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Actualités - ANALYSE

Israël commence à dévoiler ses visées territoriales

Après avoir pendant vingt-deux ans juré ses grands dieux qu’il n’avait au Liban aucune visée territoriale ou hydraulique, Israël commence à dévoiler ses véritables intentions, qui n’ont rien d’angélique. Les récentes déclarations du vice-ministre israélien de la Défense, M. Ephraïm Sneh, confirment en effet que l’État hébreu en se repliant veut faire établir un nouveau tracé frontalier qui l’avantagerait plus que l’ancienne démarcation. Le dirigeant israélien jongle avec la géographie et l’histoire combinées. «Il existe, prétend-il, plusieurs versions à cette frontière. Celle de 1923, instaurée par la France et la Grande-Bretagne (accord Sykes-Picot) ; celle de l’armistice de 1949 ; celle de 1978, reconnue par l’Onu et la frontière actuelle. La version finale pourrait se situer quelque part entre ces lignes». Un amalgame stupéfiant : les cartes ont parlé lors de la conférence de Rhodes en 1949, et elles n’ont plus jamais varié au regard de la reconnaissance internationale. Il est assez évident qu’Israël cherche les complications à dessein. À Beyrouth, on interprète ces ballons d’essai comme une preuve de mauvaise foi visant plusieurs objectifs. D’une part augmenter la pression pour amener le Liban à composition sur le terrain. C’est-à-dire à s’engager à neutraliser le Hezbollah. Ensuite provoquer des remous sur la scène intérieure libanaise en plaçant les différentes franges devant ce dilemme : pourra-t-on ou non continuer à soutenir la Résistance en cas de retrait assorti d’une contestation frontalière ? Enfin, et sans doute surtout, adresser un message à la Syrie, pour la porter elle aussi à mettre de l’eau dans son vin. Quoi qu’il en soit, le président Hoss a réagi de suite, en soulignant que les propos de M. Sneh sur le tracé frontalier démontrent les mauvaises intentions d’Israël et sa volonté de susciter de nouveaux problèmes. Le président du Conseil a certifié que les frontières de 1923 et de 1959 sont totalement identiques. Il a réfuté l’expression «frontières de 1978» utilisée par M. Sneh en rappelant qu’à l’époque, sous prétexte de la tension qui régnait sans la zone, Israël violait la ligne à son gré. Pour M. Hoss, il est également évident qu’en évoquant les frontières actuelles, Israël vise à obtenir une modification du tracé à son profit. De son côté, le vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, relève que la phase présente est marquée par les tiraillements car, à son avis, les parties prenantes tentent d’exercer des pressions au moment où les États-Unis s’efforcent de faire redémarrer le processus. En d’autres termes, il s’agirait d’une tension prénégociatoire classique. M. Murr n’exclut pas des surprises et à l’en croire, il est faux de parler d’impasse. Il ajoute que Washington doit sans doute préparer une nouvelle initiative. Le ministre rappelle qu’à l’issue de ses entretiens l’an dernier avec le président Assad, Mme Madeleine Albright avait affirmé que le fossé n’avait pu être comblé et qu’aussitôt, ou presque, le président Clinton avait démenti un tel scepticisme en annonçant la reprise des pourparlers syro-israéliens. Pour M. Murr, la situation est analogue aujourd’hui et le blocage apparent cacherait à son avis les éventuels progrès réalisés dans les coulisses. D’autres pôles partagent cet avis et notent que dans les déclarations faites au Caire, où il ne se serait pas rendu si l’impasse était totale, le ministre syrien des Affaires étrangères M. Farouk el-Chareh a affirmé que le territoire n’est pas négociable, mais que les eaux le sont. Ces propos, tenus à la veille du sommet israélo-américain, signifient implicitement, d’après ces sources, que la Syrie tient à réaffirmer son attachement au processus de paix et aux négociations. Son choix, ajoute-t-on, est stratégique, alors que le choix d’Israël se confirme comme purement tactique. À preuve, disent ces cadres, que l’Onu a récemment confirmé n’avoir pas été notifiée officiellement, par écrit, du projet de retrait israélien du Liban-Sud. Israël n’a en effet pas encore répondu au questionnaire circonstancié qui lui a été adressé par la communauté internationale au sujet de l’étendue, des délais et des mécanismes du retrait comme du sort de l’ALS.
Après avoir pendant vingt-deux ans juré ses grands dieux qu’il n’avait au Liban aucune visée territoriale ou hydraulique, Israël commence à dévoiler ses véritables intentions, qui n’ont rien d’angélique. Les récentes déclarations du vice-ministre israélien de la Défense, M. Ephraïm Sneh, confirment en effet que l’État hébreu en se repliant veut faire établir...