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Actualités - REPORTAGES

« Des solutions sont en vue », annonce Antoine Khoury, directeur général de l’Office des céréales et de la betterave sucrière Les problèmes du blé, un véritable casse-tête pour le ministère de l’Économie

Seuls les commerçants et les minotiers se plaignent effectivement de problèmes au niveau du blé, tant au niveau de la qualité de la graine, que du prix élevé du blé local, affirme M. Antoine Khoury, directeur général de l’Office des céréales et de la betterave sucrière, au ministère de l’économie. Ces problèmes sont certes réels, mais ils ne se répercutent aucunement sur le consommateur, assure-t-il, car la qualité du pain est excellente et les prix qu’il paie pour le blé et le pain sont stables. Le gouvernement impose aux minotiers un prix d’achat de 450 000 LL par tonne de blé local, desquels il paie lui-même 400 000 LL aux agriculteurs libanais et consacre 50 000 LL aux frais d’entreposage et de gardiennage. En effet, les coûts de production du blé local sont très élevés, déplore Antoine Khoury, vu le prix des semences, de l’irrigation, du mazout, de la main d’oeuvre, et surtout, du prix de location de la terre, qui oscille entre 50 et 90 dollars le dounoum par an, représentant près de 65 % des coûts de production. Une telle situation aurait pu avoir des conséquences négatives sur le consommateur mais tel n’est pas le cas, le prix du pain est fixé à 1 500 LL le paquet et souvent moins, explique le directeur général de l’office des céréales et de la betterave sucrière. c’est en fait le consommateur qui subventionne cette agriculture et sa contribution assure aux cultivateurs libanais une rentrée d’environ 28 milliards de livres libanaises, pour l’année 2000, pour une production qui a atteint près de 67 000 tonnes, soit le double de l’année passée. La subvention du blé qui encourage les agriculteurs à planter le blé, leur assure des bénéfices limités mais garantis, spécialement en période de crise économique, et entraîne d’importantes retombées économiques sur l’ensemble des régions agricoles, remarque M. Khoury, car elle assure du travail et une vie décente à l’ensemble de la population et encourage le développement des différents secteurs de ces régions. Quant à la politique du gouvernement, elle découle d’une volonté de freiner les déplacements de populations des zones rurales vers les banlieues des villes, mais aussi l’émigration vers l’étranger. Les minoteries souffrent de la concurrence des produits importés «Le problème des minotiers, note M. Khoury, se situe au niveau de l’exportation, et de la concurrence de certains produits importés finis, vu la cherté du coût de la production locale qui ne peut prétendre concurrencer les autres blés, de même que la perte de nombreux marchés arabes, dont le marché irakien. Mais au niveau local, ils ne souffrent pas réellement car ils établissent une moyenne de prix entre le blé que l’État leur vend et celui qu’ils importent, d’autant plus que le blé local est loin de suffire à la consommation annuelle, variant entre 400 000 et 450 000 tonnes». En effet, pour chaque tonne de blé local que le minotier achète du gouvernement à 300 dollars, il reçoit une licence d’importation de trois tonnes de blé étranger, qu’il paie entre 140 et 180 dollars, en fonction de sa qualité. Cela place les coûts de la tonne de blé aux alentours de 180 dollars, explique Antoine Khoury, plus cher de 30 dollars que le prix mondial. Quant aux produits finis importés, comme le pain précuit surgelé et la farine extra, M. Khoury juge légitimes les plaintes des minotiers et des boulangers à cet égard, mais considère que le marché de ces produits est pour l’instant négligeable, ne dépassant pas 10 000 tonnes par an, et qu’il ne justifie pas une levée de la subvention à l’agriculture, bien qu’il pourrait à l’avenir, devenir plus important. Abordant le problème des usines de pâtes alimentaires et de biscuiteries qui ont été contraintes de fermer leurs portes, le directeur de l’Office des céréales et de la betterave sucrière déclare que ce n’est pas le prix du blé local qui a entraîné leur fermeture, mais un ensemble de problèmes découlant de la mondialisation et de l’ouverture économique, comme de coûts de production élevés, et d’une concurrence étrangère présentant des produits de meilleure qualité à des prix moindres. Libéraliser le prix du pain Face à ce problème, deux solutions se présentaient, avoue M. Khoury, lever la subvention sur le blé ou taxer la farine et la pâte importées. Mais une nouvelle taxation est contraire à la politique d’ouverture du gouvernement actuel. Jusqu’en 1993, le ministère de l’Économie était le seul importateur de blé agréé, et pratiquait une réelle politique de subvention, explique le directeur général. En effet, il achetait le blé à un prix élevé et le revendait aux minoteries à moitié prix, ce qui était un lourd fardeau pour l’État, mais a permis aux meuniers et aux boulangers de faire d’importants bénéfices, de renouveler leurs installations et d’améliorer leur infrastructure. En 1996, les minoteries ont commencé à importer du blé de l’étranger, alors que le gouvernement a réduit ses importations à 50 000 tonnes par an, depuis trois ans, et que les commerçants et principalement les minotiers se sont chargés d’importer les 350 000 tonnes nécessaires D’ailleurs, reprend M. Khoury, le ministère de l’Économie envisage de cesser d’importer cette céréale et de faire un pas vers sa libéralisation. En effet, ces cinq derniers mois, il n’a pas importé de blé et n’a pas l’intention de le faire en 2001, ce qui entraînera une baisse de la quantité que nous imposons aux minotiers d’acheter à 300 dollars, sans compter la baisse des droits de douane de 3 % qui a été votée dernièrement. Et d’ajouter que ceci améliorera sans aucun doute les conditions des minotiers que M. Khoury ne juge pas si mauvaises, à la seule condition qu’un plan de libéralisation du prix du pain soit immédiatement mis en place, au plus tôt ce qui, selon les estimations du directeur général, devrait abaisser le prix du pain à 1000 LL. Si le prix mondial du blé, transport compris, oscille actuellement entre 140 et 180 dollars la tonne, en fonction de sa qualité, il suit les fluctuations de la bourse internationale et peut subir d’importantes hausses. C’est la raison pour laquelle l’état conserve encore quelques réserves stratégiques, afin de protéger le marché local d’une éventuelle crise mondiale ou de la concurrence entre différentes boulangeries. Trouver une variété qui se mélange mieux à la farine de pain Quant au blé cultivé au Liban, il est d’une qualité très valable, affirme M. Khoury, mais n’est pas bon pour le pain car il est dur, et les minoteries ne peuvent le mélanger qu’à 10 % maximum avec la farine de pain. Cependant, il convient aux industries alimentaires, à la fabrication de blé concassé ou borghol, qui constitue un marché d’au moins 15000 tonnes, de pâtes, de semoule, de pain brun, etc. L’agriculture du blé tendre, idéale pour la fabrication du pain libanais, n’a jamais bien fonctionné au Liban. En effet, il est moins résistant aux maladies que le blé dur, et son coût de production est élevé, alors que son rendement est plus faible que le blé dur. «Actuellement, explique Antoine Khoury, l’Institut de recherche agronomique de Tellemara et la société Icarda mandatée internationalement pour développer de nouvelles variétés de blé entreprennent des recherches poussées sur le blé et ont envoyé à l’Office des céréales un nouvelle qualité de graine qui semblerait de meilleure qualité que les autres, même si elle n’est pas idéale, mais dont le taux d’élasticité et la teneur en protéines semblent satisfaisantes. Elle pourrait être mélangée au blé importé à près de 30 %, alors que la qualité actuelle ne peut être mélangée qu’entre 5 et 10 %», ajoute M. Khoury. Si cela marche, ce sera une évolution énorme. C’est pourquoi nous avons demandé au centre de recherches de planter 1 000 kg de semences mères. L’année prochaine, nous en ferons 30 000 à 35 000 tonnes que nous vendrons aux agriculteurs. Son seul problème selon le laboratoire est qu’elle ne peut être mélangée à plus de 30 % car elle risque de changer la couleur du pain et de le jaunir. «Nous pensons qu’il y a une porte ouverte vers une solution, conclut M. Khoury. S’il est prématuré de parler de levée de la subvention du blé, le ministère de l’Économie étudie actuellement un projet de solution, en se basant sur des études, préservant les secteurs de l’agriculture, et du commerce».
Seuls les commerçants et les minotiers se plaignent effectivement de problèmes au niveau du blé, tant au niveau de la qualité de la graine, que du prix élevé du blé local, affirme M. Antoine Khoury, directeur général de l’Office des céréales et de la betterave sucrière, au ministère de l’économie. Ces problèmes sont certes réels, mais ils ne se répercutent...