Tchétchénie - La commission européenne décrète des sanctions commerciales contre la Russie La libération de Grozny est proche d'un tournant, estime Moscou(photo)

Les Russes ont affirmé qu’ils iraient «jusqu’au bout» en Tchétchénie malgré les sanctions des Occidentaux alors que des combats acharnés ont eu lieu à Grozny, où les forces fédérales essuient le feu des Tchétchènes même dans les quartiers qu’ils contrôlent. La bataille de Grozny a fait environ 100 morts dans le camp russe depuis le lancement d’une nouvelle offensive contre la ville le 16 janvier, a déclaré le général Guennadi Trochev, sur la chaîne NTV. Les troupes russes ont continué à avancer hier vers le centre-ville, ont affirmé des militaires russes à Grozny, alors que le ministre de la Défense Igor Sergueïev estimait que la «libération» de Grozny était «proche d’un tournant». Sur le front diplomatique, le ministre russe des Affaires étrangères Igor Ivanov a averti que Moscou conduirait «jusqu’au bout» son «opération antiterroriste», à Strasbourg devant l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Son plaidoyer a été écouté, le Conseil a refusé de sanctionner la délégation russe en rejetant un amendement demandant la suspension de ses droits de vote en raison du conflit. Mais au même moment à Bruxelles, cette offensive a valu à Moscou ses premières sanctions commerciales avec la décision de la commission européenne de limiter de 20 % certains quotas d’importations d’aciers russes, soit un manque à gagner d’environ 30 millions d’euros. Dans une première réaction, un responsable du Kremlin, Sergueï Iastrjembski, a minimisé cette mesure qu’il a qualifiée d’«avertissement symbolique». À Moscou, le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, a estimé qu’il était «nécessaire de prêter plus d’attention à la défense des droits de la population civile en Tchétchénie», au début d’une visite de trois jours. Le conflit a fait de nombreux morts civils et plus de 200 000 réfugiés. Sur le terrain, les forces fédérales sont la proie d’un harcèlement constant des combattants indépendantistes à Grozny, malgré des frappes massives de l’aviation et de l’artillerie. «Les indépendantistes mènent une guerre de partisans, il n’y a pas de ligne de front», a expliqué un capitaine, racontant qu’il avait été avec ses hommes la cible de tirs tchétchènes près de Khankala, un quartier de l’est de Grozny, où les Russes ont installé leur état-major. Ce dernier n’a fourni aucun chiffre de perte mais des militaires russes ont déclaré à Grozny que quatre militaires étaient morts. Selon d’autres militaires, les combats à Grozny font actuellement au moins 20 morts par jour. Les troupes fédérales se trouvaient hier soir à environ 250 mètres de la place Minoutka, un carrefour stratégique qui ouvre la voie vers le centre-ville et qui est depuis des jours l’enjeu de féroces combats. Les forces fédérales affirment désormais contrôler les accès sud et sud-est conduisant à la place Minoutka. Des combats ont également eu lieu au sud et à l’est de Grozny. Les Tchétchènes ont affirmé pour leur part avoir repoussé au cours des dernières 24 heures une avancée des forces russes vers le centre de Grozny. Selon eux, une colonne de blindés russes accompagnée d’environ 300 soldats qui s’était avancée par l’est jusqu’à 500 mètres de la place Minoutka a été «presque entièrement détruite», a affirmé un conseiller de la présidence tchétchène. Les Tchétchènes ont également affirmé avoir «détruit» une autre colonne de 100 soldats qui a traversé la rivière Sounja et se dirigeait vers le nord. Les Tchétchènes affirment avoir perdu au cours des dernières 24 heures cinq combattants. Selon les Russes, ils ont perdu 80 hommes. Entre 2 500 et 3 000 combattants tchétchènes se trouvent dans Grozny, selon Moscou. Moscou affirme pour sa part avoir déployé 93 000 hommes en Tchétchénie.