Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Système politique - Où se trouve la source de tous les maux ? La controverse sur le confessionnalisme politique reprend

Le confessionnalisme politique est-il vraiment l’antipanacée par excellence, c’est-à-dire la source de tous les maux, de toutes les tares de ce pays ? À cette question, une personnalité religieuse répond par une autre : est-ce qu’en abolissant ce système on éliminerait le fanatisme, on ferait reculer les mouvements intégristes, on neutraliserait les activistes extrémistes ? La controverse entre les partisans de l’abolition du confessionnalisme politique et ceux de son maintien à défaut d’une laïcisation totale de la vie collective libanaise dure depuis l’indépendance. Ou plutôt depuis qu’existe le fameux article 95 C (Constitution) de 1926, amendé en 1990, et qui dit dans sa nouvelle version : – «L’Assemblée nationale, élue à parité égale islamo-chrétienne, doit prendre les dispositions nécessaires en vue de la suppression du confessionnalisme politique, en base d’un programme par étapes. L’Assemblée nationale est tenue de mettre sur pied un comité national placé sous la présidence du chef de l’État et englobant, en sus du président de l’Assemblée nationale et du président du Conseil, des personnalités politiques, intellectuelles et représentatives. La mission de ce comité devrait être d’élaborer des propositions susceptibles de faire avancer l’abolition du confessionnalisme, de les soumettre à l’Assemblée nationale comme au Conseil des ministres et d’assurer ensuite le suivi de l’exécution des étapes établies dans le cadre du programme d’ensemble». C’est clair, net et précis. À cette redoutable nuance près que le même article 95 C s’empresse ensuite d’édicter qu’il devra y avoir une période transitoire sine die. Autrement dit qu’on installerait un provisoire indéfiniment durable. Le texte dit à ce propos : – «Au cours de la période transitoire : 1) Les communautés seront équitablement représentées dans la formation du Cabinet. 2) La règle de la représentation confessionnelle est abolie. En conformité avec les exigences de l’entente nationale, on ne prendra en compte dans la Fonction publique, la magistrature, les services militaires ou sécuritaires, les institutions publiques ou mixtes, que la spécialisation et la compétence. À l’exception toutefois des fonctions de la première catégorie et de ce qui peut leur être assimilé. Ces postes seront répartis à parts égales entre chrétiens et musulmans, sans spécification d’aucun apanage pour une communauté déterminée et toujours en respectant les principes de spécialisation et de compétence». Une sorte de jugement à la Salomon, ménageant la chèvre et le chou, abolissant le confessionnalisme sans le faire. Toujours est-il que par une ironie naturelle du sort levantin, on trouve aujourd’hui parmi les plus ardents partisans de l’abolition des partis dont l’essence même est confessionnelle. Reprenant le débat d’idées, la personnalité citée relève en substance que «certains avancent que l’équilibrage confessionnel ne dynamise pas l’édification d’une nation et ne conforte pas le civisme bien compris. Ils ajoutent que l’on doit axer sur un équilibrage social et sur le développement national, pour que les mentalités mûrissent afin que le confessionnalisme soit aboli sur ce plan avant de l’être dans les textes. D’autant, soulignent les défenseurs de cette thèse, que parmi ceux qui pourfendent volontiers en paroles le confessionnalisme on note nombre de confessionnalistes invétérés». «Mais, poursuit le dignitaire religieux, le système de pouvoir est issu au Liban d’une Constitution qui se fonde sur la coexistence et la participation équilibrée à la gestion des affaires publiques. Cette formule se rapproche du modèle dit de “démocratie consensuelle” appliqué dans plus d’un pays à société composite. Ce n’est pas une telle solution en soi qui est source de problèmes, mais l’usage malsain qu’on en fait. Il est d’ailleurs possible de la remodeler en fonction de l’évolution sociopolitique du pays qui peut atténuer au sein des groupes locaux le sentiment confessionnel. Le besoin d’un système confessionnalisé peut être réduit par la promotion, la dynamisation d’institutions civiles et l’abolition du confessionnalisme politique se mettrait ainsi en route». Pour le moment, juge cette personnalité, «le sens civique n’est ni antonyme du confessionnalisme politique ni en contradiction avec la revendication de l’équilibre comme d’une participation effective au pouvoir. De même, ce n’est pas l’existence de notre système qui est la cause de l’émergence de mouvements fondamentalistes. Ces derniers fleurissent aussi, on le voit bien ailleurs, dans des pays parfaitement laïcs. Chez nous, il est bien prouvé que ce phénomène est importé. Son expansion s’explique par la précarité sociale, les oppressions aussi, des causes qui nécessitent un traitement en profondeur. Dans chaque État, le pouvoir assume une large responsabilité à l’égard de telles difficultés que parfois il n’est pas en mesure de traiter comme il convient». «Pour tout dire, souligne cette personnalité spirituelle, ce n’est pas en déconfessionnalisant les trois présidences ou la Fonction publique que l’on peut consacrer un civisme reflétant de la part de tous une profonde appartenance à la nation. Ce n’est pas en mettant par exemple un musulman à la tête de l’État et un chrétien à la tête du gouvernement que l’on éliminerait les causes de l’intégrisme et du fanatisme sectaire. Il est également évident que la mise sur pied d’un comité national pour l’abolition du confessionnalisme politique n’est pas une fin en soi. Il faut un plan par étapes proposant des traitements déterminés comme l’unification des programmes pédagogiques et de l’enseignement religieux, si on ne peut le supprimer. Il faut aussi une campagne d’information et d’éveil».
Le confessionnalisme politique est-il vraiment l’antipanacée par excellence, c’est-à-dire la source de tous les maux, de toutes les tares de ce pays ? À cette question, une personnalité religieuse répond par une autre : est-ce qu’en abolissant ce système on éliminerait le fanatisme, on ferait reculer les mouvements intégristes, on neutraliserait les activistes...