Dons d'un pape

De la Terre sainte à la Ville sainte, où il n’est pas sûr qu’il se reposera longtemps, Jean-Paul II vient d’achever un autre voyage encore. Voyage, périple, pèlerinage, qu’importent les termes de l’effort ? Le pape marche sur la terre de tous les continents, avec leurs hommes et leurs fois si dissemblables. Avec la sienne, marquée par une intelligence, un espoir, une dure lucidité : doué pour voir et agir, forcément porté vers la politique. Tout politique n’est pas homme de charisme, mais il a été donné à Karol Wojtyla, outre la fibre politique, ce don charismatique qui exhausse les âmes, comme par exemple cela se passa dans cette minuscule terre du Liban quand il provoqua le délire de Solidarnosc, et où, dimanche dernier encore, des téléspectateurs restaient rivés à leurs écrans, moins pour suivre la dialectique judéo-chrétienne ou la contenance de Barak que pour surtout voir l’homme à la canne, grave ou souriant : médiatisation du sacré... Ce qu’on pourrait appeler son «succès public», celui de ses «one-man-show» comme on les a vite nommés, son don de communication pousserait parfois à oublier le reste : la sévérité de l’Église sur le plan social, l’opposition à la contraception, au divorce, une morale rigide et entêtée. Mais aussi, comme le titrait un quotidien français, «Un homme de paix». Dans un monde que, mieux que personne,il perçoit sanglant.