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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

PATRIMOINE Mgr Ghofril Salibi, le « sauveteur » des icônes de la cathédrale Saint-Georges, se souvient…

Le musée Sursock expose jusqu’au 29 octobre des icônes et des pièces ornementales de la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes de Beyrouth (Place de l’Étoile). Dévasté durant la guerre, ce somptueux lieu de culte, construit sur trois couches archéologiques superposées (byzantine, romaine et hellénistique) et classé monument historique, recelait de véritables chefs-d’œuvre iconographiques. Les quelques pièces présentées au musée Sursock en rendent compte. Mais ce ne sont là qu’une petite partie des œuvres d’art sacré qui ornaient la cathédrale et qui ont été sauvegardées de la destruction par Mgr Ghofril Salibi. Le métropolite d’Europe occidentale, de passage pour quelques jours à Beyrouth, raconte comment il a réussi à les sauver, au péril de sa vie. «J’ai toujours porté un attachement très profond à cette cathédrale où, depuis 1941, j’ai officié comme diacre et célébré la messe en tant que prêtre, puis comme évêque auxiliaire de Beyrouth. Ce lieu fait partie de ma vie et j’en connais chaque recoin par cœur. En visitant l’exposition du musée Sursock, je revoyais l’emplacement de chaque icône, la place du trône de l’évêque, etc.». Visiblement ému rien que par l’évocation de ce sujet, le prélat se remémore les circonstances qui l’on amené à voler au secours de ce patrimoine artistique. «C’était aux premiers mois de la guerre, en 1975, se souvient-il. J’ai lu dans les journaux que la cathédrale avait été touchée et qu’elle était en train de brûler. J’ai décidé sur-le-champ de traverser la ligne de démarcation pour voir ce que je pouvais faire. J’ai appelé M. Ibrahim Koleilat, chef des Mourabitoune, en lui disant qu’il fallait à tout prix sauver les icônes de la cathédrale Saint-Georges. Il a mis à ma disposition une dizaine de ses hommes. Nous avons été place Riad el-Solh et là nous avons traversé par les sous-sols des bâtiments qui communiquaient entre eux pour arriver à la place de l’Étoile et à l’église. Malheureusement, une centaine d’icônes, celles de tous les saints de l’année, étaient déjà en cendres. Nous avons commencé par enlever les ornements et les services des offices (Bible, Évangile, calice, mitres d’évêque, etc.) qui sont très anciens. Puis nous avons démonté les grandes icônes de l’iconostase et nous avons fait descendre les trois grandes croix qui surmontaient les trois autels (dédiés à saint Nicolas, saint Georges et saint Élie). Nous avons également réussi à sauver le trône de l’évêque. Certaines pièces ont été soustraites en morceaux, d’autres étaient intactes. Nous avons œuvré durant cinq jours pour sauvegarder tout ce que l’on pouvait sortir. Et le sixième jour, nous avons érigé un mur pour protéger l’iconostase. Malheureusement, il a été démoli plus tard et des morceaux de l’iconostase ont été arrachés. On en a retrouvé certains en Europe». «C’est ainsi que nous avons préservé de la destruction et du pillage tout ce qui pouvait être enlevé. Nous avons commencé par tout entreposer au couvent de Saint-Élie Btina, à Mousseitbé. Et au moment de l’élection du président Élias Sarkis, profitant d’une petite accalmie, nous avons transféré les pièces sauvées à l’archevêché grec-orthodoxe de Beyrouth ». Aujourd’hui, ces pièces sont en train d’être restaurées. Elles reprendront leur place dans la cathédrale, également en pleine opération peau neuve. Un comité présidé par M. Ghassan Tuéni et formé de personnalités politiques et sociales ainsi que d’architectes et d’ingénieurs a pour mission de collecter les fonds nécessaires pour la restauration du bâtiment. «J’ai promis au comité de m’activer en Europe pour obtenir un soutien financier à cette opération de grande envergure, indique Mgr Salibi. Un projet qui me tient à cœur». Pour qu’à nouveau la cathédrale, qui a «accueilli le roi de Grèce en 1958, le patriarche Alexis Ier de Moscou ainsi que les présidents de la République aux offices des Pâques orthodoxes chaque année», puisse reprendre son prestige d’antan… Z.Z.
Le musée Sursock expose jusqu’au 29 octobre des icônes et des pièces ornementales de la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes de Beyrouth (Place de l’Étoile). Dévasté durant la guerre, ce somptueux lieu de culte, construit sur trois couches archéologiques superposées (byzantine, romaine et hellénistique) et classé monument historique, recelait de véritables...