Comité de surveillance - Israël souhaite préciser certains points relatifs à la Résistance Beyrouth refuse tout amendement des arrangements d'avril

Les chefs de l’État et du gouvernement, le général Émile Lahoud et M. Sélim Hoss, ont tous deux réaffirmé l’opposition du Liban à toute tentative israélienne d’amender les arrangements d’avril 1996, durant leurs entretiens respectifs avec les coprésidents américain et français du comité de surveillance, MM. Richard Erdman et Laurent Rapin. Les propos des deux dirigeants libanais constituent en fait une réaction aux propositions de MM. Erdman et Rapin, qui ont préconisé devant leurs interlocuteurs une spécification de certains termes des dispositions des arrangements d’avril 1996, a-t-on indiqué de sources diplomatiques citées par notre chroniqueur au palais Bustros, Khalil Fleyhane. Une telle précision faciliterait la reprise des réunions du comité de surveillance, mais sans remettre en cause les opérations de la Résistance, ce que le Liban et la Syrie rejettent catégoriquement, a-t-on ajouté de mêmes sources. La précision est en fait souhaitée par les Israéliens et porte principalement sur l’explication de la clause autorisant les opérations anti-israéliennes dans la bande frontalière à partir de zones non habitées. Tel-Aviv veut que le terme «non habité» soit explicité avec précision. Mais pour Beyrouth et Damas, le souhait israélien cache en réalité une volonté de poser des contraintes aux actions du Hezbollah. De mêmes sources, on a assuré que MM. Erdman et Rapin, qui assurent la présidence tournante du comité de surveillance, ne soutiennent pas la proposition israélienne, mais n’ont fait que la transmettre aux dirigeants libanais. Ils doivent communiquer demain la réponse de ces derniers aux responsables israéliens. MM. Erdman et Rapin sont arrivés hier à Beyrouth venant de Damas, première étape d’une mission exploratoire menée en vue d’une reprise des réunions du comité de surveillance. Mais à Baabda et au Sérail, ils ont obtenu la même réponse qu’ils avaient entendue à Damas à propos de leurs propositions: il n’est pas question de modifier les dispositions des arrangements d’avril et le Liban rejette toute tentative israélienne de s’y soustraire, a affirmé M. Lahoud devant ses interlocuteurs. L’entretien à Baabda s’est déroulé en présence de l’ambassadeur de France, M. Philippe Lecourtier, et du chargé d’affaires américain, M. David Hale. Au Sérail, il a eu lieu en présence des membres de la délégation libanaise au comité de surveillance Un mécanisme régulateur Le chef de l’État a aussi insisté sur l’attachement du Liban «à tous les principes de base d’une paix juste et globale ainsi qu’au droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leur pays». De son côté, M. Hoss a affirmé, à sa sortie du Sérail, s’attendre à une prochaine reprise des réunions du comité de surveillance. Selon les mêmes sources, la mission des coprésidents du comité de surveillance intervient après l’échec des contacts entrepris par Washington et Paris avec le Liban, Israël et la Syrie, pour tenter d’aboutir à une conception unique de la teneur des arrangements d’avril. La France et les États-Unis sont particulièrement attachés à un mécanisme susceptible de maintenir le calme au Liban-Sud, dans la perspective d’un retrait israélien auquel ils croient fermement, et voient dans le comité de surveillance l’instrument idéal pour éviter les dérapages, a-t-on ajouté de mêmes sources. La mission de MM. Erdman et Rapin consiste principalement à reconfirmer l’attachement des parties au conflit aux dispositions des arrangements d’avril qui interdisent aux belligérants de s’en prendre à des objectifs civils des deux côtés de la frontière libano-israélienne et de mener des opérations militaires à partir de zones habitées. «Notre visite s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par Washington et Paris pour confirmer l’engagement de toutes les parties aux arrangements d’avril et tenter de reprendre au plus tôt les réunions du comité afin qu’il poursuive son importante tâche qui consiste à protéger les civils, à désamorcer la tension et à prévenir toute escalade», a déclaré M. Erdman à sa sortie du Sérail. Les coprésidents du comité de surveillance se sont rendus auprès des chefs du gouvernement et du Parlement, MM. Sélim Hoss et Nabih Berry, après leur entretien avec le chef de l’État. «Une partie de ce que nous souhaitons entreprendre consiste à œuvrer avec toutes les parties concernées pour améliorer et renforcer le respect des arrangements d’avril», a ajouté M. Erdman. Il a toutefois éludé les questions relatives à d’éventuelles propositions d’amendement de ces arrangements, se contentant de répéter devant l’insistance des journalistes : «La principale question soulevée porte sur l’affermissement du respect des accords d’avril».