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Actualités - REPORTAGE

BIENNALE DE SAINT-ÉTIENNE - Une quinzaine de créateurs du Liban et du Proche-Orient y ont présenté leurs idées La table orientale à la sauce design(photos)

La Biennale internationale de design de Saint-Étienne (France), qui compte parmi les événements majeurs du design contemporain, a accueilli cette année, lors de sa troisième édition, à la mi-novembre, une quinzaine de designers – d’objets et de vêtements – du Proche-Orient, tous réunis sous la bannière de «Table-rase », un des principaux promoteurs du design au Liban et dans la région. La délégation proche-orientale était composée de huit créateurs libanais, un syrien et un irakien, ainsi que de trois stylistes libanais et une jordanienne. Ces derniers étaient accompagnés de leurs propres mannequins. La biennale, dont le président Jacques Bonnaval, présent à Beyrouth en octobre, signalait qu’«elle est, contrairement aux foires uniquement commerciales, un salon qui fait une grande place à la découverte multiculturelle, à l’expérimentation et à la recherche », présente un large panel d’objets conçus par des designers venus de quatre-vingts pays, des cinq continents. Ce Salon du « tout-objet » dresse un inventaire de la créativité aussi bien en matière de meubles que d’accessoires en passant par les voitures, les prothèses, les ustensiles divers, les vêtements, les chaussures, les gadgets... S’y côtoient donc aussi bien les produits du design industriel que ceux du design dit d’auteur. Pour offrir une certaine homogénéité sur son stand, « Table-rase », qui est le commissaire adjoint de l’exposition pour le Proche-Orient, a demandé à ses designers d’aborder dans leurs œuvres la thématique « Food and Design ». C’est-à-dire de faire un travail sur la modernisation de la table orientale, en donnant aussi bien à ses contenants qu’à ses ingrédients traditionnels une présentation plus contemporaine. Directive suivie à la lettre par beaucoup de participants, et qui a donné quelques prototypes intéressants. À l’instar de certaines créations signées ACID (Raed Abillama et Karim Chaya), comme le récipient à double fond pour l’huile d’olive et les olives, en verre soufflé artisanal, ainsi que les « khebz prêt-à-manger », des mini-pains libanais en forme de cuillère, qui ont particulièrement attiré l’attention du ministre français de la Culture, M. Jean-Jacques Aillagon. En matière d’originalité utile, les ampoules de saveurs orientales de Sophie Skaf ne sont pas en reste. La jeune femme a travaillé sur l’emballage des épices et autres assaisonnements de la cuisine libanaise. Elle a ainsi mis des monodoses de sel, poivre, vin, huile, arak, eau de rose, etc. dans des ampoules en verre, de différentes tailles, qu’on ouvre en en brisant les extrémités. Une création sympathique qui a attiré l’attention de nombreux restaurateurs, dont le célèbre Bocuse. Architecte-designer de formation, Sophie Skaf a également donné un « workshop » à des étudiants de l’école des beaux-arts de Saint-Étienne sur le thème de la « Cicatrice ». Pour amateurs de « méchoui » politique Dans le même esprit, Karen Chekerdjian a fait fusionner le plateau et les assiettes à «mezzé» en un seul objet amovible, qu’elle a baptisé « Poppy Tray ». En bois vernis et assiettes en céramique ou en plastique moulé, il a une forme irrégulière qui n’est pas sans rappeler un champ de coquelicots. Autre pièce à signaler, le service de table en porcelaine blanche à effet de tissu souple, créé par Pascal Tarabey. Et le gril viande «Let’s Meat», de l’Irakien Ali Hussein Badr, aux plaques incrustées de part et d’autre des effigies de G. W. Bush et de Saddam Hussein, friands tous deux de viande à canons. Leurs visages, imprimés sur les deux faces d’un steak, aiguiseront sans doute l’appétit et l’envie de les découper au couteau de pas mal de gens. Un design politico-frondeur... Pour amateurs de « méchoui » politique ! Dans le même registre, Natacha Kalfayan a présenté un spectacle «designo-théâtral » inspiré de sa perception des peuples du monde arabe, pris entre leurs propres maîtres et ceux de l’Occident. Une galerie de personnages bâillonnés, ligotés, terrorisés et ... terrorisants. Du côté des stylistes, seule Milia M s’est inspirée du thème «Food and Design » pour concevoir des robes couleurs dessert (crème, fraise et chocolat) et accessoirisées de bracelets fourchettes, ceinture cuillères et couteaux... entre les dents. Ce qui ne veut pas dire que les créations de Rabih Keyrouz (robes à une seule couture) ou de la styliste jordanienne Hana Sadiq, inspirées de la tradition, n’étaient pas intéressantes. On ne peut pas faire ici une présentation exhaustive de toutes les pièces du stand «Table-rase» à Saint-Étienne. D’autant qu’elles seront montrées à Beyrouth en avril 2003, dans le cadre d’une exposition itinérante qui passera par Amman et – en principe – par Bagdad. Un événement à suivre... sur place, donc. Zéna ZALZAL Les participants La société ACID, soit Raed Abillama et Karim Chaya, designers industriels. Annabel Karim Kassar, architecte d’origine française installée à Beyrouth. Sophie Skaf, architecte et designer. Nada Debs, architecte d’intérieur. Karen Chekerdjian, designer (diplômée de la Domus Academy de Milan). Pascal Tarabey, architecte et designer (diplômé de la Domus Academy de Milan). Kamal Bitar, architecte syrien, spécialisé dans la réhabilitation urbaine. Ali Hussein Badr, architecte irakien, installé en Suisse. Bernard Khoury, diplômé de la Rhode Island School of Design, puis de Harvard, il est cofondateur de l’agence Beirut Flight Architects et travaille entre Beyrouth et Berlin. « Haus Maus » soit un trio qui réunit Ana Corbero, artiste, Nabil Gholam architecte, et Abude Omari, entrepreneur. Une équipe qui développe une marque de produits de design entièrement fabriqués au Liban. Natacha Kalfayan, designer et styliste. Côté stylisme : Milia Maroun, créatrice de mode diplômée d’Esmod-Paris, qui a sa propre marque « Milia M ». Rabih Keyrouz , styliste couturier, diplômé de la Chambre syndicale de la couture parisienne. Hana Sadiq, diplômée en littérature française. Cette créatrice jordanienne, qui travaille sur l’intégration de l’art et des coutumes arabes dans la haute couture contemporaine, a remporté en 1999 le concours italien « Alta Moda ».
La Biennale internationale de design de Saint-Étienne (France), qui compte parmi les événements majeurs du design contemporain, a accueilli cette année, lors de sa troisième édition, à la mi-novembre, une quinzaine de designers – d’objets et de vêtements – du Proche-Orient, tous réunis sous la bannière de «Table-rase », un des principaux promoteurs du design au Liban...