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Actualités - INTERVIEWS

INTERVIEW - La priorité de la ministre québécoise des Affaires extérieures : le combat pour la diversité culturelle Louise Beaudouin à « L’Orient-Le Jour » : La francophonie n’a pas toujours les moyens de ses ambitions

Lausanne, de notre envoyé spécial Ziyad MAKHOUL Tout le monde le sait désormais : la pétulante et intransigeante ministre québécoise des Relations extérieures, Louise Beaudouin (Jacques Chirac l’appel « Louise », et la félicite pour son combat quotidien en faveur de la francophonie) n’a pas la langue dans sa poche. « Le fait qu’Abdou Diouf (le nouveau secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie) ne soit pas présent, c’est totalement surréel. Surtout que cette conférence est consacrée au suivi du Sommet de Beyrouth. Et là, on aurait fait une belle fête d’adieu à Boutros Boutros-Ghali, il n’y avait rien qui pressait. Mais les Suisses ont insisté. Ils voulaient rendre un dernier hommage à Boutros-Ghali », a déclaré Louise Beaudouin, interrogée par L’Orient-Le Jour en marge de la 18e session de la Conférence ministérielle de la francophonie. Dont elle a été, comme d’habitude, l’une des stars malgré quelques petits soucis liés à la politique interne au Québec. Les enjeux de cette ministérielle ? « Il y a des décisions importantes qui doivent être prises. Sur la constitution et la présidence de deux groupes de travail ; l’un sur la diversité culturelle, l’autre sur la réforme des instances. Sans oublier la Côte d’Ivoire. Il est impératif que la francophonie fasse plus que des déclarations. Il faut faire. » Louise Beaudouin n’est pas du genre à abonder dans les autosatisfactions. Mais en ce qui concerne les deux commissions, elle estime qu’il faut reporter le vote, surtout en ce qui concerne la présidence, souligne que la décision ne peut pas se faire sans le nouveau SG. « Est-on en mesure d’imposer au futur secrétaire général la présidence de chacun de ces groupes de travail ? », se demande-t-elle. Et nous avec. On parle du Vietnam pour présider le groupe consacré à la diversité culturelle. Louise Beaudoin dit qu’elle n’est pas contre, mais rappelle qu’Hanoï avait mis, au cours du Sommet de Beyrouth, un bémol assez clair en ce qui concerne les sanctions éventuelles qu’aurait infligées la famille francophone à celui ou ceux de ses membres qui auraient violé, dans l’esprit ou dans la lettre, la déclaration de Bamako. C’est justement par rapport à cette question de la diversité culturelle que la ministre québécoise est sacrement remontée. Contre les pays francophones qui auraient fait des offres de libération à l’OMC, alors qu’ils ont ratifié à Beyrouth une convention les en empêchant. Remontée contre ce qui décrédibiliserait la francophonie. « À Bruxelles, Michel Rocard m’apprend qu’il y a deux pays fortement attirés par l’Europe et par l’Otan, et qui auraient succombé aux chants de sirènes américains. » Lesquels américains auraient mis comme condition la promotion par ces deux pays de la libéralisation de la culture. Un des deux pays, confirme Louise Beaudouin, serait la Roumanie. Qui aurait accepté, avant de signer la convention de Beyrouth. Par contre, là où elle « reste de glace », c’est lorsqu’il s’agit du développement des relations entre la francophonie et les organisations internationales. « Il ne faut pas trop s’éparpiller. Par contre, c’est avec les grandes aires linguistiques que nous nous devons de développer de fortes relations. Avec les hispanophones, les arabophones, les lusophones… Il faut que la francophonie se concentre le mieux possible. » Ce qui la rend heureuse ? Soutenir, marteler, comme en écho aux mots de son ami Ghassan Salamé, que la francophonie est cet « espace où la notion marchande et la notion militaire n’ont pas la prépondérance qu’elles ont ailleurs ». Et elle est « très à l’aise » avec la confirmation, jour après jour, d’une plus grande politisation de la francophonie. « Dans tous les cas, il y a une très grande complémentarité entre la coopération et la dimension politique ». Ses combats, ses priorités, aujourd’hui, c’est-à-dire quelque deux mois après le Sommet de Beyrouth ? « La diversité culturelle, et le combat que nous allons mener à l’Unesco au printemps. Et puis l’instauration de cet espace politique, désimprégné de commerce et de militarisation, et qui favoriserait l’émergence d’un autre type de relations internationales. Qui serait, notamment, exemplaire au niveau des rapports Nord-Sud. Pour que ces relations soient vécues autrement qu’un rapport de force, qu’elles soient plus égalitaires. » C’est une utopie. « Un peu oui. Mais il n’y a que les rêveurs qui réussissent à réaliser leurs rêves. » Une meilleure politique de coopération Sud-Sud est indispensable, non ? « Oui. Ce n’est pas suffisamment présent. L’Agence de coopération essaie de redynamiser tout cela. Dans le domaine de l’audiovisuel ou celui des nouvelles techniques de l’information. Mais la francophonie n’a pas toujours les moyens de ses ambitions. Nous-mêmes, au Québec, qui sommes le troisième contributeur, nous sommes aussi coupables. La francophonie ne peut pas tout faire toute seule, il faut diviser les tâches. Il y a la Banque mondiale, la Banque africaine pour le développement, la Banque européenne, etc. Qui pourraient se concerter pour que toutes les langues, toutes les cultures, soient présentes sur le Net. Nous, nous nous occuperons de l’accessibilité et du contenu. Ce programme existe. » Et Louise Beaudoin sourit. Assume ses mots.
Lausanne, de notre envoyé spécial Ziyad MAKHOUL Tout le monde le sait désormais : la pétulante et intransigeante ministre québécoise des Relations extérieures, Louise Beaudouin (Jacques Chirac l’appel « Louise », et la félicite pour son combat quotidien en faveur de la francophonie) n’a pas la langue dans sa poche. « Le fait qu’Abdou Diouf (le nouveau secrétaire...