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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

SOCIÉTÉ - Une chaîne de solidarité pour subvenir aux besoins des personnes en détresse Auxilia : préserver l’unité de la famille pour changer les larmes en sourires

Guerre et misère vont souvent de pair. Peu de familles y ont échappé ces vingt dernières années. Maintenant que tout est fini, c’est une autre bataille qui commence pour elles : celle de la vie. Fidèle à sa mission de bienfaisance, le bureau du Metn-Nord d’Auxilia organise pour 45 familles un Noël particulièrement joyeux cette année. Samedi matin, 125 enfants viendront aux locaux d’Auxilia à Broummana pour prendre leurs présents : des caisses d’aliments, des friandises, et bien sûr les cadeaux. Mais ce qui importe le plus pour l’association est le soutien moral. Dans certaines familles en difficulté, les enfants apprennent dès leur plus bas âge à lutter pour leur vie – ou plutôt leur survie. L’essentiel est de subvenir aux besoins premiers : manger, dormir et se vêtir. Mais comment, par quels moyens ? Le plus souvent, les parents ne possèdent aucun diplôme, ont de nombreux enfants à leur charge, et ne bénéficient d’aucune aide ou allocation. Et alors, les pères sombrent parfois dans l’alcoolisme pour oublier, les mères dépriment et les enfants se cachent dans les recoins de leur misérable demeure. Et leurs larmes coulent sans très bien comprendre pourquoi… Mais ces larmes se cristallisent bientôt au coin de leur bouche, les lèvres dansent ; un timide rictus au début… et puis le sourire… Enfin ! Parce que des magiciens savent commander aux larmes, et «les larmes deviennent sourires»! Auxilia rôde tout près… «Fady ma sakat», non Fady n’a pas échoué. L’image de ce garçonnet au travail dans une station d’essence a pendant longtemps «flashé» sur nos postes de télévision. Mais elle a surtout motivé l’esprit de solidarité de quelques jeunes, sortis tout droit de l’université. Sensibilisés par les enfants travaillant en bas âge, dans des conditions d’hygiène et de travail précaires, très vite, ils s’organisent pour venir en aide à quelques familles nécessiteuses. Peu à peu, le cercle grandit. Aujourd’hui, Auxilia est une grande famille. Officiellement née en 1994, à l’initiative de jeunes dentistes, Auxilia a pour but désormais de préserver l’unité de la famille dans le besoin, de lui permettre de mener une vie décente, et surtout de lui apporter une aide morale et matérielle suffisante. Aujourd’hui, en assistant à l’agonie de ce millénaire, des familles nécessiteuses vivent une renaissance. Que se passe-t-il donc dans les locaux du bureau Metn-Nord d’Auxilia ? Des cadeaux… Des cadeaux… Des cadeaux… À peine entré dans la pièce, on se prend les pieds dans les caisses, les emballages. Et l’on voit déjà émotion et joie briller dans les yeux des enfants… «Nous croyons qu’Auxilia peut créer, à travers l’aide des familles libanaises, une chaîne de solidarité, pour subvenir aux besoins d’autres familles en détresse». Ces mots, prononcés par Mme Shermine Rizk, présidente du bureau du Metn-Nord d’Auxilia, portent en eux tout l’espoir de l’association. Les cartes de vœux dessinées spécialement pour l’occasion ont eu un grand succès cette année, et les billets vendus pour l’avant-première du film «Dinosaur » ont beaucoup rapporté. Mais aussi et surtout, ce sont les donations diverses des amis d’Auxilia qui ont vraiment fait pencher la balance du bon côté. Les bénéfices ont tous servi, bien sûr, à financer les achats de Noël : les quantités de pâtes, de graines, de conserves…; sacs de produits hygiéniques : détergents, savons… ; cadeaux, qui consistent surtout en des jeux éducatifs ; et friandises. Des habits sont également disponibles en permanence. «Nous voudrions remercier tous les donateurs, qui ont grandement contribué à la constitution de ces lots. Les enfants auront un heureux Noël», lance Mme Rizk, dont les yeux brillent à la perspective d’assister à la joie de «ses» familles. Samedi matin, le Père Noël sera déjà là, son éternelle cloche à la main pour interpréter le seul hymne à la joie que les enfants connaissent par cœur; et le mercredi 26 décembre, ils auront droit à un déjeuner offert par Mc Donald (Dora), et à encore plus de surprises. L’importance des parrainages Et pourtant, on ne roule pas sur l’or chez Auxilia. Les sommes offertes ne suffisent souvent pas à subvenir à tous les besoins de la famille prise en charge. En définitive, les parrainages ne rapportent que des sommes modestes, qu’Auxilia répartit entre allocations alimentaires, soins médicaux et d’hospitalisation, et enfin bourses et contributions scolaires. Par ailleurs, l’enfant ne connaît pas son parrain, mais le parrain, lui, est bien au courant de l’état social de l’enfant. Il existe également un échange très affectueux entre eux, par le biais de lettres ou dessins. Un compte-rendu scolaire est aussi communiqué au parrain. Cependant, ce qui importe le plus pour l’association est le soutien moral. Dès le décès du père de famille, les mères ont souvent tendance à retirer leurs enfants des écoles, afin qu’ils puissent travailler et rapporter de l’argent, expliquent les dames du bureau du Metn-Nord. Les mères travaillent certainement elles aussi. Ce que nous voulons surtout éviter, poursuivent-elles, c’est de priver les enfants de leur mère. Nous souhaitons préserver l’unité des familles, malgré l’absence d’un membre, et rejetons toujours l’idée de placer l’enfant dans des orphelinats. Mais ce qui est pire, c’est misère totale conduisant à la prostitution, aux sectes, aux vols. certaines mères, en détresse, sont attirées par le charme trompeur d’un havre de repos, qui se révèle être une secte. «Elles le font plus par nécessité que par conviction», explique Mme Rizk. «Nous aimerions créer un noyau à partir des Libanais qui vivent à l’étranger, poursuit-elle. Ils ne sont pas toujours conscients de la misère qui règne ici». En effet, Auxilia est, à l’origine, une association purement libanaise ; aucune aide d’associations ou d’organisations étrangères n’est reçue. Mais depuis quelque temps, certains cercles libanais, répartis entre Melbourne, Sydney, Paris, et récemment Bruxelles, envoient à titre personnel un soutien pécuniaire. Des assistantes sociales suivent de près les familles prises en charge, et présentent leur compte-rendu auprès des bureaux régionaux d’Auxilia, afin d’évaluer correctement les besoins de chacune. Tous les deux ans, les assistantes sociales réévaluent le degré de nécessité des familles quelque peu stabilisées, pour donner la priorité à des cas plus urgents. «Auxilia est ouvert à toutes les familles dans le besoin. Nous essayons également d’inciter notre entourage à participer aux activités bénévoles de notre bureau», conclut Mme Rizk. Finalement, grâce à la solidarité de ces dames et à la chaleur qui règne entre elles et qu’elles ne manquent pas de communiquer à «leurs» familles, le bureau du Metn-Nord fait un travail formidable, dans un total bénévolat et un don de soi remarquable. «Il y a de la place chez nous pour tous les bénévoles», lancent en chœur les dames du bureau, dont le seul souci est de restreindre le cercle des miséreux. Youmna YAZBEK
Guerre et misère vont souvent de pair. Peu de familles y ont échappé ces vingt dernières années. Maintenant que tout est fini, c’est une autre bataille qui commence pour elles : celle de la vie. Fidèle à sa mission de bienfaisance, le bureau du Metn-Nord d’Auxilia organise pour 45 familles un Noël particulièrement joyeux cette année. Samedi matin, 125 enfants viendront...