La gamelle du haut perché

Ils sont géniaux nos voisins ! Des champions hors pair de la distillation sous alambic d’infos-intox alambiquées. Il a fallu que, brusquement, dans un sursaut fortuit de dignité libanaise, la question de leur présence militaire se pose, pour qu’aussitôt ils envoient leurs poulains se télescoper sur la place publique. Le message de l’Indépendance était pourtant bien clair: «Toi, Banania Miam Miam, fermer ta grande gueule, et laisser Grand Bwana régler problème». En fait, le problème, c’est qu’il y en a plein qui veulent jouer au Grand Bwana. Ainsi, quand le patriarche menace de faire une apoplexie gazeuse, à force de réclamer le départ des frérots, c’est le numéro deux de la République qui cavale, gonflé à se faire péter bretelles et jarretières, pour lui raconter des bobards. Longtemps habitués à décider pour nous, les Syriens en sont restés comme deux ronds de flan. Le culot, tu penses bien, ça désarme quand il vient en sens contraire. Pas pour longtemps en tout cas, puisque c’est Farouk el-Chareh en personne qui va se charger de lui savonner la planche, au déshérité de Aïn Tiné : coup de fil impromptu, converse animée, et au vu de la mine constipée du contacté, je peux t’assurer que c’était pas un téléphone rose. L’agence Sana raconte sans rire que les deux mutants «ont échangé des propos sur les problèmes de l’heure», mais tiens, fume ! C’est plutôt Farouk qui, à coups de grosses gamelles, s’est chargé de donner l’heure au haut perché du Parlement. Et l’heure, là voici : un déménagement, hier, en catiminette, sans tambours ni trompettes. Le patriarche, lui, a déjà rengainé sa moulinette et le Béribéri sa bavette. Prochain rendez-vous, la Békaa. On prend les mêmes et on recommence…