Dossier régional - Le sous-sommet de la Ligue entame ses travaux demain au Grand Sérail Les ministres arabes des AE pourraient envisager une aide de 500 millions de dollars au Liban (photos)

C’est demain samedi, à midi, que débutera au Grand Sérail la 113e session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe, au niveau des ministres des Affaires étrangères. La conférence ministérielle se réunit cette année exceptionnellement à Beyrouth, pour la première fois depuis la création de la Ligue arabe, en signe de solidarité avec le Liban face aux menaces proférées ces dernières semaines par les dirigeants de l’État hébreu. Les travaux seront présidés par le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Esmat Abdel Meguid, qui est arrivé tard dans la soirée d’hier à Beyrouth. Il avait été précédé dans l’après-midi par le chef de la diplomatie irakienne, M. Mohammed Saïd el-Sahhaf – qui préside la session actuelle de la Ligue –, arrivé par voie de terre. Le prince héritier de Qatar, cheikh Jassem ben Hamad al-Thani, et seize ministres des Affaires étrangères participeront à la conférence ministérielle qui se poursuivra jusqu’à dimanche. Les milieux politiques locaux accueillent avec un espoir, teinté d’une forte dose de scepticisme, la tenue à Beyrouth de cette réunion. Notre chroniqueur diplomatique, Khalil Fleyhane, souligne sur ce plan, citant des sources dignes de foi, que le Liban ne présentera à la conférence aucune requête d’ordre financier ou économique. Le pouvoir libanais se contentera de réclamer aux pays arabes un appui politique, soutenu auprès des instances internationales, afin d’obtenir le retrait israélien et la libération de tous les Libanais détenus dans les prisons israéliennes. Les milieux proches du pouvoir observent la plus grande discrétion au sujet de la teneur du document officiel que M. Hoss soumettra aux chefs des délégations arabes, en sa qualité de ministre des AE. Parallèlement aux positions de principe connues de tous, le Liban demandera à ses pairs arabes de le soutenir fermement dans ses efforts visant à empêcher l’implantation des 370 000 Palestiniens présents dans le pays. Les mêmes sources citées par notre chroniqueur diplomatique soulignent que le secrétariat de la Ligue a préparé un projet de résolution prévoyant l’octroi d’une aide financière au Liban. Aucune information officielle n’est fournie à ce propos, le montant d’une éventuelle aide devant être discuté, le cas échéant, en marge des travaux de la conférence ministérielle. À en croire ces sources, les ministres arabes pourraient décider d’octroyer une aide de près de 500 millions de dollars au Liban pour permettre au gouvernement de faire face aux conséquences des dernières attaques israéliennes. Sur le plan politique, la grande question que se posent les observateurs à Beyrouth est de savoir si le Conseil de la Ligue ira jusqu’à menacer de suspendre ou de geler les relations diplomatiques de certains pays arabes avec Tel-Aviv si l’État hébreu reprend ses attaques contre le Liban. Les sources diplomatiques indiquent à ce sujet que l’Égypte s’est d’ores et déjà opposée à une telle décision, soulignant que le dialogue avec Israël ne devrait en aucun cas être interrompu, quelles que soient les circonstances. Hoss : Un message à Israël En tout état de cause, les débats qui marqueront les travaux de la conférence ministérielle ainsi que les discussions qui auront lieu en marge de la réunion seront suivis de très près par les chancelleries occidentales à Beyrouth, du fait que cette session de la Ligue intervient cette année dans des circonstances cruciales et dans un contexte régional particulièrement délicat. Compte tenu d’un tel contexte, la réunion à Beyrouth de seize ministres arabes des AE, en présence du secrétaire général de la Ligue et du prince héritier de Qatar, revêt une importance particulière qui n’échappe à personne. La portée hautement symbolique d’une telle conférence a été mise en évidence hier par le Premier ministre Sélim Hoss qui a estimé, dans une déclaration à la presse, qu’il s’agissait là d’un «message» à Israël pour lui signifier que les Arabes soutiendront le Liban en cas d’une nouvelle «agression nazie israélienne». M. Hoss a souligné que la tenue exceptionnelle à Beyrouth de ce Conseil était «un grand événement qui aura un immense écho dans le monde entier». La réunion «constituera un message adressé d’une part à l’ennemi israélien, et de l’autre à la communauté internationale, notamment les grandes puissances, leur signifiant que le Liban et sera plus jamais seul face à une nouvelle agression des forces nazies israéliennes», a-t-il ajouté. «La nation arabe tout entière sera à nos côtés. Bien plus : toute agression contre le Liban sera considérée comme une agression contre la nation arabe, de l’Atlantique jusqu’au Golfe», a souligné M. Hoss. Selon le Premier ministre, le message signifiera que «la nation arabe appuie d’une seule voix la libération du territoire libanais de l’occupation israélienne, la résistance armée honorable contre les forces d’occupation israéliennes et une paix juste et globale dans le cadre de l’unité des volets libanais et syrien (du processus de paix), qui sauvegarde au Liban, à la Syrie et à tous les Arabes, leur honneur et leur dignité». «Le Liban, qui remercie ses frères arabes d’avoir répondu à son appel dans ces circonstances délicates, est convaincu que la réunion aura des résultats décisifs qui seront à la hauteur des défis auxquels le Liban et la Syrie, mais aussi tous les Arabes, font face dans ce tournant historique dangereux», a conclu le chef du gouvernement.