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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

COLLOQUE - Environnement et aménagement à l’USJ Des solutions qui attendent

«Environnement et aménagement : réflexions et méthodes», tel est le thème du colloque organisé par le département de géographie de l’Université Saint-Joseph. Quelque 30 intervenants, professeurs d’université et chercheurs français et libanais, se sont réunis pour apporter leurs contributions aux différents sujets abordés : «aménagement et nuisances» ; «ressources et dégradations» ; mais aussi les applications de la télédétection et des SIG en environnement et aménagement. «Ce colloque s’inscrit dans une perspective pluridisciplinaire évitant le cloisonnement et appelant à l’ouverture, à l’enrichissement par la découverte et le respect des différences», déclare M. Hardane, doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines. Observant avec amertume que le paysage de notre pays se détériore par l’urbanisation anarchique et les aménagements désordonnés et sauvages, il ajoute : «On assiste impuissant à la dégradation de notre milieu naturel. Alors pourquoi ce décalage entre la prise de conscience et le passage à l’acte de décision ? C’est en s’inscrivant dans une optique d’analyse, de réflexion et de méthode, en vue d’une aide éventuelle à d’éventuels décideurs, que ce colloque revêt une dimension nationale». Sociologie v/s géo Tout d’abord, Mme Liliane Barakat, du département de géographie à l’USJ, a présenté les méthodes et les limites d’une enquête menée dans trois villages du bassin versant de Nahr Beyrouth. Elle a mis l’accent sur le manque de données statistiques ou documentaires, «ce qui rend toute recherche difficile au Liban». «Pour pouvoir travailler sur des bases de données fiables, chercheurs, enseignants ou étudiants sont amenés à faire des enquêtes sur le terrain», a signalé Mme Barakat. Prenant ensuite la parole, M. Éric Huybrechts, directeur du Cermoc, a exposé le programme d’une recherche collective lancée en 1997 et portant sur l’aménagement et l’environnement de la vallée de Nahr el-Kalb : Interface entre l’agriculture et l’urbanisation sur le littoral libanais. Des chercheurs de disciplines diverses en sciences sociales, agronomiques et environnementales sont engagés dans une étude sur «la relation changeante entre la production agricole et le processus d’urbanisation». Le programme a pour but de sauvegarder les terres agricoles restantes et de déceler «les synergies entre l’agriculture et les autres systèmes, à travers le processus d’urbanisation de la plaine littorale et du piémont du Liban», a dit le directeur du Cermoc. «Le processus qu’implique ce programme offre l’occasion de fonder un réseau national sur l’agriculture urbaine et de servir de tête pour un nouveau réseau régional», a t-il ajouté. La recherche touche de multiples champs d’investigations, comme les systèmes de culture, les dynamiques foncières, le système d’approvisionnement alimentaire, le contexte économique et social, les politiques et les institutions, l’environnement et la santé, etc. Le R.P. Guy Duvigneau, sociologue, a soulevé la «problématique de l’interface entre sociologie et géographie dans l’aménagement régional». En effet, les démarches utilisées en géographie de l’aménagement devraient correspondre à une analyse sociologique et anthropologique de l’espace. «Le terme même de territoire renvoie au mode d’appropriation du sol par une société donnée ; à l’histoire de la constitution de cette société ; à l’identité qu’elle s’est forgée en marquant, en structurant, en organisant l’espace pour en faire son territoire», a dit le R.P. Duvigneau, qui insiste sur un partenariat entre les deux disciplines. «Il faut recourir à la sociologie pour exprimer et comprendre les objets de l’aménagement. Car souvent l’aménagement est confié à des acteurs extérieurs du milieu qui mettent la main sur un espace jusque-là vital pour la permanence d’un groupe humain. Ils pourront alors détruire quelque chose d’irremplaçable, provoquer un processus de désagrégation du lien social. Ce peut être une forme de rapt», estime le sociologue. Déchets, décharges et nulle réglementation Ingénieur, chargé de cours à l’Esib et conseiller technique Almee (Association libanaise pour la maîtrise de l’énergie et de l’environnement), M. Simon Daniel a planché sur «la problématique des déchets solides». Tout d’abord, des chiffres : Le volume des déchets produits au Liban s’élève à 5 854 tonnes/jour. Les déchets des ménages représentent 3 200 tonnes/jour. La production annuelle étant à peu près de 290 kg/ habitant. Daniel Simon note que 61 % des déchets des ménages sont des déchets organiques. La production de ces déchets pourra atteindre 1 373 800 tonnes en 2005 ; en 2015, elle sera de 1 723 700 tonnes, contre 1 170 000 en 1998. L’usine de Amroussieh traite 600 tonnes de déchets par jour ; celle de la Quarantaine 1 100 tonnes. «Le traitement des déchets organiques ou compostage a ses avantages mais aussi ses désavantages», a dit l’ingénieur. Dans le premier cas, la technique est simple et la maîtrise du coût du traitement est bonne ; les investissements en matériel sont faibles ; l’adaptation à une augmentation du tonnage traité est facile ; le système permet la réalisation d’un compostage combiné avec d’autres matières (boues, graisses, matières de vidange, etc.). Quant aux désavantages du compostage, ils sont les suivants : il faut un suivi continu de la température, de l’humidité et du rapport C/N ; la durée de fermentation et de maturation oscille entre 5 à 8 mois ; le tri des déchets à la source du consommateur est nécessaire ; il faut ajouter aussi les contraintes foncières pour assurer un site. Chapitre recyclage, le taux est trop faible au Liban. Pour cause d’«absence presque totale du tri à la source ; absence de la chaîne de collecte et du transport, et absence de la procédure médiatique et civique», indique Simon Daniel. Toutefois, le recyclage des matières plastiques est sur la bonne voie ; le recyclage du papier/carton est assez bon ; mais celui du verre n’est pas satisfaisant. En ce qui concerne la décharge de Naameh, le conférencier a mis l’accent sur les «contraintes géologiques et hydrogéologiques», sur la «nécessité des membranes et des géotextiles», «le captage et le traitement des bios gaz et des lixiviats». Par ailleurs, les déchets industriels, «qu’ils soient dangereux, banals ou inertes, sont pris pour des déchets domestiques et traités identiquement», affirme l’ingénieur Simon Daniel. Et ce n’est pas tout. Le Liban ne connaît aucun traitement pour les déchets des abattoirs (150 tonnes/jour) ; pour les huiles usagées des moteurs (100 tonnes/jour) ; les pneus de véhicules (40 tonnes/jour) ; les déchets de construction (11 500 tonnes/jour) et les déchets hospitaliers (64 tonnes/ jour). Si 80 % de ces déchets hospitaliers peuvent être assimilés à des ordures ménagères, 20 % sont quand même dangereux et nécessitent un traitement spécial (seringues, couches, compresses, restes d’analyses sanguines, parties d’anatomie humaine, etc). Le conférencier insiste pour une réglementation du système de gestion globale des déchets et appelle à une responsabilité qui sera partagée par tous. «La réglementation internationale des décharges est plus ou moins récente», répond la juriste Maya Abi Zeid. Elle dit que «malgré des avancées certaines et même rapides dans les domaines relatifs à la protection de l’environnement, le problème de l’élimination des déchets subsiste. Il est en tête des préoccupations des responsables de la législation en la matière. Les conditions de stockage au Centre d’enfouissement technique (CET) sont réglementées en fonction de la nature des déchets et du risque qu’ils présentent à l’environnement». La juriste ajoute que cette activité d’élimination est soumise à une réglementation contraignante. «Les États sont de plus en plus conscients de l’importance de la législation environnementale en tant qu’outil de répression des incidences négatives sur l’environnement». On meurt sur la voie publique L’infrastructure est aussi sur la sellette. Mlle Valérie Lakiss indique que «les causes des accidents sont liées à l’infrastructure». D’après les relevés des FSI, près de 723 accidents routiers se sont produits en 1999, faisant 260 blessés et 78 morts. La conférencière souligne l’absence de toute «politique préventive» et de toute «organisation rationnelle d’acheminement des blessés vers les principaux centres d’urgence». Mme Lakiss signale aussi que «le non-respect du code routier est à l’origine de 28 % des accidents ; et 46 % sont dus aux excès de vitesse». À ce propos, le Dr Bernard Gerbaka, membre du Conseil municipal de Beyrouth, affirme que la responsabilité de cet état de fait incombe aux municipalités. «Celles-ci sont responsables des routes intérieures, représentant 50 % du réseau routier national. Or 37 % des routes sont en état piteux», dit-il. Il indique par ailleurs que le nombre des tués sur les routes libanaises a doublé en quatre ans (1993-1997). Il représente actuellement deux fois la mortalité par AVP (Accidents par voie publique) en Allemagne ; 50 % de plus qu’en France et plus qu’en Inde. La voie publique est le lieu de 13 % des accidents pour 15 640 enfants libanais, dont 17 % ont déjà été exposés à un AVP. De plus, 15 % des mineurs libanais (moins de 18 ans) conduisent actuellement la voiture de leurs parents. Risque de liquéfaction Dans le cadre de ce colloque, M. Simon Moussalli, géographe, a présenté les résultats d’une réflexion sur l’aménagement. «L’étude a abouti à l’élaboration d’un outil d’application opérationnelle que nous avons appelé “Plan de développement intégré ou (PDI)”», dit le conférencier. «Le PDI se compose d’un ensemble de documents d’urbanisme préparés à l’intention des autorités municipales libanaises. C’est un instrument de contrôle du développement urbain et d’aide à la décision pour les projets municipaux», explique M. Moussalli. La bande côtière était également à l’affiche. Mme Isabelle Peillen Debs a rappelé les nombreux colloques et les études pilotées par différents organes de l’État, en vue d’une gestion environnementale de la côte. Toutefois, «aucune de ces propositions ne s’est traduite par une nouvelle législation destinée à prévenir la dégradation du littoral», a-t-elle dit. Au contraire, «projets publics et privés ont continué à se développer sur la bande côtière». De son côté, l’ingénieur Jacques Harb affirme qu’il y a «des risques de liquéfaction dans la région du Grand-Beyrouth». Les recherches entreprises montrent que le centre-ville et le front de mer (dans la région de l’ancien hôtel Normandy) présentent des risques assez considérables de liquéfaction. «Une analyse plus exhaustive pourrait être établie lorsque les données géotechniques seront disponibles», a dit M. Harb. Parallèllement, une large réflexion a été menée sur l’eau. De même, la problématique de la pollution atmosphérique a été abordée. En gros, le thème retenu reflète la prise de conscience des différents facteurs dont dépend la qualité de vie des citoyens. Il importe désormais d’intervenir le plus en amont possible. May MAKAREM
«Environnement et aménagement : réflexions et méthodes», tel est le thème du colloque organisé par le département de géographie de l’Université Saint-Joseph. Quelque 30 intervenants, professeurs d’université et chercheurs français et libanais, se sont réunis pour apporter leurs contributions aux différents sujets abordés : «aménagement et nuisances» ; «ressources...