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Actualités - ANALYSE

Redressement - Hariri veut convaincre les ministres de se présenter en rang uni devant la Chambre Le budget et le cabinet sur la même sellette

L’extension de la campagne qui cible son projet de budget commence à inquiéter Hariri. D’autant que certaines forces politiques en prennent prétexte pour pousser le cabinet vers la sortie. Une invitation rendue encore plus désagréable par le fait qu’elle émane principalement de présumés alliés, fortement représentés au sein du gouvernement. Le Premier ministre s’irrite de cette dualité. Et s’indigne d’entendre des responsables réclamer la révision d’un budget qu’ils ont approuvé en Conseil des ministres. Dès lors, après avoir tenté un moment de jouer les indifférents, Hariri se résigne à se battre. Mais à fleuret moucheté. En effet, plutôt que de leur tenir tête, il souhaiterait circonvenir les néocontempteurs, négocier avec eux. Obtenir que le gouvernement se présente en rang uni pour défendre le budget à la Chambre. Sans retouches fondamentales. Et du même coup, s’assurer d’une majorité confortable et non pas étriquée. Ses proches ajoutent qu’il compte relancer les ministres frondeurs. Non pas tant pour les semoncer que pour les ramener sur le droit chemin de la cohésion gouvernementale. En mettant l’accent sur les lourdes conséquences économiques et financières qu’aurait la restructuration du projet de budget. Étant donné que la limitation du déficit à 25 % ainsi que les surtaxes du bordereau numéro 9 font partie intégrante du package deal conclu à Paris II. Et restent autant de conditions posées pour un Paris III au printemps prochain. Dans le même élan, le Premier ministre s’efforce de démontrer qu’un départ des Trente serait prématuré et hautement préjudiciable sur le plan économique, à cause de la crise de confiance locale, ou de crédibilité à l’extérieur, que cela provoquerait. Pour le Premier ministre, cité par ses partisans, il ne faut pas, en tout cas, mélanger les torchons et les serviettes. Ni lier le sort du cabinet au débat budgétaire. Sur le plan pratique, Hariri a d’abord entrepris de convaincre Joumblatt et son bloc, qu’il a rencontrés récemment. L’entretien a porté sur les possibilités d’effectuer des améliorations cosmétiques au projet de budget. De manière à satisfaire en partie les revendications sociales soutenues par le groupe du leader progressiste, sans altérer le fond de la loi comptable. En bon diplomate, Hariri, toujours selon les mêmes sources, n’a pas insisté sur le geste spectaculaire de contestation de Joumblatt. Qui, comme on sait, a dernièrement participé en compagnie de Marwan Hamadé, et aux côtés de Sélim Hoss (rival direct du Premier ministre), à la manif des enseignants et des étudiants. Le seigneur de Moukhtara n’a du reste pas cessé, ces derniers temps, de décocher des flèches contre le bordereau numéro 9. En se faisant relayer, notamment, par Ghazi Aridi, ministre de l’Information, qui a défendu la thèse du droit de s’opposer au budget tout en faisant partie du gouvernement. Aridi a fait monter les enchères. Il a notamment attaqué le gouvernorat de la Banque du Liban et multiplié les allusions aux prestations douteuses, à son avis, de certains de ses collègues du gouvernement. Pour commencer, à l’instar de Hamadé, le ministre de l’Information s’est abstenu d’assister, la semaine dernière, à la rencontre hebdomadaire de son chef avec le président du Conseil. Les deux ministres avaient été alors remplacés par Bassem es-Sabeh, député haririen élu sur une liste joumblattiste et membre de la Rencontre démocratique. Comme Joumblatt dirige un bloc parlementaire consistant, ainsi d’ailleurs que Berry et Hariri lui-même, ce dernier s’est efforcé de le convaincre de ne pas voter contre le budget. En faisant valoir que le camp loyaliste ne devrait pas se désunir et que ses pôles ne seraient pas conséquents avec eux-mêmes s’ils favorisaient les desseins de l’opposition. Pour Hariri, lorsque des ministres ont des observations à faire, ils doivent les réserver au Conseil des ministres et non pas les étaler dans les médias. Car cela affaiblit la confiance que les Libanais doivent avoir non seulement dans les dirigeants, mais dans le pouvoir et l’État en tant que tels. Ce qui affecte la stabilité économique. Hariri a-t-il réussi à amadouer Joumblatt ? On n’en sait encore rien pour le moment et on sera fixé lors du débat budgétaire, qui s’ouvre le 7 janvier. Les haririens craignent en tout cas que l’on ne torpille le texte en l’amendant en profondeur. Et ils répètent qu’il ne faut pas faire passer le bébé avec l’eau de la baignoire. C’est-à-dire qu’il ne faut pas s’en prendre au budget aux fins de déboulonner le cabinet. Car le départ des Trente peut se discuter à tête reposée, sans mettre en danger le redressement économique. Et financier. Philippe ABI-AKL
L’extension de la campagne qui cible son projet de budget commence à inquiéter Hariri. D’autant que certaines forces politiques en prennent prétexte pour pousser le cabinet vers la sortie. Une invitation rendue encore plus désagréable par le fait qu’elle émane principalement de présumés alliés, fortement représentés au sein du gouvernement. Le Premier ministre...