Environnement - Un militant devant le Tribunal militaire Lettre d'indignation de Greenpeace au président Lahoud

Un de ses militants, Chebl Yassine (19 ans), devant comparaître aujourd’hui devant le Tribunal militaire «pour agression contre un militaire» lors de la manifestation de l’organisation écologique devant la Lebanese Chemical Company (LCC), à Selaata le 11 octobre 1999, Greenpeace a adressé hier une lettre de protestation au président de la République libanaise, le général Émile Lahoud. «Votre intervention équitable nous avait encouragés lors de l’accident de Selaata, quand les militants de Greenpeace avaient été victimes d’une agression dans le cadre d’une manifestation pacifique devant la LCC», affirme Greenpeace dans sa lettre. «Aujourd’hui, nous évoquons le cas de Chebl Yassine, appelé à comparaître devant le Tribunal militaire après sa participation à cette manifestation», poursuivi l’organisation. Se définissant comme «une association mondiale visant à préserver l’environnement (...) par des moyens pacifiques», Greenpeace s’étonne «des nombreuses poursuites et interrogatoires au poste de police auxquels étaient continuellement soumis ses membres, le plus souvent en raison d’accusations non fondées, comme cela est le cas actuellement avec Chebl Yassine». «M. Yassine s’en est toujours tenu aux principes pacifiques de Greenpeace dans toutes ses actions, et malgré notre grande confiance en la justice libanaise, nous sommes étonnés et ne comprenons pas pourquoi il devrait comparaître devant le Tribunal militaire pour une accusation injustifiée», insiste l’organisation. «Notre sit-in d’octobre 99 n’était pas dirigé contre le Tribunal militaire, mais contre les opérations polluantes de l’usine de Selaata», souligne-t-elle. Greenpeace a en outre remercié le général Lahoud pour «sa dénonciation de l’accident et sa décision d’ouvrir une enquête le jour même et de suivre l’affaire de déchets déversés dans la mer à Selaata». «Mais depuis ce jour, plusieurs films tournés par les journalistes locaux et étrangers ont été saisis par les responsables de l’usine, dans le but d’étouffer la vérité. Certains ont réussi à sauver des preuves qui prouvent que Chebl Yassine est innocent», indique-t-elle. Elle déplore enfin le fait que ses militants soient toujours poursuivis en justice et interrogés depuis la manifestation, alors que «l’usine continue à décharger tous les jours dans les 25 000 mètres cubes de matières acides dans la mer». «Monsieur le Président, nous sommes convaincus qu’il faut encourager les militants pour la défense de l’environnement, au lieu de les poursuivre pour des crimes qu’ils n’ont pas commis. Nous vous demandons de redoubler d’efforts pour mettre fin à cette injustice et d’ouvrir une enquête sur les usines polluantes, dont les résultats seraient publiés. Ce sont ces usines qu’il convient de poursuivre, et non les défenseurs de l’environnement», conclut l’organisation.