Liban-Israël - Il s’agirait d’un homme d’affaires, officier de réserve, enlevé il y a dix jours en Suisse Le Hezbollah annonce la capture d’un colonel israélien

À la veille du sommet de Charm el-Cheikh censé présider à un retour au calme au Proche-Orient, le Hezbollah a lancé un nouveau défi à Israël, en annonçant dimanche la capture d’un officier israélien. Cet enlèvement, dont les circonstances demeurent mystérieuses, a été confirmé par l’État hébreu. Selon les sources israéliennes, l’homme avait disparu en Suisse, il y a une dizaine de jours C’est le ministère israélien de la Défense qui a confirmé le rapt, intervenu il y a dix jours à Lausanne, d’un ressortissant israélien, Elhanan Tennenbaum, 54 ans, un colonel de réserve de l’armée de l’air qui est employé pour une firme de conseil liée à deux des plus importantes sociétés d’électronique et d’armement israéliennes, Tadiran et Rafael. Contacté à la suite de la confirmation israélienne, le Hezbollah s’est refusé à tout commentaire. Le secrétaire général du parti intégriste Hassan Nasrallah avait affirmé auparavant que la «résistance islamique», branche armée de son mouvement, avait «réussi à faire prisonnier un officier israélien ayant rang de colonel». Pour donner plus d’impact à cette annonce, il l’avait faite lors d’une allocution télévisée, à l’ouverture, à Beyrouth, d’un congrès des «forces patriotiques et islamiques» de soutien aux Palestiniens. Le chef du gouvernement Sélim Hoss venait de l’inaugurer en appelant les pays arabes concernés à la rupture des liens diplomatiques et économiques avec Israël (voir encadré). Après avoir fait son annonce, très applaudie par l’assistance, cheikh Nasrallah s’est tourné vers M. Hoss et lui a dit : «Je m’excuse M. le Premier ministre, vous allez avoir à supporter des appels de Madeleine Albright (la secrétaire d’État américaine)». À ce congrès, assistaient notamment des figures du radicalisme palestinien, comme le chef du Jihad islamique Ramadan Abdallah Challah et le président du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal. Cheikh Nasrallah a déclaré que l’officier kidnappé, «qui travaille avec les services de renseignements de l’ennemi», a été capturé au cours d’une «opération compliquée dont nous donnerons les détails ultérieurement». Interrogé sur la date de cette opération, le secrétaire général du Hezbolah n’a pas voulu répondre, se bornant à déclarer : «Laissons les Israéliens dans la confusion». Barak : « Un acte mafieux » À Jérusalem, le Premier ministre israélien Ehud Barak a qualifié en soirée «d’acte mafieux» l’enlèvement de l’officier de réserve. «Cet enlèvement ressemble plus à une opération de la mafia qu’à une action militaire», a déclaré à la télévision publique M. Barak. Il a affirmé que la victime était «un citoyen ordinaire, un homme d’affaires qui n’a rien à voir avec la sécurité israélienne si ce n’est d’être un officier de réserve, à l’instar d’un grand nombre de ses concitoyens». «C’est là une chose qui contredit toutes les normes internationales et que nous ne pouvons tolérer», a ajouté M. Barak. Le vice-ministre israélien de la Défense Ephraïm Sneh a mis en cause la Syrie. «Nous considérons la Syrie comme responsable pour des actions qui sont préparées et organisées au Liban, un pays sous sa coupe», a-t-il déclaré à la télévision publique. Peu auparavant, le ministère israélien de la Défense avait confirmé le rapt. «Cet homme, qui est un réserviste de l’armée, a été enlevé lors d’une action terroriste à l’étranger où il est porté disparu», a indiqué le ministère dans un communiqué. «Il s’était rendu à l’étranger à son initiative pour des raisons personnelles», ajoute le texte, qualifiant l’enlèvement d’«acte grave, contraire à toutes les lois internationales». Avant cette confirmation, M. Barak avait indiqué sur la chaîne CNN qu’il n’avait «pas connaissance qu’un tel événement se soit produit le long de la frontière avec le Liban». «Mais on ne peut pas exclure la possibilité que, quelque part, un des milliers d’Israéliens dispersés dans le monde ait été enlevé et que cela soit arrivé à un colonel de réserve», avait-il ajouté. Pour sa part, le conseiller sécuritaire du Premier ministre, Danny Yatom, avait précisé que le «fils d’un homme d’affaires israélien, qui s’était rendu à l’étranger, a signalé qu’il n’avait plus de nouvelles de lui depuis quelques jours». «Comme cet homme d’affaires est colonel de réserve, nous vérifions s’il n’a pas été enlevé», avait-il dit. Le chef d’état-major des forces armées israéliennes, le général Shaoul Mofaz, a, pour sa part, affirmé lors d’une conférence de presse «qu’aucun incident militaire ne s’était produit dimanche sur la frontière nord». «Mais je ne peux pas totalement démentir toutes ces informations», a-t-il poursuivi à propos des affirmations du Hezbollah. «Il se peut que quelque chose de ce genre (un enlèvement) se soit produit ailleurs. Nous poursuivons les vérifications», a-t-il ajouté sans donner d’autres précisions. Le 7 octobre, le Hezbollah avait annoncé la capture de trois soldats israéliens dans le secteur des fermes de Chebaa. Alors que les affrontements sanglants entre Israéliens et Palestiniens battaient leur plein, l’opération de commando du Hezbollah dans un secteur contrôlé par Israël depuis 1967 avait aggravé l’atmosphère générale de crise au Proche-Orient. Avec la mort le même jour de deux manifestants palestiniens sous les balles israéliennes, la capture des soldats avait provoqué un fort regain de tension à la frontière libano-israélienne. Israël avait menacé de représailles le Liban et la Syrie. Tout au long de la semaine écoulée, des offres de médiation ont été faites, par plusieurs pays, dont la Russie et l’Espagne, en vue d’un échange éventuel de ces soldats avec les 19 Libanais détenus en Israël et avec des Palestiniens et d’autres Arabes également prisonniers.