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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence - L'environnement à grand risque dénoncé par les sociétés de pédiatrie et de médecine périnatale Du plomb, du mercure, des pesticides dans notre alimentation (photo)

Faut-il vraiment connaître l’origine et la nature de ce que l’on consomme ? C’est à vous rendre anoréxique. Des métaux lourds, des résidus de pesticides, de colorants et autres produits toxiques, à teneur élevée, sont présents dans notre eau et nos aliments de base. Les risques de maladies engendrées par l’absorption de ces produits toxiques sont particulièrement élevés chez les nourrissons. Et à long terme, les problèmes endocriniens et cancéreux ne peuvent être écartés. Au Liban, les services étatiques concernés par le contrôle alimentaire sont pratiquement inexistants. Lors d’un workshop tenu à l’Escwa, et organisé par l’Unicef, la Fao, la Société libanaise de pédiatrie et la Société libanaise de médecine périnatale, des spécialistes ont planché sur le sujet, mettant l’accent sur les lacunes de la réglementation concernant la prévention de la pollution. Une réglementation qui impose des normes techniques et des contrôles réguliers de l’eau, et des produits mis sur le marché... Le Dr May Jurdi, hydrologue au département de la Santé à l’Unicef, a dénoncé l’absence de toute politique de contrôle et de protection de l’eau, et de traitement des déchets industriels. L’eau potable du robinet qui ne fait pas l’objet d’une surveillance régulière, est à proscrire, «à moins de la stériliser par ébullition et de l’exposer plus de deux heures à la lumière solaire». Par ailleurs, toutes les eaux potables mises actuellement sur le marché ne sont pas soumises à un contrôle réglementaire. De même, tous les filtres ou appareils destinés à l’épuration de l’eau ne semblent pas présenter les caractéristiques essentielles permettant l’élimination des produits toxiques. Du poison dans les aliments Le Dr Aziz Geahchan, responsable du laboratoire de toxicologie à l’hôpital Saint-Joseph, a fait une évaluation du risque d’exposition aux métaux lourds (cadmium, plomb, mercure, arsenic). Prenons, à titre d’exemple, le plomb. La contamination est due aux déchets industriels, gaz d’échappement des moteurs et des véhicules ; aux fumées des incinérateurs ; à la combustion des dérivées pétroliers ; aux pigments à base de plomb comme l’oxyde, le sulfure, le chlorure et le carbonate. Les aliments et l’eau en sont contaminés : on trouve le plomb dans l’eau (quand celle-ci est riche en CO2, les conduites en plomb sont attaquées) et dans les aliments (le thon, la sardine, l’huile de foie de morue, les épinards, les champignons et le vin). Mais aussi, dans les boîtes à conserves où les soudures à l’étain contiennent du plomb et dans les récipients en cristal contenant du vin, du vinaigre, du jus de fruits etc... La toxicité chronique du plomb entraîne chez l’adulte différents syndromes : – Le syndrome hématologique se caractérise par des hématies à granulations basophiles, et une anémie hyochrome très fréquente, avec atteinte rénale. – Le syndrome abdominal se manifeste par des douleurs violentes, des coliques avec diarrhées ; des périodes de constipation tenace ; un goût métallique dans la bouche mais aussi une anorexie et des céphalées. – Le syndrome neuromusculaire se caractérise par une irritabilité avec ataxie et des bouffées délirantes entraînant un coma convulsif. Chez l’enfant, la fréquence de la consommation du plomb peut causer des dégâts au cerveau, c’est-à-dire un retard mental plus ou moins avancé. Sur la sellette aussi, le mercure qu’on trouve dans le désinfectant Mercryle Laurylé, les amalgames dentaires, les thermomètres, le thon, les fruits de mer et l’air pollué par les incinérateurs. La toxicité est effroyable chez l’enfant atteint où l’on signale alors un retard mental dès le troisième mois ; des convulsions et la mort à l’âge de 2-3 ans. Aussi, «les aliments de nourrissons préparés selon les standards internationaux et particulièrement ceux vendus dans les contenants en verre sont les plus sûrs», indique le Dr Geahchan. Il ajoute toutefois que «le mercure n’a aucune activité cancérigène ; mais une activité nerveuse exacerbée». Par ailleurs, «20 % des pesticides du marché mondial sont utilisés dans les pays en voie de développement», déclare Mme Pascale Salameh, (faculté de santé publique, UL), qui a relevé le problème de l’intoxication par les pesticides et leurs effets sur le système respiratoire. Au Liban, ces produits utilisés pour éliminer les maladies et les parasites qui pourraient nuire aux récoltes ou aux végétaux entraînent des intoxications suraiguës ou chroniques chez la population. «Une étude épidémiologique menée en 1997 a montré que la population de la Békaa présente autant de symptômes d’intoxication aux pesticides (symptômes nerveux, musculaires, allergiques et crampes) que les utilisateurs professionnels», souligne Mme Salameh. Des études plus poussées ont révélé des infections respiratoires à savoir l’hyperréactivité bronchique, l’asthme et la bronchite chronique. M. Nasri Kaawar, professeur à la faculté d’agriculture de l’AUB, déclare : «Un fruit, que je ne peux pas savonner, ni éplucher (comme la fraise) je ne le mange jamais». En une phrase, le spécialiste résume tous les risques de contamination par les pesticides. Mme Pascale Salameh signale encore qu’en 1999, une étude pilote a été entreprise pour évaluer la prévalence de l’exposition aux pesticides dans la population générale (adulte et pédiatrique). «Des questionnaires ont été distribués dans les salles d’attente de différents services de consultation de deux hôpitaux à Beyrouth. Concernant les enfants», dit-elle, «3 à 4 % des parents font état d’une contamination environnementale régionale. 20 % déclarent traiter leurs jardins par des pesticides. Et 60 %, leurs maisons (avec du Baygon par exemple)». Cette phase pilote a été suivie d’une étude «cas-témoin», chez les adultes souffrant de maladie pulmonaire chronique et ce afin d’évaluer le rôle des pesticides dans la genèse ou l’exacerbation de cette maladie. Les résultats seront disponibles bientôt. Une étude concernant l’asthme chez l’enfant (5 à12 ans) est aussi en cours. Les résultats seront connus en juin prochain. Pour sa part, le Dr Christo Hilan, directeur du laboratoire de Fanar, a mis l’accent sur l’absence de tout contrôle alimentaire au Liban. «Il faut établir des lois ; créer des laboratoires en nombre suffisant avec des techniques modernes et un personnel qualifié», a-t-il insisté. Les recommandations élaborées pendant cette réunion ont été lues par le Dr Robert Sacy, président de la Société libanaise de pédiatrie. En s’adressant aux parents d’enfants en bas âge, il a conseillé d’assurer une eau potable minérale, ou de stériliser l’eau par ébullition, désinfection ou exposition à la lumière solaire pour une durée minimale de deux heures. En ce qui concerne les aliments : – Assurer autant que possible des aliments à teneur très réduite sinon indécelable de tous résidus de pesticides et autres produits toxiques, colorants et métaux lourds tels que recommandés par les standards internationaux ( Codex) et la FDA. À défaut de se procurer des aliments de nourrissons présents sur le marché dans les contenants en verre et qui sont les plus sûrs, les médecins recommandent un bon lavage des légumes et fruits, une bonne désinfection, suivie d’un bon rinçage à l’eau potable. Et d’éplucher ensuite fruits et légumes. Par ailleurs, un comité d’experts aura en charge de diffuser ces recommandations, d’assurer l’éveil nécessaire auprès du corps médical, du public et des institutions étatiques.
Faut-il vraiment connaître l’origine et la nature de ce que l’on consomme ? C’est à vous rendre anoréxique. Des métaux lourds, des résidus de pesticides, de colorants et autres produits toxiques, à teneur élevée, sont présents dans notre eau et nos aliments de base. Les risques de maladies engendrées par l’absorption de ces produits toxiques sont particulièrement...