Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Clic, clac et cloques : pauvres photographes

Congrès, dîner, exposition, festival … Pour garantir une bonne promotion, un mot d’ordre : rassembler le plus possible de photographes et de caméramen. On invite la presse. En prenant soin d’insister : «Vous envoyez votre photographe, c’est sûr ? C’est important. On compte sur vous». On les repère du coin de l’œil…. Les doigts se glissent dans les cheveux. Les mains lissent la cravate. Dans une valse-hésitation, les lèvres esquissent un sourire et selon l’air du temps, les mines se font sérieuses, soucieuses, frivoles. Tout un cinéma. On joue tantôt au modeste, tantôt au blasé. On se donne l’air stressé ou décontracté, en faisant semblant d’ignorer la caméra, cet œil public pour qui on se donne en spectacle. Clic, clac, le photographe imprime le moment éternel : des tronches, des tonnes de tronches; belles; laides; drôles; tristes ou insipides; grandes; petites; grosses; humbles; costaudes; riches; puissantes; des qui-pensent; des qui friment. La palette est complète. Clic, clac, le photographe martèle ses «plans», concocte son festin de grandes pointures. Comme Bill et Hillary, les couples redeviennent idylliques, en un instant, pour l’instantané… Clic, clac, les flashs réchauffent les âmes, stimulent l’esprit emballé à l’idée d’être baladé sur écran et campé sur papier. Glacé. L’envers du décor. Pitoyable et grotesque. Ces mêmes photographes, reçus avec tant de mamours dans les cocktails des m’as-tu-vu, sont traités comme des chiens quand on n’en a plus besoin. Ou quand ils sont à peine autorisés à opérer pour telle ou telle manifestation, pour tel ou tel événement d’actualité. Ils sont entassés sous un soleil de plomb ; parqués derrière une barrière de corde sous une pluie diluvienne ; ou encore déboulant dans des salles surchauffées, négociant pied à pied quelques centimètres… Et soudain, les voilà évacués d’urgence comme une meute de parias. Sur un ton désagréablement agacé. Dans une mascarade d’un goût douteux, on les met dans leur tort. Souvent au nom d’un ordre qui s’exprime à coups… de coups. Du coup, la pose photo tourne à l’épreuve sportive. L’autre jour, ils ont fait un sit-in de protestation devant le Parlement. Mais à quoi sert cette protestation ? Aucune loi n’oblige les particuliers à être polis avec les photographes. Et un jour, à force de claques, clic clac, ils finiront par prendre leurs cliques et leurs claques.
Congrès, dîner, exposition, festival … Pour garantir une bonne promotion, un mot d’ordre : rassembler le plus possible de photographes et de caméramen. On invite la presse. En prenant soin d’insister : «Vous envoyez votre photographe, c’est sûr ? C’est important. On compte sur vous». On les repère du coin de l’œil…. Les doigts se glissent dans les cheveux. Les...