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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Le système sur la sellette Des articles anciens de Hoss prouvent son hostilité au confessionnalisme

On ne peut décidément reprocher à M. Sélim Hoss aucune versatilité intellectuelle. Depuis qu’il est entré en politique, il n’a jamais varié sur la question de l’abolition (il préfère le terme de «dépassement») du confessionnalisme politique. Bien avant Taëf, de 1976 à 1987, parallèlement à ses prises de position publiques, il a publié sur le sujet un nombre assez impressionnant d’articles. Dans l’un de ces développements, on relève le passage suivant : «En matière de système, égalité et confessionnalisme sont antonymes. En effet, le confessionnalisme enfreint le principe de l’égalité des chances dans la mesure où il initie une distinction entre un citoyen et un autre sur base d’identité spirituelle. Beaucoup de Libanais éprouvent dès lors un sentiment de discrimination, donc de dépaysement dans leur propre patrie où ils se sentent traités en étrangers à cause de leur appartenance religieuse. Ce qui arrive même si on appartient à l’une des communautés principales. Ces Libanais se sentent pourtant qualifiés pour assumer des postes de commande dans l’État, ce dont ils peuvent être frustrés pour le simple fait qu’ils relèvent de telle grande minorité déterminée». M. Hoss relève ensuite qu’il ne faut cependant pas trancher dans le vif, que le confessionnalisme doit être lentement éliminé au niveau des mentalités, à travers un programme par étapes. Et il conclut en affirmant que «le Liban ne peut être unifié par un président partisan ou radical. Le confessionnalisme politique ne peut durer qu’à travers le modérantisme et il en va de même pour le Liban, en attendant que mûrissent les conditions propices à l’abolition du confessionnalisme des mentalités comme des lois». Dans un autre texte intitulé «Fenêtre sur avenir», datant de la guerre, M. Hoss écrit : «Nous avons expérimenté depuis 1943 la recette des arrangements confessionnels. Le résultat en est l’état de déchirement, d’effondrement, que nous vivons aujourd’hui. Essayons donc autre chose. La solution consiste dans l’abolition du confessionnalisme, en politique comme dans la fonction publique, l’Administration, la magistrature et l’armée. La préservation du système confessionnel signifie le maintien des lignes qui distinguent les fidèles d’une communauté des adeptes d’une autre communauté. Comment la patrie peut-elle rester unifiée si la citoyenneté ne l’est pas ? Mais l’abolition ne servirait à rien si elle se limitait aux textes réformant le système. Il faut en effet qu’elle atteigne les esprits. Car avant d’être traduit en système, le confessionnalisme était un concept, un comportement, une allégeance, un engagement déterminé. On ne peut le gommer qu’en effaçant des mentalités la fibre politique à caractère confessionnel. Il faut pour cela une orientation générale au service de laquelle l’État mobiliserait toutes ses potentialités en matière d’information, de pédagogie et de service du drapeau. De même cette orientation doit dicter à l’État la manière de traiter avec les gens». À travers les décennies, le président Hoss confirme son opinion au sujet du confessionnalisme. C’est ce qui ressort de son exposé devant la délégation des Ligues chrétiennes dirigée par M. Pierre Hélou. On sait qu’en principe, l’action visant à abolir le confessionnalisme aurait dû être entamée dès 1992. Les accords de Taëf, et la Constitution qui en découle, prévoient en effet que cette démarche doit être initiée par la première Chambre élue après le changement de république. M. Hoss souligne cependant avec réalisme que l’affaire est de longue haleine et pourrait bien ne pas être réalisée dans les prochaines années. Il note donc qu’il faut, avant de parler de suppression, dépasser l’État confessionnel. En mettant l’accent, par exemple, sur le manuel scolaire unifié, le mariage civil et différents autres éléments se rapportant au problème. En base d’un programme élaboré par le Comité national prévu dans la Constitution, instance dont la formation doit représenter le premier pas d’une longue marche.
On ne peut décidément reprocher à M. Sélim Hoss aucune versatilité intellectuelle. Depuis qu’il est entré en politique, il n’a jamais varié sur la question de l’abolition (il préfère le terme de «dépassement») du confessionnalisme politique. Bien avant Taëf, de 1976 à 1987, parallèlement à ses prises de position publiques, il a publié sur le sujet un nombre assez...