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Actualités - CHRONOLOGIE

Pour des milliers de frontaliers, la hantise des représailles

Des milliers d’ouvriers libanais qui, depuis des années, se rendent quotidiennement en Israël pour y travailler, affirment craindre pour leur vie après le retrait de l’armée de l’État hébreu du Liban-Sud, prévu d’ici au 7 juillet, rapporte l’AFP de la région frontalière. «Même si je vaccine des vaches au Liban grâce à du produit que j’ai obtenu en travaillant avec les Israéliens, je suis considéré comme un traître pour avoir collaboré avec l’ennemi», souligne Mahmoud, l’un des quelque 3 000 Libanais qui franchissent la frontière chaque jour pour travailler. Il se déclare pourtant favorable au retrait israélien, s’il ramène la paix et la stabilité aux quelque 120 000 habitants de la zone occupée par l’État hébreu au Liban-Sud. Mais Mahmoud, qui, à l’instar de tous les Libanais travaillant en Israël, demande à n’être ni identifié ni photographié, précise qu’il serait hostile à ce retrait s’il mettait sa vie en danger. Selon lui, près de 90 % des Libanais vivant dans la zone de sécurité ont travaillé à un moment ou un autre avec les Israéliens durant les 22 ans d’occupation et que la plupart sont convaincus que les combattants du Hezbollah leur en feront payer le prix. «J’ai peur de ce qui va arriver. Tout le monde a peur», confie-t-il. Hicham, qui vit dans une localité frontalière, estime qu’un déploiement de forces internationales de maintien de la paix dans la région ne sera pas suffisant. «Il y a des forces de l’Onu au Kosovo et la violence continue. Les Libanais qui travaillent en Israël sont considérés comme des ennemis et des collaborateurs et ils seront jetés en prison s’ils vont à Beyrouth», dit-il. Outre les simples citoyens, les 3 000 miliciens de l’Armée du Liban-Sud (ALS) sont généralement considérés comme ceux qui courent le plus grand risque. L’État hébreu a promis d’assurer leur sécurité après son retrait, sans donner de précision à ce sujet. Toutefois, les ouvriers ne bénéficient même pas d’une telle garantie et les rares services dont ils bénéficient sont menacés, selon un responsable de l’armée israélienne. Beni Gabai, qui dirige la partie israélienne d’un projet d’aide aux agriculteurs et aux hommes d’affaires au Liban-Sud, affirme ignorer si l’armée israélienne continuera à débourser 100 000 dollars par an pour ce programme. «Nous souhaitons que les Libanais qui ont travaillé avec nous continuent à le faire. Mais si Israël cesse de s’en occuper, je crains que tout ne s’effondre», estime-t-il. Mais plusieurs habitants affichent leurs différences de conception quant à l’opportunité du retrait israélien. «Nous ne voulons pas de ce retrait. Le Hezbollah dira que nous sommes des traîtres», estime une femme, qui indique gagner 25 dollars par jour en Israël. Un homme qui traverse quotidiennement la frontière pour se rendre dans la ville de Métoulla approuve le retrait qui, selon lui, apportera à terme la paix et contribuera par conséquent au développement de l’activité économique au Liban-Sud. «Le retrait sera bénéfique s’il amène la paix, et même s’il ne l’apporte pas. Les gens finiront par comprendre que nous ne faisions que travailler et non pas fournir des informations au Mossad ou à l’armée. De plus, il y aura la force de surveillance internationale», dit-il. «Ce sont des paroles creuses, des paroles creuses de politiciens», réplique un autre ouvrier. «De quelles garanties s’agirait-il? Israël va se retirer et nous resterons. Les troupes internationales ne feront que regarder, impuissantes. On ne peut pas mettre un Casque bleu dans chaque maison», lance-t-il avant de monter dans un autobus israélien pour aller au travail.
Des milliers d’ouvriers libanais qui, depuis des années, se rendent quotidiennement en Israël pour y travailler, affirment craindre pour leur vie après le retrait de l’armée de l’État hébreu du Liban-Sud, prévu d’ici au 7 juillet, rapporte l’AFP de la région frontalière. «Même si je vaccine des vaches au Liban grâce à du produit que j’ai obtenu en travaillant...