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Actualités - ANALYSE

La controverse bat son plein

Bien évidemment, chaque fois qu’il y a des récriminations, les loyalistes crient au complot. Ainsi des sources proches de la commission judiciaro-sécuritaire affirment aujourd’hui sans sourciller que «des parties déterminées veulent déstabiliser le pays en exploitant le dossier des disparus». L’objectif est d’attiser un climat de tension et de discorde intérieure, à les en croire, tout en gâchant les relations libano-syriennes et en altérant le sens de l’initiative humanitaire prise par le président Bachar el-Assad». Ces sources accusent les personnalités, et les familles, qui demandent que la lumière soit faite «de vouloir rouvrir la page dramatique de la guerre, alors que le pays devrait soigneusement éviter un tel retour en arrière». Pour ces loyalistes, le devoir de mémoire et de secours aux familles, comme aux vivants qui pourraient réapparaître, se confond donc avec une volonté de replonger le pays dans un climat de guerre. Rien que cela. Et de répéter, après le président Nabih Berry, qu’il ne subsiste en Syrie aucun détenu libanais. Le président de la Chambre, s’adressant aux familles, leur a en effet déclaré que «vos enfants ont disparu pendant la guerre, du temps des milices, et ne sont pas en Syrie car elle ne détient plus aucun Libanais». – Toujours est-il que d’autres sources, proches cette fois du régime et non de la commission susmentionnée ou de Aïn el-Tiné, soulignent que le président de la République, «malgré les informations en sa possession et les données disponibles sur les disparus (entendre malgré la certitude qu’ils ne sont pas en Syrie), tient à soulever la question en Conseil des ministres. Il veut que le gouvernement se charge du dossier car il reste inadmissible, à ses yeux, que l’État ne fasse pas tout ce qui est en son pouvoir pour lever le voile sur le sort de chaque disparu et pour sortir les familles de leur attente angoissée». Dans cet esprit, il est question de former une nouvelle commission officielle, mais cette fois au niveau ministériel. Elle serait chargée de réceptionner les données livrées par les familles et de les faire vérifier par les services sécuritaires compétents. Les sources proches du régime répètent que le président Lahoud «est absolument déterminé à ce que cette affaire soit traitée avec la plus parfaite transparence, dans un cadre purement humanitaire, coupant court à toute sordide exploitation de nature politicienne». Il convient de rappeler par ailleurs que le directeur des SR militaires, le général Raymond Azar, a tenu à se rendre à Bkerké pour exposer à Mgr Sfeir les résultats des échanges avec les autorités syriennes et lui assurer que les détenus libanais qui restent en Syrie sont en train de purger des peines pénales ordinaires, leur liste ayant déjà été publiée. – D’autre part, des députés soutiennent que la Chambre doit elle aussi se saisir du dossier des disparus et former une commission d’enquête. Ils affirment que le Parlement, qui affiche à leur avis un meilleur taux de représentativité que le gouvernement ne serait pas tenté comme ce dernier d’enterrer l’affaire en commission. – Le président du Conseil lance pour sa part un appel à la dépolitisation d’un débat qu’il voudrait également voir dépassionner. Il affirme que le gouvernement suit de près l’affaire et s’engage à ne pas la laisser tomber. Tout en soulignant qu’il faut éviter de rouvrir les blessures de la guerre et élargir les réclamations jusqu’aux débuts des affrontements en 1975. M. Rafic Hariri répète qu’il ne faut pas exploiter sur un plan politique un dossier qui est avant tout d’ordre humanitaire. – Il faut souligner que certaines familles sont catégoriques : leurs fils, qui ne sont pas mentionnés sur la liste présentée aux autorités libanaises, sont bien en Syrie où leurs proches ont pu les visiter en certaines occasions. Cette affirmation est cependant mise en doute par certains ultra-loyalistes. Qui n’hésitent pas à remonter au samedi noir de la guerre pour souligner qu’on ne peut dissiper facilement les sinistres brouillards de la guerre où tant d’ombres ont disparu. Et pour répéter qu’on cherche à dessein, dans la délicate conjoncture régionale présente, à clouer la Syrie au pilori, pour en affaiblir les atouts diplomatiques. Se voulant logique, un membre de la commission judiciaro-sécuritaire relève qu’il n’existe «aucune raison pour que la Syrie relâche des détenus dits politiques et en garde d’autres obéissants à la même classification. S’il reste des Libanais dans les prisons syriennes, il s’agit de condamnés de droit commun qui doivent purger leurs peines. Les documents et les preuves que l’on évoque sur la présence de prisonniers non déclarés n’ont aucun fondement et ne sont que du vent, de la poudre aux yeux lancée par les provocateurs». Cette personnalité reprend ensuite les accusations contre «les parties politiques qui exploitent le dossier pour nuire aux relations libano-syriennes». Il n’empêche qu’il existe des marques précises, qui n’ont rien à voir avec la guerre domestique des 15 ans : le 13 octobre 1990, 3 officiers et 22 soldats libanais ont disparu lors de l’attaque syrienne contre le bastion aouniste. Aucune trace d’eux depuis cette date. Les familles, demandent à savoir. Et l’État devrait suivre leur exemple, d’autant qu’il s’agit d’hommes qui étaient en service commandé. P.A.A.
Bien évidemment, chaque fois qu’il y a des récriminations, les loyalistes crient au complot. Ainsi des sources proches de la commission judiciaro-sécuritaire affirment aujourd’hui sans sourciller que «des parties déterminées veulent déstabiliser le pays en exploitant le dossier des disparus». L’objectif est d’attiser un climat de tension et de discorde intérieure, à...