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Actualités - OPINION

Armistice tacite pour l’opposition

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Et une polémique entre des pôles qui ne sont pas du tout premier rang ne suffit pas pour provoquer une tempête d’été indien. Le fait est que le climat politique d’ensemble est plutôt à la détente. Dans ce sens que l’opposition ne fait plus tellement parler la poudre. Et les loyalistes sont plutôt contents d’entendre Mgr Sfeir soutenir que le bras-de-fer sur la privatisation (du cellulaire) entre Cardahi et le Conseil ad hoc « ne rassure pas du tout les citoyens ». Une satisfaction que justifient, et relativisent en même temps, les menaces qui planent sur la région comme sur ce pays, du double fait des intentions belliqueuses de l’Amérique concernant l’Irak et de l’agressivité croissante que manifeste Israël. La tension engendrée par la partielle du Metn et ses lourdes séquelles en termes de libertés ou de démocratie semble donc retomber. Il était temps car l’exacerbation confessionnelle, sans doute téléguidée, atteignait déjà des pics dangereux. Sans compter qu’une bataille ouverte aurait compromis cette planche de salut économique qu’est Paris II. Toujours est-il qu’aujourd’hui, l’on entend des députés opposants appartenant à Kornet Chehwane affirmer qu’il faut savoir raison garder. En précisant qu’ils comptent réviser leurs positions en fonction des données de l’actualité, tant économique que régionale. Farès Souhaid a indiqué, à l’issue de la visite qu’il a rendue au patriarche Sfeir en compagnie de Samir Frangié et de Mansour el-Bone, que Kornet Chehwane est pour un dialogue qui serait parrainé par le chef de l’État. Cela dit sans plus lier la question à la réouverture de la MTV comme il y a quelques semaines. De son côté, un ministre souligne que dans la même mesure où Paris II prouve qu’au-dehors on ne veut absolument pas d’un effondrement financier du Liban, le retour à la prospérité d’antan ne peut être réalisé que par un gigantesque, un durable effort solidaire de tous les Libanais. En d’autres termes, aide-toi, le ciel t’aidera. Cependant, le Rassemblement parlementaire de concertation ne semble plus aussi chaud pour le dialogue. Son activité se réduit du reste et sa prochaine réunion n’aura lieu que le 11 courant. Des sources informées croient savoir que l’audience envisagée à Baabda et gelée. Et encore plus une visite à Bkerké, d’autant que les relations entre les pôles seraient présentement plutôt tièdes. Mais sans aigreur particulière. Fausse note Par ailleurs, le malheur des uns fait le bonheur des autres. L’inverse est, bien entendu, également exact. La félicité quasi conjugale dans laquelle baignent aujourd’hui les lahoudistes et les haririens de nouveau unis, ou plutôt réunis, agace ainsi beaucoup de politiciens qui ne sont pas tous des opposants déclarés. La grogne qu’on entend dans les salons ébahit quand même le ministre de l’Information, Ghazi Aridi. Qui se demande comment on peut trouver à redire au fait que le Liban ne ploie plus sous le poids de querelles insanes entre les dirigeants. Il ajoute que les mécontents ont l’air de souhaiter un retour à l’infect climat de tension qui régnait auparavant, comme s’ils voulaient la perdition du pays. Qu’en est-il au juste ? Certains parlementaires et même certains ministres font valoir qu’à travers l’harmonie retrouvée entre les présidents, l’on renoue en fait avec les pratiques tant décriées de la troïka. C’est-à-dire que les décisions effectives se prennent dans les apartés entre les hauts responsables, en contournant le Conseil des ministres et la Chambre. Et a fortiori les ministres ou les députés pris un par un, et dont les avis ne sont plus écoutés. Tout ce qu’il leur est permis de faire, c’est d’exprimer éventuellement des réserves par écrit, pour l’histoire, selon l’expression consacrée. Comme ce fut le cas, tout récemment, en ce qui concerne Cardahi et le cellulaire. Les objections des politiciens sont constitutionnellement irréfutables. Mais le système, vicié à la base, ne peut pas fonctionner autrement. L’intérêt immédiat et matériel du pays le commande, surtout dans le domaine économique et financier. Les présidents Lahoud et Hariri, selon leur entourage respectif, tiennent donc tous deux à promouvoir à fond la coordination, la coopération entre les pouvoirs. En prêchant d’exemple. Ils persistent et signent dans la voie qui a accompagné la séance de rabibochage, de lavage des cœurs comme on dit, en mai dernier. Certes, précisent d’une même voix les deux camps loyalistes, des divergences, parfois profondes, subsistent sur nombre de questions. Mais elles sont désormais traitées à tête reposée, sans pointe de défi, dans un cadre de quête commune de solutions consensuelles appropriées. C’est ainsi que la pilule du cellulaire a pu passer, sans débat, malgré les réticences du ministre des Télécommunications. Qu’une polémique, en marge ou d’arrière-garde pourrait-on dire, a opposé au Conseil de la privatisation L’affaire avait en effet été réglée directement entre les présidents Lahoud et Hariri lors du tête-à-tête précédant le Conseil des ministres. Sur le plan économique et financier, il est évident que sans harmonie au sein du pouvoir, Paris II n’aurait pas pu se tenir. Et il paraît douteux que la livre, maintenant renforcée, eût pu résister très longtemps aux pressions causées en grande partie par la zizanie interprésidentielle. On sait en effet que la Banque du Liban avait dû larguer une grande partie de ses réserves en devises fortes pour protéger la monnaie nationale. Aujourd’hui, l’institut central reconstitue avantageusement son stock. Tandis que les marchés commencent à se ranimer grâce à de premiers frémissements de baisse des taux d’intérêt (–2 points). Cependant, répétons-le à la suite de nombreux politiciens, ministres compris, il serait à la longue fortement préjudiciable que les présidents continuent à s’entendre sur le dos des institutions constitutionnelles. Philippe ABI-AKL
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Et une polémique entre des pôles qui ne sont pas du tout premier rang ne suffit pas pour provoquer une tempête d’été indien. Le fait est que le climat politique d’ensemble est plutôt à la détente. Dans ce sens que l’opposition ne fait plus tellement parler la poudre. Et les loyalistes sont plutôt contents d’entendre Mgr Sfeir...