USA-Cuba Rencontre à huis clos entre le petit Elian et ses grands-mères à Miami

Le petit rescapé cubain Elian Gonzalez a rencontré dans la nuit de mercredi à jeudi ses grands-mères à Miami pendant près de deux heures dans la résidence d’une religieuse, avant de regagner la maison où l’ont recueilli des proches depuis son naufrage fin novembre. «Tout s’est passé comme promis», a déclaré devant la presse une cousine d’Elian, Marisleysis Gonzalez, qui avait conduit le petit garçon par la main jusqu’au lieu de la rencontre avec ses grands-mères. L’avocat des proches de l’enfant à Miami, Spencer Eig, a ajouté que les grands-mères «n’avaient pas voulu voir» le grand-oncle et la grande-tante d’Elian, Lazaro et Delfin Gonzalez. Les grands-mères n’ont, pour leur part, fait aucune déclaration à leur sortie de la maison de la religieuse, qu’elles ont quittée pour revenir à Washington. La réunion à huis clos entre Mariela Quintana, grand-mère paternelle d’Elian, Raquel Rodriguez, grand-mère maternelle, et le petit garçon, avait commencé avec une heure de retard sur l’horaire prévu au domicile du recteur de l’université catholique Barry, à Miami Beach, sœur Jeanne O’Laughlin. Les grands-mères ont été conduites en voiture à la maison de la religieuse, après avoir été amenées en hélicoptère depuis l’aéroport de Miami jusqu’à un hôpital proche. Les deux femmes, qui ont rencontré seules Elian, lui avaient apporté des photographies de sa famille à Cuba et des lettres de son institutrice et de ses camarades de classe. Cette rencontre avait été exigée par les services d’immigration américains (INS), qui avaient menacé les proches de Miami de reconsidérer le statut provisoire leur confiant la garde de l’enfant aux États-Unis, s’ils ne se pliaient pas à leur demande. «Nous avons indiqué (aux grands-mères) que l’affaire était entre les mains d’un tribunal fédéral et que nous avions l’intention de laisser la justice suivre son cours. Nous leur avons indiqué également que la rencontre d’aujourd’hui n’était qu’une rencontre», a souligné une porte-parole de l’INS, Russ Bergeron. Une première rencontre lundi avec l’enfant avait échoué en raison de divergences sur ses modalités entre les grands-mères d’Elian et ses proches à Miami. Une cousine du petit garçon, Georgina Cid, a déclaré pour sa part à Washington que la rencontre d’Elian avec ses grands-mères avait été «manipulée» par les autorités américaines. Georgina Cid est la filleule de Mariela Quintana, la grand-mère maternelle d’Elian. Selon elle, l’enfant a déclaré à son entourage avoir «très peur» lorsqu’on lui a annoncé que ses grands-mères étaient arrivées aux États-Unis pour venir le voir. «J’espère qu’elles ne viennent pas pour me prendre car je n’irai pas» à Cuba, aurait-il déclaré. À Paris, le ministère français des Affaires étrangères a estimé que la place d’Elian Gonzalez «devrait naturellement être auprès de son père» resté à Cuba. «L’affaire du jeune Elian Gonzalez ne doit pas faire l’objet d’une exploitation médiatique et politicienne», a-t-il affirmé. Elian, rescapé d’un naufrage le 25 novembre dans lequel a péri sa mère, ainsi que d’autres Cubains qui tentaient d’immigrer illégalement vers la Floride, est au centre d’une bataille entre son père et sa famille à Cuba qui veulent son retour et ses proches à Miami qui l’ont recueilli et refusent de le laisser partir. Les services de l’immigration américains ont décidé que l’enfant devait retourner auprès de son père, seul détenteur de l’autorité parentale. Une procédure judiciaire, lancée par les proches du garçon à Miami, empêche jusqu’à présent ce retour.