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Actualités - OPINION

Le sort du cabinet en suspens jusqu’au débat budgétaire

La campagne sur le cellulaire est-elle mue par le souci du bien public, ou par des considérations en rapport avec le sort du cabinet ? Les professionnels du cru se posent une question identique au sujet de la grève des enseignants et de l’agitation syndicale. Et ils se demandent si tout cela n’est pas destiné à susciter un climat de tension précipitant le départ des Trente. Mais au stade actuel rien ne prouve, ni sur le devant de la scène ni dans les coulisses, qu’il est sérieusement question de changer l’équipe en place. Rien ne prouve le contraire non plus, d’ailleurs. On devrait cependant se faire une première idée dans les tout prochains jours, à travers l’effet (politique) que produirait l’adjudication du cellulaire, les réactions que l’appel d’offres va provoquer. Mais pour être définitivement fixé, il faudra sans doute attendre le débat budgétaire programmé pour le 7 janvier. C’est en effet place de l’Étoile qu’aura lieu, en principe, l’explication décisive. De nombreux députés, loyalistes et opposants confondus, réclament des retouches consistantes au projet de loi des finances. S’ils insistent, s’ils font bloc, le gouvernement devrait, toujours en principe, confirmer qu’il ne peut admettre des amendements de fond. Et retourner en quelque sorte la question de confiance aux députés : soit ils votent contre le texte, et assument le blocage du redressement, soit ils l’approuvent. Le test peut se définir de la sorte : si les députés se soumettent, ils décevraient leur électorat ; et si le gouvernement s’incline, il montrerait sa faiblesse et n’y survivrait pas longtemps. Et il ne pourrait pas, en tout cas, assurer sa tâche principale, le redressement financier. À ce propos, Siniora est catégorique : il lie « le panel de dispositions réformatrices nécessaires et importantes à la réussite de Paris II. » À son avis, il faut s’attacher au mécanisme budgétaire prévu, comprendre qu’il faut faire des sacrifices et travailler pour augmenter la productivité du pays. Les observateurs pensent généralement que Hariri devrait emporter le morceau sans céder sur l’essentiel, mais sans doute à une majorité plutôt étriquée. Ce qui serait d’autant plus dommageable que la cohésion ministérielle aurait volé en éclats, dans la mesure où des blocs représentés au gouvernement auraient voté contre lui. Il existe en effet, à cause notamment de la situation sociale et du budget, un nouveau courant d’opposition directement issu des rangs loyalistes. On revient ainsi au sort du Cabinet, dans ce sens que son espérance de vie serait amoindrie dans l’exacte proportion de la réduction de son indice de confiance à la Chambre. De plus, pour beaucoup de professionnels, le vote serait également un test au niveau de l’entente entre les présidents. Cependant, l’un des atouts cachés de Hariri est précisément le fait que son accord actuel avec Baabda, l’aval donné par le régime à son plan, devrait inciter nombre de parlementaires à y réfléchir à deux fois avant de rejeter le projet budgétaire. Cela s’applique particulièrement aux ministrables. Car il leur deviendrait difficile d’accéder au paradis en se dressant ostensiblement contre un Premier ministre (presque) certainement appelé à se succéder à lui-même. Autre avantage ponctuel que ponctue volontiers le vice-président du Conseil, Issam Farès : il n’est pas facile de résoudre les litiges afférents à la formation d’un nouveau cabinet. Ce qui prolonge d’après lui la survie d’un gouvernement qui se trouve placé aux soins intensifs. D’autres pensent que le sursis s’impose du fait de la conjoncture régionale. Et qu’il vaudrait mieux former le prochain cabinet en fonction des nécessités qu’aurait mises en relief la frappe US contre l’Irak. Tous conviennent, pour finir, qu’il faut voir ce que la Syrie en pense. Et pour le moment, elle ne semble pas disposée à discuter d’un changement ministériel rapproché, au Liban. Émile KHOURY
La campagne sur le cellulaire est-elle mue par le souci du bien public, ou par des considérations en rapport avec le sort du cabinet ? Les professionnels du cru se posent une question identique au sujet de la grève des enseignants et de l’agitation syndicale. Et ils se demandent si tout cela n’est pas destiné à susciter un climat de tension précipitant le départ des Trente....