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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Santé - Deux organisations s'efforcent de sortir les malades de leur misère Plus de 50 lépruex au Liban : un drame vécu dans l'isolement le plus total (photos)

Dans l’inconscient collectif, la lèpre est liée à l’idée d’une dégénérescence du corps, d’une lente agonie qui fait de la personne atteinte l’expression même de l’horrible et de l’insupportable. Les léproseries médiévales présentaient l’image d’un monde exclu, d’un monde de solitude voué à la mort. Mais qu’en est-il aujourd’hui de la lèpre ? Les Libanais peuvent à peine imaginer que ce fléau existe encore, relégué dans les espaces oubliés des confins du Akkar ou du Hermel. En effet des villages, gommés de la carte officielle du pays, privés d’eau et d’électricité, sont encore les abris inavoués d’une cinquantaine de lépreux, abandonnés, livrés à eux-mêmes... Il y a tout juste un an, cette «colonie» de morts-vivants a été prise en charge par le Beirut Cedar’s Lions Club, qui, secondé par le CELL (Comité pour l’élimination de la lèpre au Liban), s’est donné pour objectif d’agir en vue d’abord de dépister systématiquement les cas cachés et ignorés de lèpre et, ensuite, de combattre et d’enrayer ce mal séculaire. La dernière réunion en date de ce club remonte au 4 février 2000. Sous le patronage du Dr Michel Moussa, ministre du Travail et des Affaires sociales, de nombreuses personnes ont pris la parole pour activer les démarches nécessaires afin d’arracher les lépreux à leur solitude et de les réintégrer d’une manière ou d’une autre dans le monde des hommes. En souvenir de Raoul Follereau, dont l’action admirable a sauvé du désespoir tant de malheureux, les personnes présentes ont renouvelé la ligne de conduite qui était la sienne : «Personne n’a le droit d’être heureux seul». Cependant, une question se pose. Peut-on vraiment guérir les lépreux ? Ce mal a longtemps été considéré comme incurable, comme un fléau difficile à éradiquer. Mais qu’en est-il réellement ? Le Dr Édouard Makhoul a surtout évoqué au cours d’une conférence les moyens de prévention en insistant sur la découverte d’un traitement, considéré aujourd’hui comme une des meilleures victoires de la médecine du XXe siècle : la polychimiothérapie. Le Dr Antoine Farjallah quant à lui a rappelé le nombre des lépreux au Liban : 50, dit-il, qu’il a pu rencontrer dans leurs abris de misère. Mais des cas isolés existent encore un peu partout (à Tripoli, Zghorta, Batroun, Beyrouth, le Chouf, Saïda, Nabatieh, Baalbeck). C’est à croire qu’ils sont parmi nous, mais terrés çà et là, pour cacher les horribles atteintes physiques qui sont les leurs. La maladie de Hansen, comme on l’appelle, traitée tardivement, entraîne le plus souvent des séquelles essentiellement neurologiques, esthétiques et des invalidités. Le mode de transmission ainsi que le mode de pénétration du bacille n’ont jamais été clairement identifiés, l’incubation pouvant durer plusieurs années. Cependant, grâce à un dépistage précoce, et à la polychimiothérapie, le lépreux peut guérir et dès l’institution du traitement, il n’est plus contagieux. Le coût des soins, modique au Liban, est pris en charge par le ministère de la Santé et le CELL. C’est à l’Hôtel-Dieu et à l’hôpital américain que les Dr Chba’lo et Édouard Makhoul prennent en charge ces malades et leur prodiguent les soins nécessaires et adéquats. Aussi, le Beirut Cedar’s Lions Club, sous la direction de son président M. Michel Bernotti, s’est empressé d’édifier des maisons pour loger ces malades et les faire bénéficier de leur droit à l’hygiène, au travail et à l’amour. –La polychimiothérapie n’a-t-elle pas déjà guéri dans le monde plus de 10 millions d’hommes ? C’est que l’espoir existe; cet espoir que Raoul Follereau évoquait passionnément en ces termes : «Je suis sûr que la charité aura raison, un jour, de la violence, de l’égoïsme, de l’argent... Un jour où tous ceux qui vivront auront le droit de vivre. Et notre récompense à nous, ce sera d’avoir cru, avant de le voir, à ce paradis». Finalement «les lépreux, qu’est-ce que cela peut leur faire qu’on leur donne quelque chose, si on ne leur donne pas la main !».
Dans l’inconscient collectif, la lèpre est liée à l’idée d’une dégénérescence du corps, d’une lente agonie qui fait de la personne atteinte l’expression même de l’horrible et de l’insupportable. Les léproseries médiévales présentaient l’image d’un monde exclu, d’un monde de solitude voué à la mort. Mais qu’en est-il aujourd’hui de la lèpre ? Les Libanais...