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Actualités - INTERVIEWS

Tourisme - Discussions en cours avec la BM et l'Unesco Exploiter, en les préservant, les sites archéologiques

Exploiter, sans leur nuire, les sites archéologiques et historiques à des fins touristiques fait actuellement l’objet de discussions entre la Banque mondiale, les autorités libanaises et l’Unesco (consultée pour les sites classés patrimoine mondial), dans le cadre d’un projet financé par la BM. Le montant du prêt qui sera accordé au gouvernement à cette fin sera de 50 millions de dollars. M. Georges Zouein, directeur adjoint du Centre de patrimoine mondial à l’Unesco, a fourni à L’Orient-Le Jour des informations sur le projet en gestation. «La BM a proposé au gouvernement libanais la préparation d’un projet pour le développement du tourisme dans les centres culturels du pays», explique M. Zouein. «Elle a retenu, en accord avec les autorités libanaises les lieux de Tyr, Byblos, Saïda, Tripoli et la ville de Baalbeck. Comme trois de ces sites sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco – Tyr, Baalbeck et Byblos –, les autorités libanaises et la BM ont demandé au Centre du patrimoine mondial de participer à la conception du projet et au suivi de sa mise en œuvre. Le rôle de cet organisme est de s’assurer que toutes les conditions sont bien remplies pour que ces sites soient préservés tout en étant utiles au développement économique du pays». En effet, selon M. Zouein, un développement touristique massif dans un site patrimonial peut être utile, mais aussi dangereux. «Transformer un site en “Disneyland” pourrait lui faire perdre ses valeurs historiques, culturelles, archéologiques et esthétiques, ce qui risque de lui ôter tout intérêt aux yeux des touristes, dit-il. Un raisonnement économique simple nous dicte de préserver notre capital de la manière la plus intelligente possible». Quelles sont les mesures pratiques qui seront prises ? «Nous sommes au tout début de la réflexion, poursuit M. Zouein. Une version relativement simplifiée d’un projet déjà prêt, sur base de laquelle des propositions ont été faites aux autorités françaises et italiennes, est en train d’être discutée avec les autorités libanaises, principalement le ministère du Tourisme, la Direction générale des antiquités et les municipalités concernées». «L’intérêt, ajoute-t-il, est de maximiser le rendement économique du projet afin qu’il serve vraiment le tourisme, et que les 50 millions de dollars d’investissement (sous forme de prêts) soient le plus rentable possible dans une économie qui est actuellement en perte de vitesse». Cette somme a-t-elle déjà été accordée au Liban ? «Non, le processus est encore très long, souligne M. Zouein. Une fois le document achevé et approuvé par les autorités libanaises, il sera soumis au conseil de la BM qui doit l’évaluer. Ce n’est qu’après ces étapes que le prêt est accordé. Je crois qu’une année nous sépare de la signature de l’accord». Réactions « positives et mesurées » En fait, les préparatifs sont loin d’être terminés. «Il y a des ajustements, en fonction des besoins immédiats tenant compte de la réalité, fait remarquer M. Zouein. C’est un projet qui est très complexe parce qu’il porte sur plusieurs aspects : archéologique, architectural, urbain, économique, sans compter la formation du personnel. Tout cela nécessite la mise en place d’instruments d’organisation et de suivi du travail et implique aussi nécessairement d’engager le secteur privé à suivre cet effort». D’un autre côté, constate M. Zouein, il ne faut pas oublier qu’il y a deux montants de financement déjà alloués pour le développement du secteur hôtelier, l’un par l’Union européenne et l’autre par la Société financière internationale. Ce dernier est consacré expressément au secteur hôtelier à l’extérieur de Beyrouth. «Si le gouvernement libanais veut maximiser ces investissements qui sont tous des prêts, note-t-il, il faudrait du moins s’assurer qu’il n’existe pas d’empiètement si l’on veut éviter les pertes de rendement». Quelle a été la réponse des autorités libanaises jusqu’à présent ? «Les réponses de toutes les personnes que nous avons déjà rencontrées étaient tout à la fois positives et mesurées, répond le vice-directeur du Centre du patrimoine mondial. Tout le monde est conscient que le patrimoine archéologique et historique du Liban est une des ressources principales du pays, que le tourisme est une source de revenus très importante, et que c’est un secteur économique en pleine croissance à l’échelle mondiale». «Mais en même temps, ajoute-t-il, les autorités se posent des questions sur la capacité des administrations à gérer l’exécution du projet. Celui-ci est en effet compliqué, et il y a lieu de réfléchir encore sur la meilleure façon de le mettre en œuvre». Interrogé sur le rôle des autorités italiennes et françaises, M. Zouein indique que l’Italie a été sollicitée par la BM pour le financement du projet et pour apporter une assistance technique, principalement aux municipalités. Les autorités françaises, elles, devraient fournir une assistance technique importante à la DGA. Tout cela est actuellement en discussion entre les différents partenaires. «Dans les deux mois qui viennent, on devrait parvenir à une répartition harmonieuse des tâches», dit-il. Abordant le sujet de l’impact, sur le déroulement du futur plan, des projets avoisinants aux sites, comme celui qui est prévu au sud de la citadelle de Byblos et qui a soulevé les protestations de la municipalité de Jbeil et même de l’Unesco, M. Zouein déclare : «J’ai été informé de ce projet tant par les autorités que par le promoteur, qui m’a consulté. Or mon avis était extrêmement simple : nous ne sommes jamais contre le développement économique. Au contraire, nous plaidons en faveur de la participation du patrimoine au développement, mais pas à son détriment». Selon lui, les plans de la partie terrestre du projet (complexe touristique) sont très bons. «Quant au port privé prévu dans le cadre du projet, je trouve qu’il n’a aucune valeur ni économique, ni portuaire, ni maritime, affirme-t-il. De plus, il pose un énorme problème d’impact visuel sur l’environnement, et j’ai bien peur qu’il n’ait un impact négatif sur la plage de sable proche. Par ailleurs, je suis hostile à la poursuite des constructions de marinas privées, alors que c’est à l’État de créer de tels ports, quitte à les louer par la suite». M. Zouein rappelle qu’il existait un projet d’extension du port de Byblos, qui n’était pas réalisable pour des raisons maritimes et géologiques évidentes. Pourquoi, se demande-t-il, l’État ne construirait-il pas un port aux environs de Byblos, dont il louerait une partie par la suite à cette société ? «J’ai fait une proposition au promoteur prévoyant une étude de faisabilité du projet, gratuitement, dit-il. Même cela a été refusé, et c’est dommage».
Exploiter, sans leur nuire, les sites archéologiques et historiques à des fins touristiques fait actuellement l’objet de discussions entre la Banque mondiale, les autorités libanaises et l’Unesco (consultée pour les sites classés patrimoine mondial), dans le cadre d’un projet financé par la BM. Le montant du prêt qui sera accordé au gouvernement à cette fin sera de 50...