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Actualités - REPORTAGES

Art - Reflets, une installation de Nadine Naous A la recherche de soi et de Beyrouth ...(photos)

À mi-chemin entre le théâtre d’ombres, l’exposition photographique et le film expérimental, l’installation de Nadine Naous, qui occupe les deux étages d’une ancienne demeure, rue Victor Hugo (perpendiculaire à la rue Monnot, au croisement Monogrill), se présente comme une sorte d’introspection de l’artiste placée sous le regard du public. Jeune cinéaste, installée à Paris, Nadine Naous a quitté le Liban à la fin de la guerre, en 1991. Ses études de cinéma bouclées (Futuroscope de Poitiers, Sorbonne à Paris), elle doit prendre une décision. Faut-il rentrer au pays ou rester en France ? Après plusieurs courts séjours au Liban, Nadine se rend à l’évidence : son monde, son Beyrouth, celui de la guerre, avait changé. Elle n’y retrouvait plus sa place. «Avec la reconstruction, Beyrouth avait perdu son authenticité». À Paris, où elle a trouvé sa voie professionnellement (elle a tourné dans des courts métrages, et travaille actuellement comme assistante-réalisateur sur plusieurs films expérimentaux), la cinéaste reste nostalgique de «son Beyrouth» : celui des années de guerre mélangé à des images, des souvenirs idéalisés de la capitale. D’où l’idée de cette installation. «Au départ, je voulais réaliser un film. Puis j’ai pensé faire quelque chose de plus physique : que les gens puissent toucher, écouter, sentir, que ça réveille tous les sens». Après maintes recherches, elle trouve le lieu idéal pour son installation : une maison ancienne, délabrée, abandonnée, en plein cœur de Beyrouth. Les portes grandes ouvertes du rez-de-chaussée donnent accès à un vestibule, aux murs écaillés, au mobilier se limitant à une vieille table dans un coin, sur laquelle une correspondance est éparpillée. «Ce sont des lettres que m’ont envoyées mes parents», indique l’artiste. Au sol, trois rangées de bougies reflètent leurs flammes vacillantes sur une dizaine de bouteilles vertes, suspendues au plafond, dans lesquelles Nadine Naous a glissé des fragments de lettres et des images déchirées. La salle du fond, plongée dans l’obscurité, est une sorte de sanctuaire dédié à sa mère que l’on aperçoit dans des projections de diapos sur les murs. «Pendant mon absence, elle était tombée malade. Ce n’est qu’après sa guérison que je l’ai appris. C’est pourquoi, dès mon retour, je m’étais mise à la filmer pendant son sommeil, en gros plan, ses mains, son visage… ». Une autre pièce est également consacrée à sa mère. Sur un mur, on la voit fixant la caméra tandis que sur le mur d’à côté, une projection d’images de la mer se reflète sur des débris de miroir recollés. Dans une chambre latérale, sept magnétophones, placés sur de minuscules étagères le long des murs, diffusent en boucle des fragments presque inaudibles, de conversations téléphoniques entre Nadine et ses parents. Dans une dernière pièce toute peinte en bleu, six postes de télévision posés par terre sur du sable offrent des images tirées de la vie parisienne de la jeune cinéaste (dans son quartier, dans le métro, etc.) ainsi qu’un film, qu’elle a tourné en super 8, de la corniche. «Quand je pense à Beyrouth, c’est cette promenade, cette ouverture sur la mer qui me vient en premier à l’esprit», signale-t-elle. Archives de la mémoire À l’étage, dans la grande salle : sur fond d’enregistrements de marchands ambulants, des agrandissements photos (en N/B) de quartiers miséreux, en ruine, à la périphérie de Solidere, sont accrochés sur des ressorts de lits, dressés comme des barricades. Au sol, une lumière rouge clignotante rappelle qu’il y a urgence à sauver ces petits quartiers d’antan menacés de disparition. À côté, une pièce, baptisée «Interrogatoire» et clôturée par un grillage de poulailler, représente «tout ce que je peux imaginer des scènes de tortures subies durant la guerre», dit l’artiste. Elle y a installé un vieux poste de télévision, sous une suspension en métal et face à un ventilateur sur pied (clin d’œil aux sempiternelles scènes de films américains). De l’autre côté du hall central, suspendus au plafond d’une ancienne chambre à coucher, des poupées anciennes et des baigneurs, cassés, démembrés, évoquent les souvenirs perdus. «Ceux des anciens habitants de cette maison car c’est sur place que j’ai déniché ces poupées dans un grand coffre. Mais aussi, ceux, symboliques, de mon enfance perdue», indique Nadine Naous. Enfin, dans la pièce du fond, une tente militaire «forme un antre d’archives de certains événements libanais relatés par les journaux occidentaux pendant la première partie de mon absence entre 1991 et 1996». Une installation-exorcisme d’images obsessionnelles pour l’artiste, qui offre aux visiteurs un dernier regard sur le Beyrouth de la guerre. Jusqu’à demain 12 mars, de 18h à 22h.
À mi-chemin entre le théâtre d’ombres, l’exposition photographique et le film expérimental, l’installation de Nadine Naous, qui occupe les deux étages d’une ancienne demeure, rue Victor Hugo (perpendiculaire à la rue Monnot, au croisement Monogrill), se présente comme une sorte d’introspection de l’artiste placée sous le regard du public. Jeune cinéaste,...