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Actualités - ANALYSE

Administration - La corruption éradiquée à 30 % Un a priori indispensable : la réforme administrative

Les investisseurs, locaux, arabes ou occidentaux, sont unanimes : si le Liban ne réforme pas en profondeur son Administration, les autres mesures de redressement économique qu’il peut adopter ne serviront à rien. Les facilités fiscales ou douanières ne peuvent en effet constituer un stimulant suffisant pour surmonter les méfaits de l’anarchie administrative, de la corruption, de l’incompétence et de la routine bureaucratique. Le chef de l’État, M. Émile Lahoud, révèle dans une déclaration que la corruption est maintenant éradiquée à 30 % et que les effets dissuasifs de la lutte engagée dans ce domaine commencent à se faire sentir. Mais il se hâte de préciser qu’on reste loin du compte et il promet que le nettoyage va se poursuivre inlassablement. Ce qui est tout à fait compréhensible du moment que l’Administration, si l’on retient les chiffres du président de la République, reste gangrenée à 70 %. Mais comment va-t-on procéder ? Tout d’abord, au niveau des organismes de correction. En effet, le Conseil des ministres se trouve saisi d’une proposition visant à substituer au titre de «ministre d’État pour les affaires de la réforme», celui de «ministre d’État pour le développement administratif». Une simple question de label ? Non pas, car la nouvelle dénomination implique une restructuration, un considérable renforcement du Cabinet mis en place pour seconder le ministre concerné, en vue de le transformer en ministère à part entière. Un département qui aurait, au-delà de la phase transitoire dite de la réforme, une mission permanente à assumer, consistant avant tout à épauler les entreprises privées et les investisseurs, à leur faciliter les voies d’action et à leur simplifier les formalités, en condensant les signatures requises qui sont trop souvent innombrables. On peut rappeler à ce propos qu’il existe, depuis le temps du président Fouad Chehab, une étude technique qui détaille le parcours de toutes les formalités, en relève le compteur de durée et propose des simplifications susceptibles de réduire énormément les délais d ’accomplissement. Un rapport qui, bien entendu, est resté lettre morte. Or, il est tout à fait évident que les hommes d’affaires ne voient pas l’Administration sous le même angle que les politiciens. Il leur importe peu en effet de savoir à quelle confession appartient tel cadre administratif ou à quelle tendance politique il peut appartenir. Ce qui compte pour eux, c’est d ’aller vite en besogne et de ne plus se heurter aux lenteurs comme aux tracasseries d’une administration engluée dans des archaïsmes absurdes. Sans vouloir être cyniques, ces détenteurs de capitaux font valoir que, techniquement, il est bien plus important d’avoir un appareil administratif compétent, dynamique, que moralement propre. En d’autres termes, ils préfèrent le cas échéant avoir affaire à des fonctionnaires efficaces, même s’ils sont un peu portés sur le pot-de-vin, que peu productifs, même s’ils sont blancs comme neige côté probité personnelle. Sur un plan pratique et routinier, les milieux d’affaires concernés suggèrent que, comme la Sûreté générale le fait déjà, toutes les administrations acceptent de traiter les différentes sortes de formalités par la voie du courrier ordinaire, acheminé par Liban-Poste. Cela éviterait les files devant les guichets des fonctionnaires et réduirait en même temps le taux de pistons ou de pots-de-vin. Ces mêmes cercles intéressés soulignent par ailleurs un facteur primordial : la réforme administrative et les mesures techniques de redressement économique doivent s’accompagner nécessairement d’une solide stabilité, sécuritaire autant que socio-politique. Un élément que des législations adéquates doivent régulièrement conforter, les textes devant notamment servir à multiplier les délégations fonctionnelles de pouvoirs, réduire le nombre de recours en justice, en même temps qu’à écourter les délais des procès éventuels. Le ministre actuellement en charge de la Réforme, M. Fouad es-Saad, indique qu’il compte laisser le soin de réclamer des comptes aux quatre organismes de contrôle : le Conseil de la fonction publique, l’Inspection centrale, le Conseil de discipline et la Cour des comptes. Il souligne qu’il a demandé au Conseil des ministres d’étoffer son staff de travail, qui ne représente que le cinquième du cadre de n’importe quel autre ministère. Il veut pouvoir en effet moderniser l’Administration, la restructurer, la dépolitiser, l’informatiser, dépoussiérer les règlements et recycler les fonctionnaires. Selon le ministre d’État Béchara Merhej, qui fut un temps chargé du dossier de la réforme, cette opération «requiert une ferme détermination de la part des hautes autorités du pays». Or, à son avis, «une telle décision n’a pas encore été prise d’une façon catégorique». Le sera-t-elle jamais ? Émile KHOURY
Les investisseurs, locaux, arabes ou occidentaux, sont unanimes : si le Liban ne réforme pas en profondeur son Administration, les autres mesures de redressement économique qu’il peut adopter ne serviront à rien. Les facilités fiscales ou douanières ne peuvent en effet constituer un stimulant suffisant pour surmonter les méfaits de l’anarchie administrative, de la corruption,...