Etats-Unis - Flambée passagère de colère à Miami après l'intervention musclée des policiers Récupéré manu militari, Elian a fêté les Pâques avec son père (photo)

Le petit Cubain Elian Gonzalez a passé son dimanche de Pâques au calme avec son père près de Washington, loin des caméras de télévision, alors que la tension semblait retomber à Miami où des heurts avaient fait samedi des dizaines de blessés. Juan Miguel Gonzalez et Elian, réunis samedi après une intervention musclée des autorités fédérales chez les proches de l’enfant à Miami (Floride) qui refusaient de s’en séparer, ont passé leur premier dimanche ensemble depuis cinq mois sur la base aérienne d’Andrews et n’ont fait aucune apparition publique. Elian «joue, heureux», a déclaré dimanche la directrice des services d’immigration, Doris Meissner. «Ils peuvent être ensemble, marcher, se reconstruire en tant que famille», a-t-elle ajouté. Selon certains médias américains, la famille Gonzalez – Juan Miguel, Elian, la nouvelle épouse de M. Gonzalez, Nersy Carmenate, et Hianny, leur bébé d’environ sept mois – devrait être transférée dans les prochains jours à Wye Plantation, une immense propriété isolée à une heure en voiture à l’est de Washington, où sont installés un centre de conférences et trois résidences hôtelières très confortables. À Miami, la tension semblait retomber, après des manifestations marquées par 304 arrestations et des dizaines de blessés, dont trois policiers, selon le porte-parole de la police locale, Bill Schwartz. Il n’était pas en mesure d’indiquer si certaines des personnes arrêtées avaient déjà été libérées. Quelques rares voitures roulaient encore avec les drapeaux américain et cubain à leurs fenêtres, mais l’heure était plutôt au recueillement à l’occasion des fêtes de Pâques. Samedi, plus de 200 feux avaient été allumés dans les rues par des centaines de manifestants anticastristes protestant contre la saisie d’Elian, un enfant au visage angélique devenu au fil des mois le symbole vivant de leur opposition au régime du président cubain Fidel Castro. Dimanche, toute trace de ces actes de vandalisme avaient disparu. Le département de la Justice a tenu à justifier l’usage de la force pour retirer Elian à ses proches de Miami, qui l’avaient recueilli après son naufrage au large des côtes de Floride le 25 novembre et ne voulaient pas le rendre à son père arrivé le 6 avril aux États-Unis. «Nous avions des informations selon lesquelles il pourrait y avoir des armes» dans la maison, a indiqué Doris Meissner. «Vous ne savez jamais ce que vous allez trouver», a-t-elle ajouté, soulignant que l’opération avait duré moins de trois minutes. «Nous avions demandé la coopération (de la famille), il n’y a pas eu de coopération», a-t-elle ajouté. Lazaro Gonzalez et sa fille Marisleysis ont à nouveau réclamé dimanche en vain de pouvoir revoir le petit garçon. «J’exige de le voir et je ne partirai pas tant que je ne l’aurai pas vu», a affirmé Marisleysis, arrivée samedi à Washington. «J’ai besoin de le voir, je sais qu’il ne va pas bien. J’ai peur pour lui», a-t-elle ajouté. Les télévisions américaines ont diffusé dimanche après-midi de nouvelles photos, prises le jour même, d’Elian se promenant dans ce qui semble être un parc de la base aérienne d’Andrews, près de Washington, l’air heureux avec son père Juan Miguel Gonzalez. Lors d’une conférence de presse au Congrès américain, Marisleysis avait mis en cause l’authenticité de deux autres photos prises samedi où l’on peut voir l’enfant souriant dans les bras de son père. «Ces cheveux ne sont pas les cheveux d’Elian que j’ai moi-même coupés», a-t-elle affirmé, en dénonçant les photos des retrouvailles d’Elian avec son père. Mme Meissner s’est empressée de rejeter les allégations de la jeune femme. «Je suis sûre que c’est une photo authentique», a-t-elle déclaré, tout en admettant n’avoir pas été là au moment où elles ont été prises. Selon un sondage, 57 % des Américains approuvent l’opération musclée pour récupérer Elian et 59 % pensent qu’il serait mieux pour Elian de retourner vivre à Cuba. À La Havane, le président cubain Fidel Castro a estimé que les retrouvailles d’Elian avec son père étaient «un succès», mais il a refusé de «parler de victoire».