Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

"La moindre des choses" de Nicolas Philibert: gros plan sur cette petite différence qu'est la folie(photo)

Toujours dans le cadre du festival du film documentaire, La moindre des choses de Nicolas Philibert sera projeté aujourd’hui, samedi 22, à 20h, et suivie d’un débat avec le réalisateur. Nicolas Philibert est l’un des documentalistes les plus talentueux du cinéma français. Sorti en 1996, son film La moindre des choses (1h45 mn) a reçu un bouquet de prix internationaux. Cela se passe dans la clinique psychiatrique de La Borde, près de Paris. Comme chaque année, en cet été 1995, patients et soignants préparent une pièce de théâtre pour le 15 août. Pudique, troublant, émouvant, drôle, étonnant... La moindre des choses est tout cela à la fois. Nicolas Philibert filme l’univers de La Borde et ses pensionnaires avec, avant tout, un souci de neutralité et d’objectivité. Pas de parti pris. Il ne s’agit nullement de susciter la pitié ou de faire l’éloge des «malades», mais simplement d’offrir un regard sur leur quotidien. Avec beaucoup de tact et de sensibilité. Pour le réalisateur, «c’est un film qui parle de ce qui nous relie à l’autre, de notre capacité – ou incapacité – à lui faire une place. Et, finalement, de ce que l’autre, dans son étrangeté, peut nous révéler de nous-mêmes...». Lorsqu’il se décide à faire un film sur La Borde, Nicolas Philibert est ravi de découvrir que les pensionnaires préparent une pièce de théâtre (Opérette de Witold Gombrowicz). Lui qui ne voulait surtout pas troubler une intimité, ou violer un quelconque territoire, peut désormais filmer sans remords. Car si les pensionnaires répètent pour une pièce, c’est qu’ils sont donc prêts à donner, et à se montrer. Et pour Philibert, c’est une occasion inespérée, qu’il saisit aussitôt. «Mon propos n’était surtout pas de présenter des “échantillons” de pathologie. J’ai choisi les personnages de manière intuitive, en fonction des liens qui se sont créés», indique-t-il. Autre détail troublant : aucun signe ne distinguant les fous de leurs soignants, il arrive que le spectateur les confonde... Moments forts Gros plans et scènes de la vie quotidienne alternent. Le film se construit naturellement et, en parallèle, le spectacle prend forme. Mais finalement, lorsque le moment de la représentation arrive, la caméra de Philibert fait trois petits tours et puis s’en va. Comme pour souligner que l’essentiel n’est pas là, mais qu’il a déjà été dit. L’essentiel se cache en effet derrière un geste, un regard, une phrase, et le film de Nicolas Philibert est pavé de moments forts qui donnent à réfléchir. La caméra se fait œil ou oreille, et recueille des «morceaux choisis» : le texte d’Opérette plaît bien à Michel. «Les reparties sont complètement déboussolées, ça me console», dit-il. Et vers la fin du film, ce même Michel ira de son petit conseil : «Ne parlez jamais de votre santé à un médecin, parce qu’il pourrait vous asservir...». À un camarade qui n’arrive pas à tenir en équilibre sur ses échasses, un «fou» demande «Pourquoi t’y crois pas assez ?». «Ici, on se sent protégé, on est entre nous», confie un autre patient à celui qui le filme. «Et maintenant, vous êtres entre nous aussi». Pointant un index vers la caméra, un troisième lance : «C’est vous qui m’avez rendu malade, la société». Une fois le tournage terminé, les pensionnaires de La Borde ont offert un cahier à Nicolas Philibert, où chacun avait écrit un mot. Quant à la première page, elle portait ce message : «Pour toi, Nicolas, de la part de ceux qui sont un peu trop fous vers ceux qui ne le sont pas assez»...
Toujours dans le cadre du festival du film documentaire, La moindre des choses de Nicolas Philibert sera projeté aujourd’hui, samedi 22, à 20h, et suivie d’un débat avec le réalisateur. Nicolas Philibert est l’un des documentalistes les plus talentueux du cinéma français. Sorti en 1996, son film La moindre des choses (1h45 mn) a reçu un bouquet de prix internationaux. Cela...