Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Fête des mères - Qu'est-ce qui a changé en un siècle ? La maternité, une histoire d'amour (photos)

Entre le début des années 90 et aujourd’hui, la mère est devenue plus «indépendante» vis-à-vis de son enfant. Comprendre : elle est de plus en plus absente. Elle doit se plier aux exigences d’une vie sociale et active. Tout cela parce qu’elle travaille. Entre hier et aujourd’hui, l’amour maternel est-il le même ? On est en 1933. Eugénie, 17 ans, donne la vie à Oumaya, son premier bébé. Soixante-sept ans plus tard, à 85 ans, elle affirme n’avoir vécu que pour ses enfants… Rien au monde ne compte pour elle à part eux. En caressant l’un deux, elle avait le monde au bout des doigts. Elle a beaucoup sacrifié pour leur assurer le nécessaire, dans «un monde où l’argent fait tout». Pour elle, la mère c’est quelqu’un qui sait se consacrer toute entière à ses enfants. Oumaya, 67 ans, a deux filles : Nada 37 ans, Mona 30 ans. Oumaya reconnaît que la relation mère-fille a évolué. Elle affirme que les temps ont changé. «La mère d’aujourd’hui, dit-elle, n’est plus aussi généreuse. Elle partage son temps entre ses enfants, son travail, sa vie sociale, ses sorties et son shopping». Nada ne prend pas les propos de sa mère comme un reproche. Elle avoue confier Romy et Rany à leur grand-mère quand elle a quelque chose à faire : du shopping, du sport, des dîners avec son mari ou avec des amis. Le matin, Romy va à l’école et Rany à la garderie. «Un jour, explique-t-elle, ils vont apprendre à vivre sans moi. Il faut qu’ils s’y habituent le plus tôt possible. Je ne serai pas toujours là pour eux». Saydé, la cinquantaine, a eu sa première fille à 16 ans. «J’ai grandi dans mon village. Je n’ai jamais été à l’école. Mes parents m’ont marié de force à Akram. J’avais 14 ans. Quand j’ai éprouvé le sentiment maternel, j’ai su que c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Je ne sortais de la maison que le dimanche pour assister à la messe. Mes enfants étaient comme mon ombre et me suivaient partout. Jamais, il ne m’est venu à l’idée de les confier à quelqu’un pour effectuer des visites, comme il est de coutume ces temps-ci . Même quand je passais des journées entières à préparer la “mounée”, (provisions alimentaires pour l’hiver), je m’occupais de tout ce qui les touchait : accompagner Fadi aux toilettes, préparer à manger pour Charbel, recoudre un bouton à la chemise de Daad qui vient de tomber… Les mères d’autrefois savaient faire plusieurs choses à la fois». Daad, sa fille, est esthéticienne. Tous les matins, elle accompagne Wadih et Mounia chez Saydé, leur grand-mère. Elle préfère confier ses enfants à sa mère plutôt qu’à la garderie. Elle admet, en outre, que Saydé, est «doublement» mère car elle s’occupe de deux générations. Mais elle dit qu’elle est tranquille car ses enfants seront élevés comme elle l’a été. Elle aurait voulu ne pas travailler si elle avait eu le choix. «La vie est chère, précise-t-elle, et puis je n’ai plus l’habitude de rester à la maison». «Les temps ont changé, normal. L’amour est toujours là, inchangé ; c’est celui que nos mères nous ont donné. Seule l’expression a changé. Nos enfants n’en souffrent pas. Il viendra le jour où ils comprendront qu’on est absente par nécessité et non par envie». Un amour de Théodore Mirna, 30 ans, a toujours travaillé. Quand Théodore est né, elle a tout laissé tomber pour ce nouvel être blond, aux yeux bleus. Elle lui consacre sa vie. C’est sa poupée adorée. À chaque heure de la journée, elle a un programme avec cet enfant qu’elle a découvert et aime en peu de temps. «La maternité pour moi était quelque chose d’inconnu, raconte-t-elle avec passion, je n’y comprenais rien. Au début, j’ai appris à m’occuper de lui. Je l’ai aimé. On vit depuis une histoire d’amour fou tous les deux. Je ne peux pas me séparer de lui. J’ai besoin d’être là pour lui, d’entendre son premier mot, de voir ses premiers pas…». Fida, 33 ans, a deux garçons. Elle est employée de banque. Son petit, Rayan, va les trois premiers jours de la semaine chez sa grand-mère maternelle et les trois autres chez sa «mémé» paternelle. Pendant deux après-midi, elle le confie à une des mamies ce qui lui permet d’aller faire du sport. Fida a la conscience tranquille. Elle assure à son enfant tout ce dont il a bessoin. Et même le superflu ! «L’important c’est d’aimer ses enfants et non de rester à côté d’eux 24 heures sur 24. Cela ne sert à rien, assure-t-elle. Les dimanches, je suis toute la journée avec lui». Les mères d’aujourd’hui ont besoin de se sentir libres, capables de décider de leurs vies et de leur emploi de temps. Mais si elles devaient choisir entre le travail et leurs enfants, pas d’hésitation, la réponse est tranchante : «Mes enfants». Raghida raconte : «Quand, dans la salle d’opération, j’ai entendu Léa pleurer, je n’avais qu’un souci, la voir et l’embrasser. En une seconde, j’avais oublié mes douleurs, mes cris et mes inquiétudes. À travers mes larmes, je l’ai vue, elle était rouge et tellement petite. C’est à ce moment que j’ai réalisé que j’étais capable de tout donner pour protéger cet être si fragile. Cet être dont je suis responsable. Ce n’était pas seulement mon devoir ; c’était aussi, surtout, ma joie». Entre hier et aujourd’hui, la mère n’est peut-être plus la même. Mais l’amour qu’elle porte à celui, à celle qu’elle a porté neuf mois durant ? «Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier», disait déjà Victor Hugo, en parlant de ce «pain merveilleux qu’un dieu partage et multiplie». Comme l’Eucharistie.
Entre le début des années 90 et aujourd’hui, la mère est devenue plus «indépendante» vis-à-vis de son enfant. Comprendre : elle est de plus en plus absente. Elle doit se plier aux exigences d’une vie sociale et active. Tout cela parce qu’elle travaille. Entre hier et aujourd’hui, l’amour maternel est-il le même ? On est en 1933. Eugénie, 17 ans, donne la vie à...