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Actualités - CHRONOLOGIE

Japon - De scandales en affaires de corruption, les forces de l'ordre essuient une pluie de critiques L'archipel fait le procès de sa police

Incompétence, corruption, favoritisme : de féroces critiques pleuvent depuis plusieurs jours sur la police japonaise, dernière institution en date à vaciller sur son piédestal à l’heure de la remise en cause du «modèle nippon». La crise a été déclenchée par la tragique histoire d’une jeune fille de 19 ans, libérée par des infirmiers fin janvier après neuf années de confinement dans une chambre par un homme qui l’avait enlevée sur le chemin de l’école en 1990. Son calvaire a bouleversé la population nippone. Et posé de nombreuses questions sur l’enquête policière : pourquoi, par exemple, le ravisseur n’a-t-il pas été interrogé juste après la disparition alors qu’il était connu pour d’autres tentatives d’enlèvement? L’émotion passée, l’affaire s’est donc transformée en un procès en règle de la police, déjà sur la sellette pour un scandale qui a coûté son poste à son chef national en janvier et pour plusieurs autres faits divers mal gérés. La presse a ainsi relevé plus de vingt affaires mettant en cause l’efficacité ou la probité des forces de l’ordre durant les six derniers mois. La pression s’est encore accrue cette semaine avec la démission forcée de deux hauts responsables de la police. Leur faute : avoir continué à boire et à jouer au mah-jongg dans une station thermale sans estimer nécessaire de rentrer au bureau pour superviser l’enquête sur l’affaire de la jeune captive. La presse a décortiqué l’emploi du temps des deux officiers supérieurs en cause, Koji Kobayashi, 51 ans, et Yoshiaki Nakada, 55 ans. Ce dernier, envoyé spécialement par Tokyo pour «remonter le moral» des troupes, avait quelque peu délaissé cette tâche pour rechercher un endroit idéal où regarder «la neige tomber» dans cette belle région du nord-est de l’archipel. Le lendemain, les deux hommes étaient finalement retournés au bureau après une promenade au bord d’un lac pour admirer des cygnes, ont-ils reconnu. «Leur attitude a été incompatible avec leurs devoirs et est inexcusable», a dénoncé le Premier ministre Keizo Obuchi. Ayant démissionné, M. Nakada n’a pas été sanctionné par son autorité de tutelle, ce qui a provoqué l’ire de la population, le siège de la police centrale étant submergé d’appels de citoyens furieux. La commission chargée de l’éthique de la police, elle aussi critiquée pour les émoluments faramineux versés à ses membres, a finalement décidé jeudi de réprimander symboliquement le nouveau chef de l’Agence nationale de la police, Setsuo Tanaka, en diminuant de 5 % son salaire pour un mois. «Il est regrettable que l’affaire ait atteint un tel niveau que la responsabilité du directeur général (de l’agence) doive être engagée», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Kosuke Hori. Pour le Yomiuri Shimbun, le premier quotidien nippon, certains policiers «n’ont pas su évoluer avec la société» et se rendre compte que de telles pratiques, autrefois tolérées, n’étaient plus acceptées par la population. La bureaucratie du ministère des Finances avait été en partie déconsidérée au milieu des années 90 pour les mêmes raisons, a-t-il relevé. M. Obuchi tente de répondre à cette crise embarrassante à l’approche des élections législatives en promettant des réformes, notamment sur la formation et l’avancement des officiers ainsi que sur le contrôle de leurs activités. La presse est sceptique. «Nous avons été trahis par la police trop souvent pour croire qu’il est encore possible qu’elle soit en mesure de se réformer par elle-même», écrit le Yomiuri. Et pourtant, «des réformes draconiennes sont vraiment nécessaires».
Incompétence, corruption, favoritisme : de féroces critiques pleuvent depuis plusieurs jours sur la police japonaise, dernière institution en date à vaciller sur son piédestal à l’heure de la remise en cause du «modèle nippon». La crise a été déclenchée par la tragique histoire d’une jeune fille de 19 ans, libérée par des infirmiers fin janvier après neuf années de...