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Actualités - BIOGRAPHIE

LIRE EN FRANÇAIS ET EN MUSIQUE - Calligraphie Hassan Musa : Aller toujours plus loin dans la recherche de la trace esthétique

Auteur-illustrateur de livres pour enfants et pour jeunes, Hassan Musa est aussi – et surtout – un calligraphe pas comme les autres, qui cherche à aller toujours plus loin dans sa recherche esthétique et artistique de l’image. Au salon du Livre, on l’a vu faire des démonstrations de son art, s’aidant de plusieurs outils assez incongrus. Et ce soir à 20h30, l’artiste se produira sur la scène du Théâtre de Beyrouth (Aïn el-Mreissé), en accompagnement du spectacle des deux conteurs, Jihad Darwiche et Praline Gay-Para. Né au Soudan en 1951, Hassan Musa a étudié les beaux-arts à Khartoum. Il est l’auteur d’une thèse de doctorat en histoire de l’art. Depuis 1969, il expose ses œuvres de plasticien, d’illustrateur et de calligraphe dans différents pays d’Europe, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique. Il anime aussi des ateliers d’initiation à la calligraphie à l’intention des enfants comme des adultes, et enseigne les arts plastiques. Musa, qui est installé dans le Gard (sud de la France), est l’auteur d’une quinzaine de livres aux dessins très originaux. Des images poétiques, innocentes ou drôles, qui invitent à l’évasion, accompagnées de beaux textes courts, et dédiées aux enfants, de 4 à 77 ans. «Mon travail n’est pas celui d’un calligraphe traditionnel, mais plutôt d’un illustrateur, et même d’un bricoleur, précise-t-il dans un sourire. Mon souci initial et essentiel est l’image, que je recherche en premier. Et il se trouve qu’à un moment, j’ai senti qu’il y avait, dans le territoire des calligraphes, un certain type d’image qu’on ne trouvait pas ailleurs. J’ai alors été obligé de faire mon apprentissage dans ce domaine en autodidacte». Toutefois, il souligne que certaines choses l’épatent dans le travail de ses collègues calligraphes. «Ils font des choses qui me semblent acrobatiques, peut-être parce que je n’ai pas cherché à les apprendre. Par ailleurs, certaines trouvailles dans la technique de la calligraphie telle que je la pratique peuvent aussi les étonner, parce qu’il n’est pas dans leur projet de chercher ce genre de choses liées à l’image». L’écriture l’intéresse parce qu’elle est difficilement saisissable ; parce qu’elle est le reflet de notre état d’esprit et parce qu’il lui semble que c’est un terrain où ceux qui se disent artistes et ceux qui n’ont aucune prétention de pratique esthétique peuvent s’y croiser ou se retrouver. «C’est donc un terrain de recherche et d’exploitation esthétique très intéressant et très riche», ajoute-t-il. Les ouvrages de Hassan Musa sont d’abord des livres d’images. Bien sûr, il y a aussi des textes, des contes souvent, ou des histoires inventées, ou encore des devinettes. Mais l’auteur commence toujours à concevoir ses livres à partir des illustrations puis arrange l’histoire en fonction de celles-ci. «Mon ambition serait de faire un livre où il n’y aurait que des images, mais ce genre de livres est encore difficile à faire accepter, affirme-t-il. Car dans la tradition du livre telle que nous la connaissons depuis les XVIIIe et XIXe siècles, le livre est vu toujours comme l’affaire de l’écrivain, et rarement comme l’affaire de celui qui fait des images. Et pourtant, dans les livres qui s’adressent aux enfants, l’image occupe souvent une place importante, ainsi que le façonnage du livre». Toutefois, il a bon espoir que les choses changent. «Il y a de plus en plus de gens qui pensent que le livre est un genre artistique à part, qui peut être traité en égal avec d’autres genres comme la gravure ou la peinture». Toujours plus loin Dans chaque nouveau projet qu’il aborde, Hassan Musa essaye de faire quelque chose d’autre, d’aller plus loin. Car pour lui, c’est une suite de travaux de recherche qu’il mène et qui sont censés lui donner une satisfaction esthétique et artistique. Certains de ses livres sont illustrés avec des images qui s’inspirent de la calligraphie arabe. Des personnages, des paysages, des animaux faits de courbes et de signes «visuellement» arabes, mais souvent réellement abstraits. Dans ces cas-là, l’artiste utilise les outils de la calligraphie arabe, mais aussi d’autres outils qu’il bricole lui-même, qu’il invente ; ou encore des outils qui ne sont pas censés servir dans le domaine de la calligraphie, comme une brosse à dents, une spatule, un bout de carton, un chiffon. «Je peux trouver tous les jours de nouveaux outils ; je n’ai pas de limite, dit-il. Pour moi, l’outil est important par rapport à la qualité de la trace qu’il peut produire. Car la calligraphie est un travail sur la trace». Pour d’autres de ses ouvrages, il mélange les deux techniques de la gravure et du collage. «Je fais une gravure en lino ou sur bois. Je grave, j’imprime sur des supports différents, je déchire toutes mes gravures puis je recompose mes images, comme un puzzle, en mélangeant les différents supports», explique-t-il. «Cela me permet de profiter des hasards des rencontres de matières, de textures, de niveaux, et cela me donne des images nouvelles, à mi-chemin entre collage et gravures». Enfin, il lui arrive parfois d’utiliser une technique toute simple et classique : l’aquarelle. De drôles d’outils Il y a toujours affluence autour de Hassan Musa, lors de ses séances de démonstration de calligraphie. «Ce qui attire le public, c’est ce côté un peu fascinant de voir une trace qui se forme. Nous aimons tous regarder un artiste à l’œuvre, ou même parfois quelqu’un écrire quelque chose sur un mur, dans la rue, souligne-t-il. On s’arrête. On veut savoir où cela mène, comment il va gérer les traces, et il y a toujours une part d’inattendu dans cela, car chacun organise les traces à sa manière». Un autre détail qui surprend le public est le fait que Musa utilise des outils de calligraphe sans faire de calligraphie ; que ce qu’il dessine ressemble à de la calligraphie, sans en être vraiment. «Enfin, ils sont agréablement étonnés de voir que je manie des outils qui n’ont ni histoire, ni mystère, ni valeur symbolique. Ils se disent : “C’est quand même accessible, on peut le faire”. Bien sûr», poursuit-il, quand je m’exécute devant eux, je profite de toute mon expérience et cela à l’air d’être un peu magique, très élégant et très facile. Ceux qui se rendent compte de ce que c’est sont ceux qui, ensuite, rentrent dans cette aventure. Et une fois dedans, je crois qu’ils ne pourront plus faire marche arrière». Et d’insister sur le caractère fascinant des outils. «Ce sont des objets qui prolongent le pouvoir de notre corps sur les choses, sur la nature, sur le monde qui nous entoure. Les gens sont toujours attirés par les outils, quels qu’ils soient, et je me demande même si la fascination qu’ont les hommes par rapport aux armes ne vient pas de cette même réalité-là, poursuit-il. Car les armes sont des outils qui augmentent le pouvoir des hommes sur les autres hommes». «Je pense que les outils méritent une réflexion un peu plus profonde que celle dont ils bénéficient actuellement dans le monde de l’art ou de la calligraphie», conclut-il. Mais cela est une autre histoire… Natacha SIKIAS
Auteur-illustrateur de livres pour enfants et pour jeunes, Hassan Musa est aussi – et surtout – un calligraphe pas comme les autres, qui cherche à aller toujours plus loin dans sa recherche esthétique et artistique de l’image. Au salon du Livre, on l’a vu faire des démonstrations de son art, s’aidant de plusieurs outils assez incongrus. Et ce soir à 20h30, l’artiste se...