Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

BEYROUTH-DAMAS - Entretien téléphonique Lahoud-Assad Tous les détenus libanais en Syrie seront prochainement libérés

Le calvaire de nombreuses familles dont les fils sont détenus depuis des années en Syrie et qui désespéraient de voir l’État s’occuper de ce dossier est sur le point de toucher à sa fin. Tous les Libanais emprisonnés à Damas seront bientôt relâchés. L’annonce en a été faite hier officiellement par la présidence de la République, au terme d’un entretien téléphonique entre le général Émile Lahoud et son homologue syrien, M. Bachar el-Assad. La date exacte de la relaxation des détenus, dont on ignore toujours le nombre exact, n’a pas été fixée. Une commission ad hoc, formée en Conseil des ministres, doit au préalable examiner les listes des noms disponibles. Mais c’est seulement une question de jours avant qu’ils ne soient rapatriés, selon la présidence de la République et les explications du ministre de l’Information, M. Ghazi Aridi, au terme de la réunion du Conseil des ministres. Le dossier des Libanais détenus en Syrie n’a été que trop longtemps occulté. Pendant des années, l’État a ignoré les appels répétés de leurs familles et des organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme, et ce n’est que lorsque les rapports syro-libanais ont commencé à faire l’objet d’un débat sur le plan local que les autorités se sont apparement décidées à réagir. Le matin, les présidents de la République, le général Émile Lahoud, et son homologue syrien, M. Bachar el-Assad ont eu un entretien téléphonique axé sur ce sujet et au cours duquel M. Assad a annoncé à son interlocuteur qu’il a décidé de remettre en liberté tous les Libanais incarcérés dans son pays, qu’il s’agisse de prisonniers politiques ou de criminels de droit commun. «Sur la base d’entretiens préalables entre les deux chefs d’État libanais et syrien, le président Assad a répondu positivement au désir du général Lahoud de prendre la décision de remettre tous les détenus libanais (en Syrie) aux autorités libanaises, qu’ils aient été jugés et condamnés ou qu’ils soient arrêtés pour les besoins des enquêtes», a indiqué un communiqué publié par la suite par la présidence de la République. Lors de sa visite à Bkerké, il y a quelques semaines, le président de la Chambre, M. Nabih Berry, avait annoncé, rappelle-t-on, que le dossier des détenus libanais en Syrie serait clos avant la fin de l’année. De sources parlementaires proches de la présidence de la République, on a précisé que le président Lahoud a pris contact depuis six mois avec son homologue syrien pour régler le dossier des Libanais dans les prisons syriennes. Les contacts s’étaient poursuivis loin des feux de la rampe, surtout que la clôture de cet épineux dossier nécessitait l’amendement de certains textes juridiques en Syrie et parce qu’il fallait vérifier les listes des noms présentées par le Liban et celles établies par les autorités syriennes. La décision syrienne de libérer les prisonniers libanais, a poursuivi le communiqué de Baabda, «a nécessité l’introduction de certains amendements aux textes juridiques syriens, notamment en ce qui concerne les détenus libanais ayant commis des crimes en territoire syrien, afin qu’il ne demeure plus aucun prisonnier libanais en Syrie». Toujours selon le communiqué, «les détenus seront livrés dans les tout prochains jours (aux autorités libanaises) par le biais d’une commission libanaise de sécurité qui sera chargée d’examiner la situation juridique de chacun». Les services concernés ont «commencé à examiner les listes et les différents noms en circulation, surtout depuis qu’il est apparu que plusieurs personnes présumées détenues en Syrie ne le sont pas». «Certaines ont été portées disparues durant les événements dans différentes circonstances, conformément aux informations et aux éléments disponibles auprès des services judiciaires et de sécurité libanais», a poursuivi le communiqué qui a par ailleurs indiqué que les présidents Lahoud et Assad «ont passé en revue la situation régionale et se sont entendus sur le fait qu’il ne peut y avoir de règlement au Proche-Orient sans retour aux exigences d’une paix juste et globale que sont le retrait israélien de tous les territoires arabes occupés et la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien». Une commission juridique et de sécurité Plus tard, le général Lahoud devait communiquer la décision syrienne au sujet des détenus libanais en Syrie au Conseil des ministres qui a décidé de former une commission mixte juridique et de sécurité à laquelle les prisonniers seront livrés. Celle-ci sera formée du procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, du directeur des Services de renseignements de l’armée, M. Raymond Azar, du directeur de la Sûreté générale, le général Jamil el-Sayyed, et du directeur général des FSI, le brigadier Marwane Zein. C’est M. Aridi qui a fourni ces informations à la presse au terme de la réunion du Conseil des ministres, estimant que la décision du président syrien de relâcher les prisonniers libanais «reflète la volonté de la Syrie de traiter positivement avec le Liban et prouve que tout se passe normalement entre les deux pays».Il n’a pu donner de réponses précises aux questions relatives au nombre des détenus ou à la date à laquelle ils seront remis en liberté. Est-il possible qu’ils le soient avant les fêtes ? «Ce sera dans les délais les plus brefs, dans les prochains jours. La commission qui a été formée achèvera sa mission (de vérification des noms) le plus rapidement possible. C’est elle qui annoncera le nombre des détenus et examinera le cas de chacun. Ses conclusions seront rendues publiques clairement et seront annoncées en toute transparence». Récemment, des personnalités politiques proches de Damas avaient estimé à une quarantaine le nombre des détenus libanais en Syrie, alors que des organisations humanitaires internationales, notamment Amnesty International, avancent le chiffre de 228 et font état de cas de tortures et de mauvais traitements dans les prisons syriennes. La décision syrienne a été favorablement accueillie par les associations libanaises de défense des droits de l’homme qui ont toutefois posé le problème du nombre. Le Comité libanais de soutien aux Libanais détenus et exilés en Syrie (Solid) a ainsi appelé les autorités à «ne pas se contenter de la liste qui leur sera fournie par Damas». Dans une déclaration à l’AFP, le porte-parole de Solid, M. Ghazi Aad, a indiqué que son organisation avait une liste de 270 noms fournie par les familles. Il a demandé que ce dossier soit traité «en toute transparence» et que l’État ouvre un bureau de réclamations pour les familles. De son côté, M. Kamal Batal, porte-parole de Mersad, une autre organisation de défense des droits de l’homme, a indiqué à l’AFP que «le nombre des détenus libanais pourrait être à quatre chiffres» et que «le flou continue à assombrir ce dossier». «En 1998, suite à une intervention de l’ex-président Élias Hraoui, 121 Libanais détenus en Syrie avaient été libérés. Or, sur les 121 noms, seul deux figuraient sur la liste en possession des organisations de défense des droits de l’homme», a-t-il rappelé.
Le calvaire de nombreuses familles dont les fils sont détenus depuis des années en Syrie et qui désespéraient de voir l’État s’occuper de ce dossier est sur le point de toucher à sa fin. Tous les Libanais emprisonnés à Damas seront bientôt relâchés. L’annonce en a été faite hier officiellement par la présidence de la République, au terme d’un entretien...