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Actualités - ANALYSE

Assad résolu à réguler les relations syro-libanaises

Tous ses visiteurs le confirment : le président Bachar el-Assad se dit absolument résolu à épurer les relations de son pays avec le Liban de toutes les scories qui les alourdissent. Le jeune chef de l’État syrien sait très exactement de quoi il en retourne. On se rappelle en effet qu’avant la disparition de son père, et alors qu’il n’avait encore aucune charge officielle, il s’était vu confier personnellement le dossier Liban, qu’il a traité durant de longs mois. Aujourd’hui, il répète à qui veut l’entendre qu’il entend fonder les rapports syro-libanais sur de solides bases de transparence, de coopération et de confiance mutuelle. Pour que le sujet cesse de susciter des doutes ou des appréhensions, chez les uns ou chez les autres. À cette fin, et son agenda d’audiences le prouve amplement, M. Assad commence par ouvrir un dialogue direct avec des personnalités de tous bords. Et il reçoit notamment nombre de figures de proue de l’Est politique. Qu’est-ce que cette démarche peut bien donner ? Ne risque-t-elle pas de se heurter à de malveillantes entraves ? – «Le risque existe en effet, répond l’un des derniers visiteurs du président Assad. Il existe, chez nous, une minorité radicalisée qui réfute l’idée même de relations privilégiées avec la Syrie. Aux yeux de cette fraction ultra, les intérêts des deux pays sont trop différents, sinon trop divergents, pour justifier une coordination et il vaut mieux établir avec la Syrie des relations diplomatiques, comme avec les autres pays arabes». – «Mais, poursuit cette personnalité, il existe aussi une autre partie libanaise qui peut tenter de brouiller les cartes. Il s’agit, on le devine aisément, de certaines formations ou de certains pôles qui voudraient continuer à se réserver une sorte d’exclusivité dans des rapports bilatéraux, source pour eux d’une montagne d’avantages, politiques ou d’ordre matériel. Ces groupes ou ces leaders parviennent en effet, depuis de longues années, à tenir le haut du pavé, à dominer leurs concurrents, grâce à leurs amitiés syriennes. Ils se considèrent comme potentiellement lésés par l’ouverture qu’engage actuellement Damas en direction de courants représentatifs tenus jusque-là à l’écart». – «Toujours est-il, souligne ce modéré, qu’au moment présent, la parole semble donnée à la partie libanaise qui souhaite d’étroites relations bilatérales mais fondées sur le respect de la souveraineté et de l’indépendance véritable du Liban. Cette fraction est nettement hostile à Israël. Elle a lutté contre les tentatives de cet État d’établir son influence sur la scène libanaise, tentatives qui ont d’ailleurs échoué bien avant le retrait du Sud. Cette partie refuse, dans la même logique, toute attitude d’inimitié à l’égard de Damas. Mais elle ne peut s’empêcher de constater que les pratiques syriennes au Liban sont loin d’être exemplaires et altèrent les relations bilatérales. Il faut donc corriger la trajectoire. Sur le fond, il est nécessaire de comprendre que des relations authentiquement privilégiées n’ont pas besoin de la protection de forces armées ou de services sécuritaires. Elles coulent de source, une fois qu’elles sont approuvées et soutenues par l’ensemble du peuple libanais. De plus, il est évident que sans une solide confiance mutuelle, les rapports bilatéraux, minés par le doute ou même par la terreur, ne peuvent que se dégrader». – Et d’affirmer ensuite que «le patriarche Sfeir se trouve à la tête de ceux qui souhaitent la meilleure des ententes cordiales entre le Liban et la Syrie. Ils pensent qu’ils doivent coopérer dans tous les domaines. Mais en respectant scrupuleusement, sans esprit de domination et sans discrimination arbitraire, les pactes, les accords ou les traités conclus. Pour traiter d’une manière positive les questions d’intérêt commun ou pour faire face aux défis que les deux pays affrontent. En ménageant la souveraineté et la libre décision du Liban». – «Le président Nabih Berry et M. Fouad Boutros , soutient la même personnalité, se trouvent encouragés par les vents qui soufflent de la capitale syrienne, à poursuivre leurs efforts en vue de parfaire les relations libano-syriennes. Qui seraient applaudies dès lors par tous les Libanais et non par une seule partie». – On peut toutefois se demander, après la rebuffade à peine camouflée essuyée par le président de la Chambre à cause de son annonce de redéploiement syrien, s’il n’existe pas également, ailleurs qu’au Liban, une partie qui rejette l’orientation d’ouverture décidée par le palais des Mouhajirine. – Quoi qu’il en soit, selon des sources fiables, M. Boutros pour sa part aurait sous peu un nouvel entretien avec le président Assad. Dont les vues, selon les mêmes sources, sont hautement approuvées par Bkerké. Émile KHOURY
Tous ses visiteurs le confirment : le président Bachar el-Assad se dit absolument résolu à épurer les relations de son pays avec le Liban de toutes les scories qui les alourdissent. Le jeune chef de l’État syrien sait très exactement de quoi il en retourne. On se rappelle en effet qu’avant la disparition de son père, et alors qu’il n’avait encore aucune charge...