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Actualités - OPINION

Mésentente des politiciens... sur l’entente entre les présidents

Un discours uni, complémentaire. Le président Lahoud assure que l’accord entre les pôles de l’État ne circonvient pas la procédure constitutionnelle, ne contourne pas les institutions, les remplace encore moins. Et s’inscrit comme application du principe de coordination équilibrée entre les pouvoirs, dans le respect de la loi et dans la défense des intérêts comme des droits de l’État. Aussi, le président de la République ne manque-t-il pas de souligner combien la position de ceux qui critiquent l’entente entre les dirigeants est illogique et contradictoire. De son côté, le président Hariri affirme que le chantier du redressement, de la reconstruction va se poursuivre à l’ombre d’une forte unité des rangs au sein du pouvoir. Ajoutant que les parties lésées par cet accord cherchent toujours à pêcher en eau trouble. Au niveau de la caste politique dans son ensemble, les avis sont partagés. Certains conviennent que l’harmonie entre les présidents renforce la stabilité intérieure et facilite l’adoption des projets nécessaires. D’autres y voient une atteinte au rôle des institutions, les dirigeants monopolisant entre eux le pouvoir de décision effective sans ménager le Conseil des ministres ou la Chambre. Le thème est connu depuis des années et porte d’ailleurs un nom générique : la troïka. Qui est porteuse d’un double problème à rebours : si les présidents se querellent, le pays en pâtit, surtout sur le plan économique et financier ; et s’ils s’entendent, les institutions en sont pour leurs frais. En outre, la troïka produit des effets secondaires, ou indirects, que nombre de politiciens dénoncent. Il en va ainsi de la composition de la Chambre qui s’articule autour de trois grands blocs coalisés dirigés par Berry, Hariri et Joumblatt. ce qui donne, à tout coup, une majorité loyaliste qui vote comme un seul homme et écrase tout sur son passage. Même les objections les plus sensées, le cas échéant, ou les positions les plus raisonnables, voire les plus honorables. Ce qui fait que sur un claquement de doigts, la Chambre brûle souvent ce qu’elle a adoré la veille. Cependant, le phénomène n’est pas nouveau. Un ancien député et ministre rappelle que, de tout temps, l’entente entre le chef de l’État et le président du Conseil abrégeait les débats en Conseil des ministres et accélérait l’approbation des projets. Si les ministres concernés n’étaient pas d’accord, ils pouvaient toujours démissionner, on ne les retenait pas. En général cependant, la docilité était de mise. Ainsi, toujours selon ce vétéran, du temps de Fouad Chéhab, avant de gagner la salle du Conseil, nombre de ministres passaient par le secrétaire général pour savoir ce que les présidents avaient décidé d’avance et s’y conformer. Quant au passage obligé par la Chambre, il donnait lieu, le plus souvent, à des arrangements entre le président de la République et le président du Parlement lors de leur entrevue hebdomadaire. Cependant, il y avait toujours place pour l’opposition parlementaire et la majorité n’était pas toujours garantie pour les dirigeants. Par contre, sous l’ancien régime, un désaccord entre les responsables pouvait aboutir au départ précipité du cabinet et au remplacement du Premier ministre. La scène, que cela soit du côté de l’Étoile, au Sérail ou au palais présidentiel, était fréquemment animée, et les jeux n’étaient pas automatiquement faits d’avance, du moins pas toujours. Selon la personnalité citée, pour que les institutions ne soient pas contournées, il faudrait qu’il y ait des ministres résolus, attachés à leurs idées et prêts à démissionner si les décisions concernant leurs départements leur apparaissaient comme inadéquates. Ou alors, il faudrait un gouvernement formé de personnalités suffisamment fortes pour que les présidents ne puissent pas passer allègrement par-dessus leur tête. Émile KHOURY
Un discours uni, complémentaire. Le président Lahoud assure que l’accord entre les pôles de l’État ne circonvient pas la procédure constitutionnelle, ne contourne pas les institutions, les remplace encore moins. Et s’inscrit comme application du principe de coordination équilibrée entre les pouvoirs, dans le respect de la loi et dans la défense des intérêts comme des...