Full Metal Jacket

L’armée. Une armée. C’est une organisation d’hommes avec plein d’armes. Une organisation hiérarchisée, c’est évident. Elle est supposée contenir un envahisseur, elle en est très souvent capable d’ailleurs. Comme de porter la guerre au-dehors ou de maintenir l’ordre à l’intérieur d’un État. Et même si son existence est fondée sur la réalité de la guerre, elle n’est jamais aussi utile qu’en temps de paix. Une armée, c’est l’émanation d’un État, sa chose, sa maîtresse. Il y a l’armée suédoise, péruvienne, japonaise, zaïroise. Il y a l’armée de terre, de l’air, l’armée de mer. Il y a l’armée permanente, de milice, mercenaire, de métier. Il y a eu l’armée de Frédéric II, les Grognards de Napoléon, la Wehrmacht, il y a les Red Berets, les Marines, la Légion étrangère. Il y a l’Armée du salut. Il y a aussi l’armée de fourmis, celle de supporters, l’armée de fonctionnaires, l’armée de piétons, l’armée d’électeurs, etc, etc. En règle générale, ça rassure, une armée, ça réconforte, ça protège. Ça fascine. Ça évite les dérives, toutes les dérives, celles, surtout, des milices. Toutes les milices. Avec l’armée présente, silencieuse même, un citoyen, quel qu’il soit, a mille fois plus de chances de s’acquitter de ses devoirs. De faire valoir ses droits. Avec elle, unie et forte, un citoyen, quel qu’il soit, rêve d’égalité, de liberté, de fraternité. Tout cela à condition, évidemment, qu’un peuple et ses élus soient en symbiose. En accord. Full Metal Jacket : Stanley Kubrick mettait en garde contre les (inévitables) dérives d’une armée. Sauf qu’il en a magnifié l’urgence. La nécessité. L’armée libanaise est belle. Belle parce qu’en son sein, il y a des chrétiens, des musulmans, des druzes, et tout ce beau monde, n’en déplaise à certains, se porte très bien, merci. L’union sacrée, eux, ils la connaissent : ils partagent une même vision, une même mission. Et puis ils mangent les mêmes pommes de terre, cuisinées toutes à la même sauce. L’armée libanaise, n’en déplaise à sayyed Nasrallah par exemple, est «totalement immunisée contre les divisions confessionnelles», l’armée libanaise, c’est aux frontières de son pays qu’elle se doit d’être. Cela devrait être sa préférence à elle. C’est du moins – et c’est déjà énorme –, le souhait numéro un de toute une population. L’armée libanaise aux frontières : l’assurance de ne plus avoir à faire face à quelque débordement que ce soit. Empêcher toute escalade. La preuve tangible, aussi, du sain fonctionnement de l’État. C’est ainsi, d’abord, qu’il commence à remplir son «contrat». Condition sine qua non. Ziyad MAKHOUL