Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

L'Etat, un partenaire sollicité (photo)

Comme toute industrie importante, l’imprimerie libanaise souhaite voir ses marges de manœuvre élargies par l’État, ce qui n’est pas le cas. Les taxes, les douanes, les démarches administratives, autant de domaines à harmoniser pour dynamiser le secteur. Si le Liban est devenu une place forte de l’imprimerie de la région, il demeure néanmoins dépendant de l’Europe, pour ce qui est de l’importation des machines et des matières premières. «Le Liban est un pays de transformation, souligne Georges Chemaly, directeur général de Chemaly & Chemaly. Nous payons deux fois les taxes : en important les matières premières et en exportant les produits finis. Il ne faut pas continuer comme cela si nous voulons rester compétitifs». Des taxes déséquilibrées Des améliorations sensibles quant aux taxes ont été enregistrées : celles sur le papier, par exemple, ont baissé. «Il n’y a pas de production libanaise de papier d’affichage, déplore Carl Kourani des Imprimeries de l’Annonce. Mais les taxes ont baissé, elles atteignent maintenant 3 ou 6 % sur ce point, alors que sur d’autres catégories de matières premières, elles peuvent s’élever jusqu’à 18 %, selon les spécificités». Mitri Nasrallah, président du syndicat des arts graphiques regroupant aussi les imprimeurs, constate avec regret que «certaines taxes sont encore bien trop élevées avec, par exemple, 35 % sur des pièces de rechange électroniques. Mais nous continuons, jour après jour, à œuvrer dans le bon sens, car il faut changer dans ce pays la loi qui nous régit, nous et les autres industries». Pour montrer les efforts à faire, Gihad A. Achkar, d’Anis Commercial Printing Press, compare les taxes appliquées dans différents pays : «Dans l’ensemble, les taxes augmentent, car nous payons cinq fois plus de douanes que les imprimeurs de Dubaï ou de Koweït. Ce qui prouve, si l’on veut rester compétitifs, que les taxes libanaises sont bien trop élevées. Elles nous font du mal». Plus mesuré, Mansour Chelala, PDG de Scope, considère que «les taxes sont supportables. Pour le papier, elles dépendent de la qualité. Mais c’est vrai, elles sont très variables, selon les produits, allant de 6 à 20 %». Le rôle frileux de l’État «Nous rencontrons de nouveaux défis, demandant beaucoup d’efforts conjugués et une prise de conscience des responsables de l’État, déclare Joseph Raïdy, conscient du travail qui reste à effectuer. Mais le gouvernement n’a pour l’instant aucune politique claire dans le domaine. Le syndicat a d’ailleurs présenté une étude demandant au ministère de l’Industrie que seules les imprimeries syndiquées puissent importer des machines, afin de limiter le désordre et assurer la qualité de production. Afin d’arrêter la concurrence déloyale, il faut surveiller l’importation et veiller au respect de normes mises au point par le syndicat et les ministères. Le ministère de l’Économie et du Commerce est en train de reclasser les imprimeries de 2e catégorie vers la 3e catégorie. Cette classification est importante, car elle permet de tenir compte du passage de la mécanique à l’informatique, et de respecter les normes écologiques qui ne forceront plus à rejeter les imprimeries loin des villes. De plus, l’État devrait imprimer ses papiers officiels et ses timbres au Liban, plutôt qu’à l’étranger, et moderniser la loi sur les imprimés, en particulier les articles sur les imprimeries ; certains datent des Ottomans». Le flou législatif entourant le secteur de l’imprimerie est vivement regretté par l’ensemble des professionnels. Élie Raphaël, directeur général d’Arab Printing Press, déplore «l’absence de contrôle de l’État sur l’importation de machines usagées, par exemple. C’est dommage, car l’imprimerie est un secteur prometteur et dynamique. L’avenir est à l’exportation. Nous réclamons vivement un coup de pouce, mais l’État ne semble pas nous porter un grand intérêt. Il devrait encourager l’exportation, en fixant des règles, en simplifiant les démarches administratives, en baissant les taxes sur le papier, l’encre et les pièces de rechange, en établissant des tarifs spéciaux en matière de transports aériens et postaux, en offrant des réductions sur le prix de l’électricité et en abaissant les frais de la Sécurité sociale. Beaucoup de problèmes pourraient être ainsi réglés. Ces réclamations sont connues, car toutes les industries-phare du pays ont les mêmes soucis». Un souci supplémentaire est soulevé par Georges Chemaly : le transport. «L’État a un grand rôle à jouer pour faciliter à la fois le travail des imprimeurs et celui des compagnies aériennes, explique-t-il. Il faut simplifier les routines administratives, car les formalités d’expédition retardent souvent nos délais de livraison. Lever les contrôles et les taxes me paraîtrait être un bond dans le futur». La seule note optimiste dans ce tableau est apportée par Carl Kourani : «L’État fait bien les choses. Certaines taxes commencent à baisser. Avec le temps, cela va favoriser l’industrie».
Comme toute industrie importante, l’imprimerie libanaise souhaite voir ses marges de manœuvre élargies par l’État, ce qui n’est pas le cas. Les taxes, les douanes, les démarches administratives, autant de domaines à harmoniser pour dynamiser le secteur. Si le Liban est devenu une place forte de l’imprimerie de la région, il demeure néanmoins dépendant de l’Europe,...