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Actualités - CHRONOLOGIE

Inde - Première visite d'un président américain en près d'un quart de siècle La volonté de Clinton de jouer un rôle au Cachemire embarrasse New Delhi

L’Inde est mal à l’aise à l’approche de la première visite d’un président américain en près d’un quart de siècle face à la volonté affichée de Bill Clinton de contribuer à résoudre l’épineuse question du Cachemire, au cœur du conflit indo-pakistanais. Alors que le Pakistan voisin et rival de l’Inde appelle de ses vœux une médiation internationale, toute implication d’une tierce partie dans ce conflit explosif vieux de plus de 50 ans, source d’une vive tension en Asie du Sud, est anathème pour New Delhi. Or, dans un florilège de déclarations cette semaine, les dirigeants américains ont souligné la gravité de la situation en Asie du Sud où se font face deux puissances nucléaires, l’urgence d’une solution et leur volonté d’aider à la trouver. En réponse, l’Inde a affirmé sèchement qu’il était «une erreur» de penser que la relation indo-américaine se limitait «à une seule question», Cachemire ou non-prolifération nucléaire. Ces déclarations américaines sont intervenues à six semaines d’une visite en Inde de M. Clinton qui, 22 ans après Jimmy Carter, se rendra en Inde, pays que Washington a longtemps délaissé au profit du Pakistan. M. Clinton, qui ira aussi au Bangladesh lors de ce voyage du 20 au 25 mars, n’a pas encore décidé s’il s’arrêtait au Pakistan. Le sentiment en Inde est qu’il se résoudra à y faire étape bien que ce pays soit sous régime militaire. «Je veux faire un voyage qui maximise les possibilités, non seulement pour des partenariats constructifs pour les États-Unis dans les années qui viennent mais aussi, de façon plus urgente, pour la paix dans cette partie troublée du monde», a dit M. Clinton. Le même jour, la secrétaire d’État Madeleine Albright décrivait l’Asie du Sud comme une région explosive dont le Cachemire était «la mèche» et a émis l’espoir qu’Inde et Pakistan puissent parler de ce contentieux «avec quelque assistance possible». Le secrétaire à la Défense William Cohen est allé plus loin en affirmant dans un rapport au Congrès que les États-Unis devaient «jouer un rôle actif» pour la stabilité régionale. Le Cachemire est divisé depuis 1948 entre l’Inde et le Pakistan qui s’en disputent la souveraineté, se sont livré deux de leurs trois guerres à son propos et se sont opposés lors d’un violent conflit l’été dernier dans la montagne du Cachemire indien. New Delhi accuse Islamabad d’armer une guérilla musulmane qui a fait plus de 25 000 morts au Cachemire indien depuis 1989 et veut obtenir des États-Unis que le Pakistan soit déclaré État terroriste. Le Pakistan affirme que son soutien à l’autodétermination des Cachemiris n’est que moral et diplomatique et veut revitaliser un vieux projet de référendum de l’Onu qui n’a jamais vu le jour. Le dialogue indo-pakistanais est gelé depuis près d’un an et les deux pays s’accordent à dire que leurs relations sont au plus bas. Pour l’expert de défense indien K. Subrahmanyam, Washington n’a pas l’autorité morale pour jouer un rôle de médiateur, «ayant pris parti pour le Pakistan entre 1947 et 1959 et restant son allié». Dans un article intitulé «Albright offense les responsables indiens», le Times of India a cité un officiel indien selon qui la secrétaire d’État, en affirmant que le Cachemire est une zone explosive, «encourage le bellicisme pakistanais». Le journal The Hindu a cependant fait remarquer que New Delhi, en maintenant sa position intransigeante, pourrait se retrouver face à un dilemme, venant d’obtenir le soutien des États-Unis pour combattre le terrorisme lors d’une réunion cette semaine à Washington. Comment, s’est en effet demandé le quotidien, New Delhi pourrait dénier à Washington le droit de se mêler du problème du Cachemire alors que l’Inde accuse le Pakistan de terrorisme dans cette région?
L’Inde est mal à l’aise à l’approche de la première visite d’un président américain en près d’un quart de siècle face à la volonté affichée de Bill Clinton de contribuer à résoudre l’épineuse question du Cachemire, au cœur du conflit indo-pakistanais. Alors que le Pakistan voisin et rival de l’Inde appelle de ses vœux une médiation internationale, toute...