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Actualités - OPINION

Inquiet des menaces contre l’Irak, Beyrouth mise sur la solidarité arabe

Un dirigeant local ne cache pas qu’à l’instar des gouvernants arabes, une triple question l’obsède : la frappe US contre l’Irak aura-t-elle bien lieu ? Quand ? Quelles en seraient les conséquences ? Il souligne que multiples réponses possibles à ce stade sont, en fait, autant de spéculations sur lesquelles on ne saurait édifier une position arrêtée. À son avis, dans tous les cas de figure envisageables, une première nécessité s’impose d’elle-même : il faut consolider le front intérieur sur tous les plans, politiques, économiques et sécuritaires. Pour que le pays puisse parer à toute éventualité. De même, poursuit ce pôle, il est plus que jamais indispensable de voir les pays arabes se solidariser vraiment, adopter une même ligne. Afin de tenter d’empêcher le coup US contre l’Irak. Ou d’en limiter les dégâts, si l’attaque devait survenir. Dans cette optique, la personnalité citée déplore la récente reprise de la polémique entre l’Irak et le Koweït. Une dispute qui risque d’avoir un impact négatif sur la prochaine réunion de la Ligue au niveau ministériel, comme sur les travaux du comité de suivi arabe. Cette crainte paraît d’autant plus justifiée que les gouvernements arabes contemplent passivement le bras de fer entre les deux protagonistes voisins, sans s’interposer pour offrir leur médiation. Le président Hariri a, de même, décrit la phase présente comme particulièrement redoutable. En soulignant que « la confrontation armée ne saurait tourner à l’avantage des Arabes, vu le déséquilibre dans les rapports de force. Mais la soumission, l’aplatissement ne serviraient pas non plus leurs intérêts bien compris ». Quel choix reste-t-il alors ? Pour le Premier ministre, la réponse est simple : « Les Arabes doivent s’assurer une forte présence dans les centres de décision américains. » Du lobbying efficace en somme, pour influer sur Washington et peser sur ses choix. C’est peut-être trop tard. Mais M. Hariri insiste pour que « les dirigeants arabes lisent bien le monde nouveau qui a pris corps à la suite du 11 septembre. » Ce qui revient, sans doute, à leur conseiller de caresser les Américains dans le sens du poil. Ou, à tout le moins, de ne pas les agacer, de ne pas se dresser ouvertement contre eux. Mais ce Liban qui s’étonne de la passivité arabe, se cantonne lui-même dans une attitude de réserve et d’expectative. Du reste forcée, car ses capacités d’action sont notoirement limitées. Beyrouth attend ainsi, sagement, de voir ce que vont produire les efforts diplomatiques destinés à cristalliser une unité des rangs arabes. À travers, notamment, le prochain sommet du Golfe. En espérant qu’au moment où les inspecteurs déposeront leurs conclusions, les Arabes réagiraient solidairement face à l’attitude qu’adopteraient les États-Unis. Qui, auparavant, auront fait savoir ce qu’ils pensent du document justificatif remis récemment par l’Irak sur son arsenal. À ce propos, un diplomate européen relève que Saddam Hussein est parfaitement conscient du fait que les Américains l’attendent au tournant. Qu’il ne doit pas faire de bévue ou de provocation. Ce diplomate pense donc que Saddam ne va pas répéter l’erreur commise précédemment avec les inspecteurs. Dès lors, les USA vont s’ingénier à fabriquer un prétexte de frappe qui soit assez convaincant pour entraîner à leur suite leurs différents partenaires. Le sujet à exploiter, répète cette source, doit être aussi évident que la crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962. On sait qu’alors des prises de vue aériennes avaient décapsulé les démentis de Moscou sur la présence de ces engins, qu’il avait dû retirer de l’île. En tout cas, poursuit ce diplomate européen, la guerre contre l’Irak est certaine, même si l’on n’en connaît encore ni la date ni le prétexte direct. En effet, à son avis, Bush est allé trop loin dans ses menaces pour reculer sans perdre la face. L’un des indices de la guerre, avec les manœuvres militaires US dans le Golfe (simulation dite Regard intérieur), est l’appel de Washington à ses ressortissants dans la région, y compris au Liban, à observer la plus grande prudence dans leurs déplacements. De même, la sécurité rapprochée du personnel diplomatique US a été considérablement renforcée dans tous les pays de la zone. Une contrée où tous les régimes sont inquiets. Ils se demandent en effet si une frappe US contre l’Irak ne va pas donner le coup d’envoi d’une dislocation généralisée de la carte géopolitique. Sa balkanisation éventuelle permettrait aux USA de mieux la contrôler. Au titre de leur lutte contre le terrorisme, tout comme pour mieux préserver leurs intérêts stratégiques, économiques, politiques et financiers. Ce dont Israël profiterait de son côté. Émile KHOURY
Un dirigeant local ne cache pas qu’à l’instar des gouvernants arabes, une triple question l’obsède : la frappe US contre l’Irak aura-t-elle bien lieu ? Quand ? Quelles en seraient les conséquences ? Il souligne que multiples réponses possibles à ce stade sont, en fait, autant de spéculations sur lesquelles on ne saurait édifier une position arrêtée. À son avis, dans...