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Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés Le métropolite appelle à l’abolition de la peine de mort Présence syrienne, dossier des disparus : Audeh critique les positions officielles

 «Pouvons-nous aimer notre frère et sa famille plus que nous-mêmes et plus que notre famille. Je ne peux pas aimer un autre pays plus que le Liban. Une telle chose est inadmissible». Par ces quelques mots, le métropolite Élias Audeh a critiqué lundi ceux qui défendent la présence syrienne au Liban et qui insistent sur «les sacrifices de Damas» pour justifier le maintien des troupes syriennes dans le pays, prenant ainsi le parti du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir. L’archevêque grec-orthodoxe de Beyrouth a aussi critiqué la position du gouvernement vis-à-vis du dossier des disparus – «Qui êtes-vous pour prétendre qu’il est inutile de rechercher telle personne» – et plaidé en faveur de l’abolition de la peine capitale : «Je suis persuadé que la peine de mort est un assassinat». Mgr Audeh a développé ces thèmes au cours de la messe de la Nativité qu’il a célébrée en l’église St-Nicolas à Achrafieh devant une foule de fidèles. «Je suis triste pour le peuple de mon pays et pour certains responsables qui tiennent des propos auxquels ils ne croient pas et qu’ils veulent nous faire croire. Mon pays est déchiré à cause de l’hypocrisie», a-t-il déclaré, avant de mettre l’accent sur l’importance de l’être humain et d’aborder ainsi le dossier des personnes disparues que le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, souhaite maintenir clos. «L’être humain est le summum de la création et c’est pour cette raison que nous ne pouvons pas l’ignorer ou en parler en termes superficiels. Chaque personne est, pour ses parents, aussi importante que la prunelle de leurs yeux. Chaque personne est chère à Dieu. Qui es-tu toi, pour prétendre que telle personne disparue ou telle autre n’est pas importante et qu’il est inutile de la rechercher. Qui es-tu, mortel, pour tenir ce genre de propos ? Si cette personne disparue était de ta chair, n’aurais-tu pas remué ciel et terre pour la retrouver ? N’aurais-tu pas utilisé ton pouvoir pour obtenir des informations sur ton fils ou sur ses compagnons» ? Le métropolite a enchaîné en stigmatisant l’action de services occultes qui nuisent, a-t-il dit, à l’unité nationale : «Il est certes beau de parler de l’unité nationale. Nous en avons besoin. Mais nous ne pouvons pas la défendre et porter son étendard tout en incitant des groupuscules à porter atteinte à cette unité et à l’ébranler». Selon Mgr Audeh, «les groupes subversifs ne peuvent pas agir de leur propre initiative. Quant aux fantômes dont il est question, je ne crois pas qu’ils existent. Je crois en l’homme, lui-même responsable des actes bénéfiques ou diaboliques, mais ce qui m’intrigue, c’est que tout le monde prêche le bien, la vertu, l’amour et l’unité du peuple alors que ceux qu’on appelle les fantômes envoient leurs hommes sévir, de nuit comme de jour». La présence syrienne Mgr Audeh s’est ensuite arrêté sur la polémique qui a récemment éclaté au sujet de la présence syrienne au Liban et sur les critiques adressées au patriarche maronite, mais sans les citer explicitement. «Nous entendons de temps en temps des Libanais défendre leur pays sans porter atteinte à d’autres États. Nous entendons aussi les réponses d’êtres humains dont on ignore s’ils croient vraiment en Dieu ou dans leurs pays. À ceux-là nous disons : «N’est-il pas du droit de tout un chacun de se préoccuper de son foyer et de sa famille ? Pouvons-nous aimer notre frère et sa famille plus que nous-mêmes et notre famille ?» Je ne peux pas aimer un autre pays plus que le Liban. C’est inadmissible. Sinon, il vaut mieux que je quitte le pays ou qu’on m’y arrache». Et de poursuivre : «Lorsqu’une personne exprime son amour pour son pays, nous ne devons pas nous interroger sur son identité, mais écouter ce qu’elle dit. Si ces propos sont judicieux, qu’on le dise et s’ils sont incorrects, qu’on mette en garde contre l’erreur. Si nous agissons autrement, c’est que nous sommes des hypocrites». Le métropolite Audeh a aussi critiqué ceux qui estiment que les hommes de religion doivent garder le silence «et cesser de diviser», mais sans les nommer. «Qui es-tu pour me renier ma citoyenneté, pour me condamner et pour m’accuser. Je ne t’ai jamais entendu louer le Liban comme tu loues d’autres pays. Comment peux-tu te permettre de m’accuser d’agir en Libanais ? J’exerce mon droit à l’expression parce que j’appartiens à Dieu et parce que ma mission est d’inciter au bien et de critiquer le mal. Lorsqu’un patriarche, un évêque, un prêtre ou même un laïque ou n’importe quel être humain qui aime Dieu s’expriment, il faut les écouter. À ceux qui critiquent leur façon de parler, ou le timing de leur propos, je dis : «Personne n’est parfait, mais je dois tendre l’oreille lorsque l’Église s’exprime et proclame une parole de vérité», a-t-il dit, dans une allusion évidente aux prises de position du patriarche Sfeir et à la levée de boucliers suscitée par ses appels au départ des troupes syriennes et à la récupération de la souveraineté et de la liberté de décision libanaises. Concernant la peine de mort, Mgr Audeh a estimé qu’elle doit être remplacée par la prison à perpétuité, soulignant que nul n’accepte une telle pratique quand c’est la vie d’un de ses proches qui est en jeu. «À ceux qui évoquent l’effet dissuasif de la peine de mort je dis : si cela était vrai, nous serions au paradis, tellement le nombre de personnes qui ont été exécutées est élevé. Je suis persuadé que la peine capitale est un assassinat. Est-ce toi qui as donné la vie à un condamné pour que tu la lui reprennes ? Qui t’as dit qu’il ne se repentira pas» ? s’est -il demandé. Le métropolite s’est ensuite interrogé sur le point de savoir si le fils d’un responsable politique pouvait être exécuté au Liban. «Ne lui trouverait-on pas mille et un moyens pour le sortir du pays ? Les résultats de la guerre ne sont-ils pas suffisamment éloquents et ne nous ont-ils pas montré qui peut être libéré, emprisonné ou exilé. Ne nous ont-ils pas montré que chaque personne qui occupe un poste déterminé ou qui bénéficie d’un appui intérieur ou extérieur peut agir à sa guise sans craintes. Nous avons tous été témoins des exploits de ces gens. Les jugements (à mort) ne concernaient que les pauvres et les faibles», a-t-il poursuivi avant de se féliciter du style d’action du ministre de l’Intérieur, M. Élias Murr. 
 «Pouvons-nous aimer notre frère et sa famille plus que nous-mêmes et plus que notre famille. Je ne peux pas aimer un autre pays plus que le Liban. Une telle chose est inadmissible». Par ces quelques mots, le métropolite Élias Audeh a critiqué lundi ceux qui défendent la présence syrienne au Liban et qui insistent sur «les sacrifices de Damas» pour justifier le maintien des...