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Actualités - CHRONOLOGIE

Universités - Rassemblement dans le cadre de la « Journée Charles Malek » Les étudiants de l’USJ célèbrent la culture des droits de l’homme

Les étudiants du campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ – rue Huvelin) ont célébré la semaine dernière l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) d’une manière toute particulière. Dans le souci de promouvoir la culture des droits de l’homme et le respect des libertés publiques, les étudiants, dont un certain nombre sont volontaires dans des associations de défense des droits de l’homme, ont organisé une journée consacrée à la DUDH. L’occasion pour les étudiants de rendre hommage à Charles Malek, l’un des principaux protagonistes de l’élaboration de la Déclaration. L’événement, qui sera célébré chaque année, a été baptisé « Journée Charles Malek ». À l’initiative de certains militants des droits de l’homme dans les rangs estudiantins et en collaboration très étroite avec les bureaux de l’amicale estudiantine de l’USJ, les étudiants ont invité quatre associations de défense des droits de l’homme à venir présenter leurs activités durant toute la journée. Il s’agit de la Fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire (FDHDH), dirigée par M. Waël Kheir, Amnesty International, Nouveaux droits de l’homme (NDH), association française dont le chargé de mission au Liban est M. Élie Abou Aoun, et Solide (Soutien aux Libanais détenus et exilés), dont le porte-parole est M. Ghazi Aad et qui s’occupe des détenus libanais en Syrie. Il est à signaler que les quatre ONG sont en contact permanent avec les étudiants et comptent beaucoup de jeunes. Des stands ont été installés dès 11h sur le campus et les étudiants ont eu l’occasion de se familiariser avec les moyens d’action des quatre ONG et les dossiers qui sont traités par ces associations. Derrière le stand de la FDHDH, représentée par M. Jean-Pierre Qatrib et Mme Éliane Masri, une chouette en carton a été accrochée, les yeux ouverts, attentifs. Elle symbolise l’état d’éveil permanent de la société civile et des associations de défense des droits de l’homme, toujours aux aguets des violations qui pourraient se produire. NDH – Liban a accroché pour sa part sur son panneau d’affichage des communiqués de presse sur divers sujets relatifs aux arrestations d’étudiants et à la répression brutale des manifestations par les forces de l’ordre, aux détenus libanais en Israël et en Syrie, à l’usage de la torture dans les prisons... Amnesty International a pour sa part mis l’accent sur le racisme et la peine de mort. Enfin, Solide a accroché sur son panneau des documents sur les détenus libanais en Syrie, notamment sur les moyens de torture employés dans les prisons syriennes. L’ONG était représentée par Ghazi Aad ainsi que par les parents de détenus libanais en Syrie, parmi lesquels la présidente du comité des parents de détenus, Sonia Eid. Par ailleurs, une exposition sur la vie, l’œuvre et l’apport de Charles Malek au débat sur les droits de l’homme a été organisée simultanément par l’amicale estudiantine. Des coupures de journaux et des photos sur la fermeture de la MTV, les rafles du 7 août 2001 dans les rangs de l’opposition et le tabassage des étudiants devant le Palais de justice le 9 août 2001 ont également été accrochées. Pétition remise à Berry Soucieuse d’habituer les étudiants aux moyens d’expression et d’action civiques et démocratiques, l’amicale du campus des sciences sociales a par ailleurs fait signer une pétition sur le respect des droits de l’homme au niveau estudiantin, qui sera remise au président de la Chambre, Nabih Berry. Puisque c’est au Parlement que devrait revenir, normalement, le rôle de défendre les citoyens et les libertés. Voici le texte de la pétition : « Nous, soussignés, étudiants de l’Université Saint-Joseph, et conformément aux articles 5, 9, 10, 12, 19, 20 et 21 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), dont le Liban fut, à travers Charles Malek, l’un des principaux initiateurs, demandons ce qui suit : – L’arrêt de l’usage, par les services de renseignements, de la torture sous toutes ses formes, morale, physique et psychologique, à l’encontre des étudiants (accord sur la non utilisation de la torture signé par le Liban en juillet 2000 ; article 5 de la DUDH). – Le non-recours aux arrestations et à la détention arbitraires pratiquées par les autorités, et dont sont victimes régulièrement les étudiants sans motif justifiable (article 9). – L’abolition du tribunal militaire et de tout autre tribunal d’exception devant lesquels sont déférés chaque année des dizaines d’étudiants arrêtés arbitrairement et devant lequel l’accusé n’a pas droit à un procès équitable et à assurer sa défense (article 10). – La cessation des immixtions des services de renseignements dans la vie privée des étudiants en raison de leurs activités et de leurs opinions politiques, ainsi que des arrestations perpétrées à domicile sans mandat d’amener individuel et sans mandat de perquisition (article 12). – La nécessité de ne plus inquiéter, terroriser ou arrêter les étudiants qui expriment leurs opinions politiques et leur opposition par tous les moyens dont ils disposent, y compris la liberté de presse, de parole et le droit de manifester (article 19). – Le droit de manifester et de se rassembler, droit fondamental et inaliénable, ne saurait être soumis à une autorisation préalable ou à une réglementation de la part du ministère de l’Intérieur ou de toute autre autorité publique ou privée quel que soit le lieu géographique ou le motif de la manifestation ou du rassemblement concerné. Le pouvoir est par ailleurs appelé à cesser d’inquiéter les partisans de certains courants de l’opposition en raison de leur appartenance politique et de leurs idées (article 20, alinéas 1 et 2). – Le droit à l’opposition fait partie du système démocratique. L’opposition, étudiants compris, a le droit d’exprimer ses idées et d’œuvrer librement à la réalisation de son programme politique. Il est du devoir du pouvoir de lui garantir ce droit fondamental (article 21). » Ateliers de travail et débat Deux des quatre associations ont ensuite animé des ateliers de travail sous la forme de débats ou de conférence. Une cinquantaine d’étudiants rassemblés en arc de cercle autour de lui, Ghazi Aad a présenté le cas des détenus libanais en Syrie, évoquant à plusieurs reprises « la politique de déni » des autorités libanaises et syriennes. Il a également raconté comment les parents de détenus, qui avaient pourtant obtenu un rendez-vous du ministre syrien de l’Intérieur, ont été refoulés vers Beyrouth en octobre dernier. Ghazi Aad a enfin appelé les étudiants désireux de servir cette cause humanitaire d’intensifier leurs relations avec Solide par le biais des amicales. Ensuite, Élie Hindy, de NDH – Liban, a animé un débat sur le thème « Racisme et xénophobie ». Au nom de l’indivisibilité et de l’universalité des droits de l’homme, M. Hindy a défendu les droits fondamentaux (de propriété, de travail, de logement, de frais d’hospitalisation) des Palestiniens au Liban qui ne sont pas respectés actuellement. Ce qui a déclenché une discussion chaude et animée avec les étudiants, selon qui les Palestiniens ont contribué à la déstabilisation sur la scène libanaise depuis les années 60. Élie Abou Aoun et Ziad Baroud En soirée, et pour clore la journée, une conférence sur « les violations des droits de l’homme à l’encontre des étudiants » a été organisée. Deux spécialistes actifs dans la défense des droits des étudiants ont pris la parole. Il s’agit d’Élie Abou Aoun, responsable de NDH – Liban et chargé de cours à l’USJ, et de Ziad Baroud, secrétaire général du comité parlementaire pour la défense des étudiants, initié l’an dernier par le recteur de l’USJ, père Sélim Abou, et chargé de cours à l’USJ. Après avoir présenté rapidement la philosophie des droits de l’homme et les apports de Charles Malek à la rédaction de la DUDH (priorité donnée à l’individu sur la collectivité), M. Abou Aoun a mis l’accent sur le fait que la loi se devait d’être au service du droit et de l’homme, selon la Déclaration. Sinon, celle-ci autorise le droit à la résistance à l’oppression. « Quand vous manifestez et que vous contredisez un décret du ministère de l’Intérieur, n’ayez crainte : c’est votre droit. Dans ce cas, la loi n’est pas au service du droit », a-t-il dit, s’adressant aux étudiants. Il a par ailleurs indiqué que les droits de l’homme ont introduit une nouvelle dynamique politique, au sens noble du terme, précisant toutefois que ce mouvement est « au service de la société, mais pas de la politique politicienne ou partisane ». De son côté, Ziad Baroud a retracé l’itinéraire qui avait conduit à la création du comité parlementaire pour la défense des étudiants, à la suite de l’interpellation de deux étudiants de l’USJ par les services de sécurité. Ironisant, M. Baroud a affirmé : « M. Walid Joumblatt a dit, il n’y a pas si longtemps, que le Liban de Charles Hélou, de Georges Naccache et de Michel Chiha était mort. Sans doute a-t-il oublié Charles Malek : avec toutes les violations des droits de l’homme qui se produisent au Liban, c’est sans doute le cas. » Estimant que les étudiants et les femmes constituent « le facteur principal de changement », il a évoqué l’évolution progressive, depuis le début des années 90, qui a abouti à la réglementation des manifestations. Une mesure qu’il a qualifiée d’« atteinte à la Constitution » puisque qu’elle est contraire à la liberté d’expression et de rassemblement pacifique garantis par la Constitution. Critiquant le système d’autorisation institué par le ministère de l’Intérieur en lieu et place du système de notification, M. Baroud a estimé qu’il valait mieux que le droit de manifester dépende d’une loi parlementaire plutôt que des décisions arbitraires de l’Exécutif. Il a enfin conseillé aux étudiants de ne pas se rendre aux QG des services de renseignements s’ils font l’objet d’un mandat d’investigation, parce que ce dernier est illégal. Les deux hommes ont enfin dénoncé le recours à la force brutale de la part des forces de l’ordre à l’encontre des manifestants, conseillant aux étudiants de ne pas faire usage de la violence et des jets de pierres, parce que cela nuirait à l’aspect pacifique de leur mouvement et légitimerait le recours à la force par les FSI. Michel HAJJI GEORGIOU
Les étudiants du campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ – rue Huvelin) ont célébré la semaine dernière l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) d’une manière toute particulière. Dans le souci de promouvoir la culture des droits de l’homme et le respect des libertés publiques, les étudiants, dont un certain...