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Actualités - ANALYSE

La dynastie Murr : des styles différents

L’enfant est le père de l’homme. Aussi, à l’Intérieur, c’est le changement dans la continuité. Après le père, tout de suite le fils. Aux États-Unis, où Bush junior espère succéder à Bush senior, on ne brûle pas autant les étapes. Mais peut-être n’y éprouve-t-on, pas comme ici, le besoin de rester en harmonie avec l’évolution régionale. On sait en effet que ces derniers temps, les successions se succèdent à un rythme effréné, au Maroc, en Jordanie ou en Syrie, pour ne pas parler de l’Irak où la relève se prépare, comme ici, par un strapontin parlementaire. Élias Murr fait mieux, en devenant du premier coup ministre, et pas n’importe quel ministre puisqu’on lui confie l’Intérieur. Il reste que, sans doute conscient du handicap que représente une charge apparemment obtenue par faveur népotique, le ministre s’efforce de prouver, d’entrée de jeu, et sa compétence et son impartialité. À son actif déjà, deux coups d’éclat : d’abord il a infligé la sanction disciplinaire la plus lourde (30 jours d’arrêt) au policier qui accompagnait son propre allié Antoine Haddad lors de l’incident de Baabdate avec le fils de l’adversaire, Nassib Lahoud. Ensuite, ce juriste de formation a empêché les FSI d’appréhender ou de retenir des jeunes qui distribuaient des tracts dits subversifs dans la région de Batroun. Tout en leur demandant d’admonester les contrevenants et de leur rappeler qu’ils peuvent s’exprimer par le biais de la presse, des manifestations ou des conférences, sans enfreindre les lois en vigueur. Il reste que comme son père, et comme tout homme puissant, Élias Murr ne manque pas de thuriféraires qui sillonnent les salons politiques pour chanter ses louanges. À les en croire, c’est un nouveau Salomon épris d’équité et qui veut surtout servir son pays, dans toutes ses composantes, sans aucune discrimination. Se méfiant de la méfiance que les vieux loups de l’Administration pourraient éprouver à l’égard d’un «jeunot», il a fait savoir urbi et orbi qu’il tient à être informé immédiatement de tout ce qui peut se produire sur le territoire libanais. Ajoutant que d’ailleurs les responsables devraient prendre le pli de ne pas tarder à informer l’opinion elle-même. M. Murr a également donné des instructions générales pour que la loi soit effectivement appliquée partout et à tous, sans distinction. Il a rappelé aux agents de l’État, officiers compris, qu’ils ne doivent jamais oublier qu’ils sont au service des citoyens, non le contraire. Et qu’ils doivent savoir rester courtois, voire coopératifs, en toute circonstance. Ajoutant qu’il faut combler sans tarder le fossé, rétablir la confiance entre la population et l’État. Mais que dit le ministre lui-même ? Dans ses assises privées, il indique en substance qu’il se trouve «confronté à un défi de taille. J’appartiens à la jeune génération et c’est la première fois qu’un ministre qui n’a pas encore quarante ans se voit confier le portefeuille de l’Intérieur. J’y vois là un challenge qui consiste, en profondeur, à réconcilier la jeunesse avec l’État. Pour une interaction positive. Il faudra déployer, sans aucun doute, de considérables efforts pour parvenir à cet objectif. Qui permettrait de freiner le mouvement d’émigration accentué des jeunes, potentiel vif et réservoir d’avenir pour la nation.» Il répète qu’il est pour tous les Libanais et qu’il compte œuvrer de pied ferme afin que la sécurité règne dans toutes les régions. Il se dit résolu à «faire appliquer la loi, avec fermeté, dans la moindre venelle reculée du pays. Il n’y aura aucune compromission, aucune complaisance aux dépens de la loi. Ma devise est que le responsable doit effectivement se mettre au service du citoyen». Dès lors, il compte mobiliser sous cette bannière les quelque 20 000 fonctionnaires de son département. Le ministre Murr ajoute ensuite, toujours dans ses assises privées, qu’il sait parfaitement ce qu’il y a à faire et qu’il a établi des plans d’action bien étudiés. Il est convaincu en effet que gouverner c’est prévoir et qu’il faut savoir anticiper. Dans cet esprit, il a réuni les cadres des forces de l’ordre et de la Défense civile pour leur demander de préparer sans tarder les programmes d’intervention concernant l’hiver : le déblaiement de la neige, le dégagement des rues en cas d’inondation, les secours aux personnes accidentées du fait des intempéries etc. Avec des efforts spéciaux, des patrouilles multipliées, en week-end, durant la mauvaise saison. Le ministre a cependant constaté que l’Intérieur et les autres départements concernés manquent de matériel. Il a dès lors entamé des contacts sans tarder avec l’extérieur pour obtenir des aides dans ce domaine. Précisant qu’aussitôt après le vote de confiance, il compte entreprendre une tournée dans les pays arabes pour obtenir de l’équipement «et non pas de l’argent. Il n’y a donc aucune honte à quémander», dit-il. Sur le plan politique, le jeune ministre, qui a déjà vu Mgr Élias Audeh, compte rendre visite au patriarche Sfeir.
L’enfant est le père de l’homme. Aussi, à l’Intérieur, c’est le changement dans la continuité. Après le père, tout de suite le fils. Aux États-Unis, où Bush junior espère succéder à Bush senior, on ne brûle pas autant les étapes. Mais peut-être n’y éprouve-t-on, pas comme ici, le besoin de rester en harmonie avec l’évolution régionale. On sait en effet que...