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Actualités - DISCOURS

Premiers signes de failles au sein du nouveau pouvoir

Le troisième homme, dont on n’avait pas fait le compte : les premiers signes de failles au sein de la nouvelle équipe dirigeante découlent de l’initiative Bkerké de M. Nabih Berry. Et non d’une présumée rivalité larvée entre les deux têtes de l’Exécutif, MM. Émile Lahoud et Rafic Hariri. Sur ce dernier plan, il se confirme au jour le jour que les séances de briefing mutuel qui ont précédé la formation du Cabinet ne se sont pas limitées au choix des ministres mais ont également et surtout délimité les domaines réservés de chacun des deux présidents. Au chef de l’État, les questions de grande sécurité ou de stratégie régionale, comme les options concernant le Sud ou les rapports avec la Syrie. Au président du Conseil, l’économie, les finances et toute diplomatique projetée en vue du redressement. En se rendant auprès du patriarche, le président de l’Assemblée nationale est venu rappeler sa conception, tout à fait active, de l’apport parlementaire au système local de décision. Il a voulu, d’entrée de jeu, souligner que la Chambre n’est pas un simple bureau d’enregistrement ou de rejet des projets gouvernementaux. Et qu’elle peut, à tout moment, sur tout sujet, créer l’événement. Il y a peut-être un peu trop bien réussi. Car, de l’aveu de plusieurs loyalistes, si sa visite à Bkerké était annoncée bien à l’avance, et s’il avait eu la courtoisie (élémentaire du reste) d’en prévenir les autres autorités politiques, personne ne s’attendait à ce qu’il sortît de chez Mgr Sfeir convaincu plutôt que convaincant. On pensait, et M. Berry l’avait d’ailleurs laissé entendre avant la démarche, qu’il allait se contenter d’un double petit effort de récupération, de faire risette au prélat pour l’amadouer, de contribuer à détendre un climat politique devenu trop lourd (entre autres, avec les menaces de M. Kanso à l’encontre de M. Joumblatt), de jouer en somme les conciliateurs, les arrondisseurs d’angle sans trop de frais. Or, à la surprise, irritée ou consternée selon les personnes, des autres pôles officiels, il s’est avancé jusqu’à surenchérir en quelque sorte sur le patriarcat en soulignant qu’il le défend contre tous. Et en annonçant, urbi et orbi, un prochain redéploiement syrien sur la Békaa. Certes, M. Farouk el-Chareh a de suite réagi, en répétant que la question ne concerne que les gouvernements des deux pays et en affirmant qu’aucune tierce partie n’est autorisée à interférer dans ce dossier. «Il faut cependant savoir, indiquent ces loyalistes informés, que le ministre syrien des Affaires étrangères n’a pas agi ou réagi motu proprio. Il a fait ses remarques sur sollicitation expresse de personnalités libanaises qui ont en quelque sorte mouchardé M. Berry à Damas. On peut penser qu’ayant par la suite compris que l’initiative du président de la Chambre avait été dûment communiquée en haut lieu et avait été autorisée, sinon approuvée, M. Chareh a fait un peu machine arrière en affirmant que ses propos ne visaient pas du tout M. Berry». Et d’ajouter que «le courant haririen, lui aussi favorable à l’ouverture sur l’Est mais sans trop en faire, a réussi à faire applaudir en définitive l’initiative de M. Berry, ou plutôt toutes les tentatives de médiation entre Bkerké et Damas. Ce n’aurait évidemment pas été possible sans l’aval de la haute direction syrienne. Ceci étant, la position officielle, proclamée par le chef de l’État, reste inchangée : la présence militaire syrienne reste légale, nécessaire et provisoire». Une conclusion qui laisse entendre assez clairement que le camp proche du régime, s’il accepte de ne pas entraver la recherche d’un consensus national, n’ira certainement pas jusqu’à en prendre la direction. Alors que M. Berry, et indirectement M. Hariri, se sont déjà engagés sur cette voie. Pas très résolument, faut-il dire, la preuve étant que le président de la Chambre se cantonne ces derniers jours dans un silence remarqué. Peut-être parce que l’affaire de la Libye fragilise un peu sa position politique ou retient complètement son attention. En tout cas, pour le moment, il paraît avoir besoin de soutien plutôt que d’être en mesure de soutenir. Surtout une cause difficile et confuse. Car les réactions extérieures à son initiative en direction de Bkerké montrent qu’il existe actuellement, à tout le moins, du flottement au niveau des décideurs, qui seraient eux-mêmes divisés sur la conduite à suivre par rapport au dossier des relations avec le Liban.
Le troisième homme, dont on n’avait pas fait le compte : les premiers signes de failles au sein de la nouvelle équipe dirigeante découlent de l’initiative Bkerké de M. Nabih Berry. Et non d’une présumée rivalité larvée entre les deux têtes de l’Exécutif, MM. Émile Lahoud et Rafic Hariri. Sur ce dernier plan, il se confirme au jour le jour que les séances de briefing...