Rechercher
Rechercher

Actualités - BIOGRAPHIE

Hannibal vu par Adolphe Thiers

Nous ne résistons pas à l’envie de reproduire ci-après le portrait, d’Hannibal, que fait Adolphe Thiers dans «L’Histoire du consulat et de l’empire» (tome 20, pages 778 et suivantes) à propos d’un parallèle entre Napoléon et les grands capitaines de l’histoire : «À côté de cette vie à la fois si pleine et si vide (d’Alexandre), voici la vie la plus vaste, la plus sérieuse, la plus énergique qui fut jamais : c’est celle d’Hannibal. «Son père étant mort, son beau-frère aussi, l’un et l’autre les armes à la main, l’armée carthaginoise le demande pour chef à 22 ans, et l’impose pour ainsi dire au sénat de Carthage, jaloux de la glorieuse famille des Barca. Il prend le commandement de cette armée, la fait à son image, c’est-à-dire pleine d’audace, de constance et surtout de haine contre les Romains, la mène à travers l’Europe, inconnue alors comme l’est aujourd’hui le centre de l’Afrique, ose franchir les Pyrénées, puis les Alpes avec quatre-vingt mille hommes dont il perd les deux tiers dans ce trajet extraordinaire, et, dirigé par cette pensée profonde que c’est à Rome même qu’il faut battre Rome, vient soulever contre elle ses sujets italiens mal soumis. Il fond sur les généraux romains, les force à sortir de leur camp en piquant la bravoure de l’un, la vanité de l’autre, les accable successivement, et triompherait de tous s’il ne rencontrait enfin un adversaire digne de lui, Fabius, qui veut qu’on oppose à ce géant non pas les batailles, où il est invincible, mais la vraie vertu de Rome : la persévérance». «Hannibal, sentant Rome imprenable, va au midi de l’Italie, où se trouvait une riche civilisation, consistant en villes toutes gouvernées à l’image de Rome, c’est-à-dire par des sénats que le peuple jalousait. Il renverse partout le parti aristocratique, quoique aristocrate lui-même, donne le pouvoir au parti démocratique, fait de Capoue le centre de son empire, et ne s’endort point, comme on l’a dit, dans des délices qu’il ne sait goûter, mais repose, refait son armée amaigrie, amasse pour elle les richesses du pays, et, appelant le monde entier à son aide, étendant la guerre à la Grèce, à l’Asie, il détruit sans cesse les forces envoyées contre lui, se maintient douze ans dans sa conquête, au point de faire considérer aux Romains sa présence en Italie comme un mal sans remède. Mais un jour arrive, où les Romains à leur tour portant la guerre sous les murs de Carthage, il est rappelé, lutte avec une armée détruite contre l’armée romaine reconstituée, et sa fortune déjà ancienne est vaincue par une fortune naissante, celle de Scipion, suivant l’ordinaire succession des choses humaines. Rentré dans sa patrie, il essaye de la réformer pour la rendre capable de recommencer la lutte contre les Romains. Dénoncé par ceux dont il attaquait les abus, il fuit en Orient, essaye d’y réveiller la faiblesse des Antiochus, y est suivi par la haine de Rome, et quand il ne peut plus lutter, avale le poison et meurt le dernier de son héroïque famille, car tous ont succombé comme lui à la même œuvre, œuvre sainte, celle de la résistance à la domination étrangère. En contemplant cet admirable mortel, doué de tous les génies, de tous les courages, on cherche une faiblesse, et on ne sait où la trouver».
Nous ne résistons pas à l’envie de reproduire ci-après le portrait, d’Hannibal, que fait Adolphe Thiers dans «L’Histoire du consulat et de l’empire» (tome 20, pages 778 et suivantes) à propos d’un parallèle entre Napoléon et les grands capitaines de l’histoire : «À côté de cette vie à la fois si pleine et si vide (d’Alexandre), voici la vie la plus vaste, la...