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Actualités - CHRONOLOGIE

Allemagne - Le silence de Kohl assimilé à l'omerta des mafiosi Le cauchemar de la CDU : subir le sort de la DC italienne (photo)

Loi du silence, comptes en Suisse, fondations au Liechtenstein, intermédiaires douteux, corruption : l’Union chrétienne-démocrate (CDU) allemande fait un cauchemar où resurgit le spectre de sa cousine italienne, la Democrazia Cristiana (DC), dont elle craint désormais de partager le sort funeste. L’ex-chancelier Helmut Kohl refuse toujours de livrer les noms des mystérieux donateurs des fonds secrets de la CDU. Commentant son attitude, le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung a été l’un des premiers à sauter le pas : «La parole donnée, invoquée par Kohl pour protéger ses éventuels donateurs, s’apparente de plus en plus à l’omerta des mafiosi». Le ton patelin employé par l’ex-chancelier devant le dernier carré de ses fidèles pour évoquer ces bienfaiteurs anonymes – «de respectables citoyens de notre pays» – ne passe plus. «Oui, cela rappelle le code d’honneur de la mafia», renchérit la Frankfurter Rundschau (centre-gauche), «le silence sur les complices est l’honneur du criminel, le refuge des corrompus». Sans aller jusqu’à parler de «mafia», la secrétaire générale de la CDU, Angela Merkel, a reconnu «l’existence de structures en partie similaires» à du blanchiment d’argent sale au sein du parti, sous la longue présidence de M. Kohl (1973-1998). Commentaire d’un haut fonctionnaire italien interrogé sous couvert de l’anonymat : «Si par le mot mafia, on désigne une organisation criminelle qui a réalisé un montage financier, son usage est approprié» tout comme celui du mot «omerta» pour désigner le mutisme d’Helmut Kohl. Il y a, assure-t-il, «des risques sérieux» que la CDU emprunte la même voie que la DC. Selon ce scénario catastrophe, Helmut Kohl entraînerait son parti dans sa descente aux enfers comme autrefois la DC l’avait été par son ami Giulio Andreotti, qui vient tout juste d’être lavé de l’accusation de complicité avec la mafia par le tribunal de Palerme (Sicile). Cette crainte est désormais partagée par de nombreux responsables de la CDU, tel le chef du gouvernement régional de Thuringe, Bernhard Vogel, qui redoutait ce week-end que les chrétiens-démocrates allemands ne deviennent une force politique «de troisième classe et perdent leur fonction de grand parti populaire». Lancée à la fin des années 80, l’opération «mains propres» des magistrats italiens avait révélé l’ampleur de la corruption des dirigeants politiques du pays, leur collusion avec l’industrie et Cosa Nostra. Au centre du système : la DC qui, après avoir participé à 52 gouvernements depuis la guerre, avait vu son électorat fondre comme neige au soleil. En 1994, minée par ses dissensions, la DC avait implosé. Aucune des multiples formations issues de ses rangs n’est parvenue à récupérer son électorat, séduit par des partis de droite sans passé, Forza Italia de Silvio Berlusconi ou l’Alliance nationale de Gianfranco Fini. Pour Anna Schwarz, professeur de sociologie politique à l’Université européenne de Francfort-sur-l’Oder (est), il faut toutefois se garder des comparaisons hâtives. «La mafia a une très large assise sociale alors qu’ici cela ne concerne qu’une toute petite élite», relève-t-elle, et la CDU n’est pas «menacée pour le moment d’éclatement». Contrairement aussi à l’Italie du début des années 90, l’électorat allemand ne semble pas prêt à se précipiter dans les bras de l’extrême droite. «La chance de l’Allemagne est que ses partis d’extrême droite ne sont pas aussi affûtés qu’en Autriche», relève Mme Schwarz, dont les propos sont étayés par les instituts de sondage unanimes.
Loi du silence, comptes en Suisse, fondations au Liechtenstein, intermédiaires douteux, corruption : l’Union chrétienne-démocrate (CDU) allemande fait un cauchemar où resurgit le spectre de sa cousine italienne, la Democrazia Cristiana (DC), dont elle craint désormais de partager le sort funeste. L’ex-chancelier Helmut Kohl refuse toujours de livrer les noms des mystérieux...