d’établir un tracé frontalier, donne implicitement raison au Liban. Dont la position est que l’Onu, même au niveau du Conseil de sécurité, n’est pas compétente pour se prononcer en matière de frontières, question à régler en droit international entre les deux États directement intéressés. Il reste que si les parties l’acceptent, une instance internationale peut arbitrer, comme cela a été fait pour Taba. Une solution peu probable, dans la mesure où le Liban estime qu’Israël n’a aucun droit d’être partie à un tel procès en propriété, seule la Syrie pouvant être concernée. Mais en pratique, la question se pose autrement : que pourrait faire le Liban si la communauté internationale estimait que la 425 avait été effectivement appliquée après un retrait israélien n’incluant pas les fermes de Chebaa ? Comment pourrait-il obtenir la condamnation de représailles israéliennes faisant suite à une éventuelle poursuite des actions de la Résistance, que l’Onu ne considérerait plus comme légitimes ? Le deuxième problème difficile qui se présente est celui de l’Armée du Liban-Sud d’Antoine Lahd. Le Hezbollah et Lahd lui-même envisagent trois possibilités : l’exil des miliciens ; leur remise à la justice libanaise, Lahd réclamant l’amnistie pour ses hommes et la Résistance un sévère châtiment ; l’affrontement physique entre lahdistes et résistants. Mais l’État libanais n’a pas encore, pour sa part, proclamé ses intentions. Parallèlement, il faut également songer au devenir des Sudistes qui travaillent en Israël pour vivre. Les considérera-t-on eux aussi comme des collaborateurs à punir ? Et surtout, la grande question à laquelle M. Annan puis le Conseil de sécurité doivent répondre sous peu : la Finul sera-t-elle après le retrait cantonnée dans un rôle passif ou devra-t-elle empêcher manu militari les éventuelles infiltrations d’éléments armés, libanais ou palestiniens, à travers ses lignes ? Et lui en donnera-t-on les moyens ?
Malgré la volonté de coopération exprimée par Israël aussi bien que par la Syrie ou le Liban, malgré le soutien des Américains et des Européens, l’envoyé de M. Kofi Annan, M. Terjé Roed-Larsen se heurte à d’innombrables complications. Si l’écheveau n’est pas rapidement dénoué, les opérations de retrait israélien du Liban-Sud comme de la Békaa-Ouest, ainsi que...